La résilience. Voilà ce qui a caractérisé Yuri Kochiyama tout au long de sa vie. En 2014, elle meurt de causes naturelles, alors âgée de 93 ans. Cette figure incontournable de la lutte activiste américaine fait partie de celles que l’on a trop vite oubliées, ou plutôt auxquelles on ne pense jamais, puisque ignorant même jusqu’à leur existence.

 

Mary Yuriko Nakahara naît en 1921. Elle grandit en Californie, à San Pedro. Pour comprendre son parcours, il faut nous replonger dans son enfance. Partir à la rencontre de celles et ceux qui ont peuplé son passé, pour totalement appréhender la femme qu’elle deviendra plus tard et son « dévouement, des décennies durant, pour la justice sociale ». C’est ce que nous a confié l’historienne Diane C. Fujino, auteure de la biographie Heartbeat of Struggle: The Revolutionary Life of Yuri Kochiyama :

Yuri est une inspiration pour de nombreuses personnes à travers les générations, et en particulier les jeunes en quête de réponses. […] Certain-e-s sont attiré-e-s par sa vision radicale de la démocratie. Elle luttait non seulement pour que l’on se défasse des lois et des pratiques injustes, mais voulait également atteindre la libération la plus totale possible. 

C’est dans sa ville natale que la future activiste fait ses études, à la San Pedro High School et plus tard au Compton Junior College, toujours en Californie. Elle y étudie l’anglais, le journalisme, ainsi que l’art. Elle obtient son diplôme en 1941. Son père étant japonais, il est fait prisonnier juste après Pearl Harbor. Comme nombre de ressortissant-e-s du Japon à l’époque, il est victime de la suspicion générale. En attendant d’établir s’il est une menace potentielle ou non pour la sécurité du pays, il est retenu dans une prison fédérale. Il est finalement libéré mais, malade, il décède le lendemain, le 20 janvier 1942. Yuri a alors 21 ans.

À la suite de ce drame, la famille est déplacée au Santa Anita Assembly Center, dans lequel elle passe plusieurs mois, jusqu’à ce qu’elle soit emmenée dans un autre camp d’internement, à Jerome, en Arkansas, comme quelque 120 000 Japonais-es et Américain-e-s d’origine japonaise. Elle y restera deux ans. Pour Diane C. Fujino, « Yuri était indulgente, dans le sens où elle n’a pas porté comme une sorte d’amertume l’incarcération de son père. Mais elle n’a pas pour autant oublié. Bien qu’elle ne soit devenue active politiquement que deux décennies après les camps d’internement, la déshumanisation et le racisme de cette expérience ont posé les bases de sa compréhension d’autres formes d’injustice ».

Yuri Kochiyama avec des enfants à Camp Jerome, en Arkansas. © Kochiyama collection du Japanese American National Museum

En 1944, Yuri déménage dans le Mississippi pour aider à la gestion d’un centre de l’USO (United Service Organizations), une organisation qui aide l’armée américaine. C’est là qu’elle fait la rencontre de son futur mari, Bill Kochiyama, un soldat, également nisei, c’est-à-dire un enfant de la première génération d’immigrant-e-s japonais-es aux États-Unis. Ils se marient deux années plus tard, pour ensuite emménager à Harlem, à New York. Ils auront six enfants.

 

Harlem : à l’orée de son activisme radical

L’engagement des Kochiyama est connue de tou-te-s à Harlem. Yuri et son mari reçoivent en continu des visiteurs et visiteuses. Toute la semaine, ils ouvrent les portes de leur maison aux militant-e-s. Certain-e-s racontent que des pages de journaux étaient accrochées aux murs et que les dépliants formaient de petites piles sur la table de la cuisine. Cette vie au cœur des communautés noire et portoricaine a forgé son militantisme, au même titre que l’expérience traumatisante de la mort de son père, et a inspiré ses actions futures :

L’activisme de Yuri a commencé dans le Harlem du début des années 1960. Là-bas, elle a participé aux mouvements asiatiques, noirs et du tiers-monde pour les droits civils et humains, mais aussi aux études ethniques, et a lutté contre la guerre du Viêt Nam, explique sa famille dans Remembering Yuri Kochiyama.

Et la liste ne s’arrête pas là. Entre autres : droits des prisonniers-ères politiques (elle entretenait des relations épistolaires avec beaucoup d’entre eux et elles, car c’était à ses yeux l’une des luttes les plus importantes), droits des Amérindien-ne-s, lutte pour l’indépendance des Portoricain-e-s, pour de meilleures écoles ou encore des rues plus sûres (au cœur du Harlem Parents Committee). Yuri Kochiyama s’est toujours battue pour les minorités : les noir-e-s, les latinos et latinas, les Asiatiques… Et le problème de la polarisation de la société était au centre de son combat.

© Remembering Yuri Kochiyama

En 1977, elle fait partie d’un groupe d’activistes portoricain-e-s qui organise un rassemblement pacifique pour sensibiliser et visibiliser la lutte pour l’indépendance de Puerto Rico. Ils et elles restent sur place durant neuf heures :

Comme dans beaucoup de mouvements des années 1960, l’accent a largement été mis sur l’instauration et le renforcement des coalitions intercommunautaires. Cela a été très important pour les Américain-e-s asiatiques, nous a précisé la scientifique et blogueuse féministe Jenn Fang, puisque ces formes de résistance se sont déroulées lors du passage des Immigration and Nationality Acts of 1965. Ces lois ont rectifié presque un siècle de lois d’immigration excluantes qui concernaient les Asiatiques. Pour Yuri et ses contemporain-e-s, les problèmes de justice et de libération pour les Américain-e-s non blanc-he-s – et surtout les noir-e-s – pouvaient et devaient être considérés par toutes les personnes racisées comme une façon de combattre l’injustice sociale et la suprématie blanche. Elle croyait aussi fortement à la corrélation entre la justice raciale et d’autres formes de travaux radicaux. Sa lutte a consisté à s’opposer à la violence d’État à l’encontre des personnes racisées, aux États-Unis comme à l’étranger.

Pour Yuri Kochiyama, « blesser ou porter préjudice à quelqu’un-e revient à blesser ou porter préjudice à tout le monde ». Et ses actions ont mené à des choses très concrètes, comme la signature du Civil Liberties Act en 1988, et des excuses officielles du gouvernement américain auprès des personnes enfermées dans les camps d’internement durant la Seconde Guerre mondiale. 

© DR

Dans les années 1980, elle s’est essentiellement attaché à faire reconnaître les dommages de ces enfermements. Responsabiliser les institutions en leur faisant admettre ce passé était l’un de ses principaux combats. Elle s’est battue pour rétablir la justice au sens le plus strict du terme, pour obtenir des réparations pour celles et ceux qui ont souffert des décisions des gouvernements, du racisme institutionnalisé, d’une société qui s’est souvent épanouie sur le dos de ses minorités, ce que dénonçait déjà W. E. B. Du Bois bien des années auparavant. Grâce au travail acharné de la militante, des sommes de 20 000 $ ont été accordées à chacun-e des 60 000 survivant-e-s des camps.

 

Malcolm X et l’activisme radical

Au-delà de son histoire personnelle lourde et de son évolution au cœur de Harlem, le moment déterminant dans la vie de Kochiyama a été la relation amicale qu’elle a entretenue avec Malcolm X. 1963, l’année de leur première rencontre, marque également le début de la radicalisation de ses idées. Elle commence à s’intéresser au Black nationalism :

Avant de rencontrer Malcolm X, Yuri se focalisait sur un activisme qui gravitait davantage autour des droits civiques, elle n’avait pas peur de supporter des gens de gauche et des radicaux-ales si elle les voyait aider une communauté. Mais dès qu’elle l’a fréquenté, elle a acquis une perspective internationaliste et s’est focalisée sur des problématiques liées à la terre et la décolonisation. Elle a moins travaillé sur l’intégration dans la société, et plus sur l’autodétermination des communautés et des gens afin de construire des institutions et des communautés alternatives avec l’abolition democracy, nous a précisé Diane C. Fujino.

Les deux activistes entretiennent une correspondance écrite, et la famille Kuchiyama a même reçu Malcolm X chez elle. Une relation qui a comme conséquence d’attirer l’attention du FBI : la militante se voit nommer « red chinese agent » dans les fichiers du service fédéral (elle aura aussi le doux surnom de « ring leader of black nationalism »). « J’admire ce que vous faites », confie-t-elle au militant lors de leur première entrevue, « mais je ne suis pas d’accord avec certaines de vos idées ». Quand il lui demande lesquelles, elle lui en donne une : « Votre position dure concernant l’intégration. » Lorsqu’il faisait partie de l’organisation Nation of Islam, Malcolm X pensait en effet que l’intégration des noir-e-s dans la société blanche était illusoire. Pour lui, le racisme profond de l’Amérique avait des conséquences réelles et irréparables, à l’origine des différences entre les gens. Il a longtemps été contre l’intégration, mais a fini par revoir son positionnement en 1964, quand il a quitté Nation of Islam. Un sujet central à l’époque et qui marquait un véritable désaccord entre lui et Yuri.

Malcolm X, le 16 février 1965, à Rochester, New York. © Michael Ochs Archives/Getty Images

Les années 1960 sont aussi témoins de la croissance lente, mais continue, de l’Asian American movement. Les activistes veulent faire reconnaître le racisme institutionnel qui touche les Asiatiques aux États-Unis : « Le “yellow power movement” a largement été inspiré par la problématique autour de l’identité personnelle des Américain-e-s asiatiques. Le mouvement a mis l’accent sur la psychologie car ces derniers-ères subissent de graves crises psychiques dues au fait de devoir être “intégré-e-s” à la société américaine2 », explique Amy Uyematsu dans « Emergence of Yellow Power in America » (1969). Pour elle, l’intégration des Asiatiques aux États-Unis est de l’ordre de l’assimilation : « Ils et elles sont devenu-e-s blanc-he-s sur tous les aspects, exceptée la couleur. 3 » « Totalement engagé-e-s dans un système qui les subordonne sur la base d’une non-blanchité, les Américain-e-s asiatiques essayent encore d’obtenir une acceptation totale en niant leur couleur de peau. 4 »

Un constat que semble partager Yuri Kochiyama. Car au-delà de son désir de réunification, via la solidarité du tiers-monde d’un côté, et la Third World Women’s Alliance de l’autre, la question identitaire compte beaucoup pour elle. L’activiste veut rassembler, certes, mais pas au prix de ce que chacun-e est. Combattre côte à côte contre les injustices est une manifestation de solidarité, une reconnaissance du lien entre les luttes, un argument selon lequel « nous ne pouvons accepter les avancées sur le court terme pour notre propre communauté si cela entrave la justice pour d’autres », nous a indiqué Diane C. Fujino. Car si le racisme ne se manifeste pas de la même manière pour tou-te-s, « les mécanismes et l’impact des oppressions structurées sapent le potentiel des individu-e-s et des sociétés pour un développement épanoui des capacités humaines ».

Sur le tournage du documentaire Mountains That Take Wing, réalisé par H. L. T. Quan. © Quadproductions

Pour H. L. T. Quan, professeure et réalisatrice du documentaire Mountains That Take Wing, c’est indéniable, Yuri Kochiyama considérait que sa vie était intrinsèquement connectée aux diverses communautés historiquement oppressées d’Américain-e-s asiatiques, et c’est bien pour cela que son combat dépassait les considérations d’une seule (elle faisait notamment partie de l’Asian Americans for Action, un groupe activiste contre la guerre du Viêt Nam).

Cependant, la cinéaste nous a expliqué que la question de l’appartenance concrète de Kochiyama à l’Asian American movement avait au fond peu d’importance, particulièrement en raison du nombre de communautés qui le composaient, mais aussi de l’invisibilisation constante de leurs revendications, ce qui en estompe les délimitations. À travers son travail avec Malcolm X, Yuri Kochiyama a inclus ces communautés dans la lutte pour la justice sociale, et les Third World movements for independence – en d’autres mots, la lutte pour la décolonisation du monde – ont été la somme de tout cela.

En 1965, Malcolm X est assassiné, sous ses yeux. On la voit sur une photo emblématique du drame, parue dans LIFE, les genoux cloués au sol, la tête du leader entre les mains.

 

L’abolition democracy 

Pour Diane C. Fujino, Yuri « savait qu’une personne ne pouvait être libre qu’à condition que nous le soyons tou-te-s. En cela, elle forgeait ce que W. E. B. Du Bois appelait l'”abolition democracy ». George Lipsitz, professeur d’études américaines à l’université de Californie (Santa Cruz) explique que le 14e amendement de la constitution américaine « reste un symbole durable des accomplissements de la démocratie abolitionniste, qui a mis fin à l’esclavage à l’aube de la guerre de Sécession ». Selon lui, W. E. B. Du Bois « a démontré [dans Black Reconstruction in America] que les esclaves qui avaient lutté pour leur liberté ont rapidement réalisé que [l’abolition], pour autant, ne suffirait pas pour être libres dans une société reposant sur leur exclusion ». La reconstruction des États-Unis passait donc par la prise en compte d’une partie de sa population bafouée, et demandait à ce que celle-ci soit décisionnaire et impliquée. Du Bois mettait en valeur l’importance de son action et son utilité concrète. Une voix dissonante qui a été ignorée par les historien-ne-s, mais qui fait figure de bréviaire pour celles et ceux qui luttèrent et luttent encore pour l’égalité.

W. E. B. Du Bois.

Il était capital pour lui de ne pas laisser aux dominant-e-s l’occasion d’imposer leur loi et de ne pas se laisser dicter une conduite consistant à rentrer dans le rang, se taire et se laisser emporter dans une vie de servitude à la faveur d’un agenda discriminant. La lutte passait par la création d’alternatives. Et il était un ardent détracteur du système capitaliste. « Quel monde aurons-nous lorsque les possibilités humaines seront libérées, quand nous nous découvrirons les un-e-s les autres, quand l’étranger ne sera plus le criminel potentiel et l’indiscutable inférieur », écrivait-il en 1920, dans Darkwater: Voices from Within the Veil. C’est à ce monde qu’aspirait Yuri Kochiyama.

L’activiste, toute sa vie durant, a dénoncé les politiques injustes des États-Unis à l’étranger. Profondément pacifiste, elle prônait l’abolition democracy de Du Bois, mais aussi, et surtout, la réflexion développée par Angela Davis sur le sujet. Sensible à la détresse de l’espèce humaine, par-delà les frontières et les générations, Yuri ne pouvait lutter pour la justice sociale pour certaines personnes et non pour d’autres. En cela, sa justice était universelle et digne.

 

Humaniser les icônes militantes

L’influence de l’activiste est réelle. Et son importance s’exporte bien au-delà de la sphère militante. Son parcours honorable n’est cependant pas exempt de faux pas. On lui a souvent reproché certaines de ses fréquentations, estimées assez douteuses. Elle a par exemple provoqué un tollé après une déclaration très ambiguë sur Oussama ben Laden dans une interview, en 2003. À ce sujet, Diane C. Fujino nous a confié ses réflexions :

Je pense qu’elle formulait une critique de l’impérialisme et du militarisme américains, une critique courageuse pour l’époque. Mais elle était malavisée en apportant son soutien à Ben Laden. Parfois, on considère des personnes comme nos héroïnes et nos héros, on les voit comme ces êtres parfaits qu’elles et ils ne sont pas. Mais si on peut accepter les gens dans leur humanité la plus totale, avec leurs contradictions, leurs erreurs et leurs défauts, alors on peut prendre comme sources d’inspiration et d’admiration des gens tels que Yuri. Tout en reconnaissant que nous avons nous-mêmes besoin de créer ce changement que nous voulons voir dans le travail.

© DR

La biographe soulève donc une question intéressante concernant l’idéalisation des militant-e-s historiques, de celles et ceux que l’on admire sans pouvoir admettre une fissure dans le miroir qui reflète leurs luttes. Reconnaître et parler de leurs faux pas diminue-t-il réellement l’impact qu’elles et ils ont eu pour l’avancée des causes sociales ? Aux côtés de Yuri Kochiyama, on peut ajouter des personnages aussi adulés que Gandhi. Et parfois, cette iconisation mène à des cas comme celui de mère Teresa, finalement loin de la figure de sainteté connue de tou-te-s.

La documentariste H. L. T. Quan nous a explicité la position de l’activiste : « Je pense qu’elle s’inscrivait dans une tradition plus démocratique, c’est-à-dire l’histoire vue d’en bas. Donc en réalité, je ne suis même pas sûre qu’il soit juste de la qualifier d’héroïne. Cette caractérisation n’est pas nécessaire et n’aide en rien à la compréhension de son travail. Yuri était humble et modeste, on ne peut lui attribuer ce que les personnes décident de faire d’elle. Autrement dit, elle serait probablement consternée d’apprendre que des gens “l’idéalisent”. Si je suis bel et bien convaincue qu’il faut honorer son travail et reconnaître sa contribution, je ne pense pas que nous ayons besoin pour cela d’embellir la réalité. »

 

Les mêmes combats, encore et toujours

Les mouvements civiques des années 1960 ont énormément aidé la société américaine à progresser. Yuri Kochiyama y a contribué. Pourtant, la lutte perdure. Finalement, ce que critiquait avec courage cette femme qui n’a jamais eu peur de s’exprimer est toujours d’actualité : la violence institutionnelle et raciste existe encore, les oppressions demeurent, la politique capitaliste, militariste et guerrière des États-Unis est plus que jamais une réalité. Et elle se manifeste notamment dans l’élection d’un suprématiste blanc en la personne de Donald Trump. Pour beaucoup, les choses se sont déplacées :

Nous sommes des millions à être de nouveau esclavagé-e-s. On détourne le regard des horreurs qui se passent au niveau national. Mais nous y participons, à la manière des esclavagistes, puisque nous consommons des produits et élisons des politiques, et sommes complices en permettant ce système, a expliqué Ava DuVernay, réalisatrice du documentaire 13th, au New York Times.

Yuri Kochiyama lors d’un rassemblement pacifiste à Central Park, New York, vers 1968. © Famille Kochiyama / UCLA Asian American Studies Center

Cinquante ans après le Black power, les combats sont-ils toujours les mêmes ? En fin de compte, la critique de la pensée postcoloniale continue de dénoncer ce qui peuplait déjà les écrits de W. E. B Du Bois, il y a quatre-vingt-seize ans. Les pensées colonialistes, néocolonialistes et impérialistes font encore partie des fondations de l’Occident. Les luttes sont bel et bien actuelles : le racisme institutionnel, la suprématie blanche, le vol des terres indigènes, les politiques militaristes des États-Unis, l’incarcération massive des minorités, la peine de mort.

Yuri Kochiyama représentait un mouvement complexe, multiculturel, mouvant, qui pensait les communautés comme un bienfait, leur solidarité comme une vertu. Où la résistance se faisait ensemble, avec l’autre, et non contre l’autre :

Je crois à la liberté pour tous les humain-e-s. Qu’ils et elles aient l’espace pour étendre leurs bras et leur âme, le droit de respirer et le droit de voter, la liberté de choisir leurs ami-e-s, de profiter du soleil, de voyager en train, non maudit-e-s par leur couleur : pensant, rêvant, travaillant comme ils et elles le veulent dans le royaume de Dieu et de l’Amour5, écrivait Du Bois dans Darkwater: Voices from within the Veil.

C’est à cet appel à la liberté qu’a répondu Yuri Kochiyama des années durant. À ses yeux, il était indispensable de lutter contre le nationalisme américain, contre les guerres menées à l’étranger. Et en 2017, il semble qu’elle ait laissé aux nouvelles générations de quoi poursuivre ses combats. Encore aujourd’hui, sa voix résonne : « Sors et dis la vérité partout où tu vas. 6 »

 


What a world this will be when human possibilities are freed, when we discover each other, when the stranger is no longer the potential criminal and the certain inferior!

The yellow power movement has been motivated largely by the problem of self‐identity in Asian Americans. The psychological focus of this movement is vital, for Asian Americans suffer the critical mental crises of having “integrated” into American society.

They have become white in every respect but color.

Fully committed to a system that subordinates them on the basis of non-whiteness, Asian Americans still try to gain complete acceptance by denying their yellowness.

I believe in Liberty for all men; the space to stretch their arms and their souls; the right to breathe and the right to vote, the freedom to choose their friends, enjoy the sunshine and ride on the railroads, uncursed by color; thinking, dreaming, working as they will in the kingdom of God and love.

Go out and tell the truth everywhere.