Fin de semaine, début d’automne, les extrêmes aiment à se plaire le temps de quelques chansons. Découvrez notre playlist de rentrée qui, bien que tardive, saura consoler les oreilles les plus tristes. 

 

Pour ceux qui préfèrent Spotify, c’est par là.

 

Il y a longtemps que je n’ai pas vu les mouvements qui animent doucement les plis de ton visage. J’ai devancé l’hiver, là, tout près du cœur. C’est une bêtise que de croire à l’immuabilité de tes expressions, pourtant figées à jamais dans le hangar froid de ma cornée. Ton visage, c’est une discussion silencieuse. Ton visage, comme mille silences qui s’éveillent. Ton visage, posé sur le bout de mes doigts, doucement penché sur la longueur de mes phalanges, et ta peau chaude qui cherche la déchirure de mes ongles. Je pense à toi, si souvent. À ton visage, infiniment.

Annabelle Gasquez

 

Seconde nature

II

Toutes les larmes sans raison
Toute la nuit dans ton miroir
La vie du plancher au plafond
Tu doutes de la terre et de ta tête
Dehors tout est mortel
Pourtant tout est dehors
Tu vivras de la vie d’ici
Et de l’espace misérable
Qui répond à tes gestes
Qui placarde tes mots
Sur un mur incompréhensible

Et qui donc pense à ton visage ?

Paul Éluard, Capitale de la douleur, Gallimard, p. 178.

 


Image de Une : Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution, réalisé par Jean-Luc Godard (1965)