Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • « Il est devenu impossible d’avoir un désaccord raisonnable sur les questions de genre », discussion avec la youtubeuse ContraPoints : à  lire, une interview de la youtubeuse Natalie Wynn, plus connue sous le pseudo ContraPoints, dans laquelle elle évoque la « cancel culture » et ses conséquences. Natalie est critiquée par une partie de la communauté queer pour sa manière d’aborder, avec recul et tolérance, de nombreux sujets controversés, comme « les incels, l’usage des pronoms en milieu queer, la dysphorie de genre », etc. Selon elle, « l’idée d’une supériorité morale absolue fait partie de la cancel culture. Non seulement on diabolise autrui, mais on a tendance à avoir trop confiance en notre propre vertu, et à ne pas voir l’intolérant qui se trouve en chacun de nous ». [NEON Mag]
  • Culture du viol chez Aides, 15 salariés de l’ONG brisent l’omerta : l’association de lutte contre le VIH Aides a fait l’objet de graves révélations. StreetPress a réuni dans cet article des témoignages qui racontent des « faits très problématiques et répétés […] : agressions sexuelles, absence béante de culture du consentement, climat de travail sexualisé… » Sous couvert de sociabilité festive, ces agressions ont été banalisées. Un ancien salarié explique : « Une main aux fesses ou des avances sexuelles lors d’un congrès ou d’une assemblée régionale est considérée comme une reconnaissance et une acceptation dans la grande famille Aidienne. » [StreetPress]
  • Irene, terreur féministe : « Le female gaze est forcément politique » : entretien avec Irene, militante et autrice de La Terreur féministe. Pour elle, étudier « la violence faite par les femmes » est important, notamment pour enrichir « l’iconographie féministe ». Cette dernière est encore « très blanche, bourgeoise et “commode”. Il faut la compléter en y ajoutant des femmes racisées, pauvres, plus révolutionnaires et de gauche : des femmes qui ont employé d’autres méthodes que celles qu’on a tendance à nous apprendre ». Irene aborde également les sujets du « militantisme Instagram » et de son engagement au sein d’un collectif de colleureuses. [Manifesto XXI]
  • #MeTooInceste : Trois ans après « #MeToo », des témoignages de victimes d’inceste arrivent par centaines : dans la continuité du mouvement #MeToo, les témoignages au sujet de l’inceste se font de plus en plus entendre, en particulier avec l’apparition du #MeTooInceste, avec lequel de nombreuses victimes ont eu le courage de témoigner sur les réseaux sociaux. Si certain-e-s militant-e-s travaillent sur ce sujet depuis longtemps, c’est la sortie du livre La Familia Grande de Camille Kouchner, début janvier 2021, qui a permis une prise de conscience à une échelle plus importante. Le sujet est difficile, mais il est essentiel de briser ce tabou quand on sait que « 165 000 enfants sont violés chaque année en France [et que] 3 enfants par classe seraient victimes d’inceste ». [Le HuffPost]
  • Entre féministes et masculinistes, les réseaux sociaux ont choisi leur camp : la journaliste Titiou Lecoq revient sur la censure de plusieurs comptes Twitter et Instagram qui avaient publié la question : « Comment fait-on pour que les hommes cessent de violer ? » Cette censure est probablement due aux signalements par des internautes, car « les réseaux sociaux sont le lieu d’une sorte de guérilla numérique » pour laquelle « les masculinistes sont mieux organisés ». Effectivement, dans le militantisme féministe, « on a l’habitude de se battre pour faire entendre nos voix, pas de chercher à silencier d’autres voix, même celles de ceux qui veulent nous faire taire ». [Slate.fr]

 

Dans la bibliothèque et les oreilles de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : Quoi ? Chattologie [un essai menstruel avec des dessins dedans]. Par qui ? Louise Mey (« celle qui dit les mots où y a pas de dessin ») et Klaire fait Grr (« celle qui dit les mots où y a des dessins discutables »). Pourquoi on t’en parle ? Au départ, il y avait le seule-en-scène du même nom. C’était formidable, mais malheureusement pas accessible à tou-te-s. Alors, qu’à cela ne tienne, les deux femmes ont décidé de transformer leur conférence rigolote et pédagogique en un ouvrage, mi-essai mi-BD, tout aussi drôle et instructif, avec encore plus de contenu ! Si elles y parlent en long, en large et en travers des règles – de la ménarche aux protections menstruelles, en passant par le sang bleu des publicités et le syndrome prémenstruel –, elles abordent aussi les violences gynécologiques et obstétricales, l’éducation, l’accès aux soins… Sans jamais oublier que ces problématiques peuvent aussi bien concerner les personnes transgenres et non-binaires que les femmes cis, et que les difficultés et discriminations sont exacerbées quand elles touchent les personnes racisées, LGBTQIA+, grosses, handicapées… Ce qui donne un ouvrage accessible et inclusif, avec des explications sourcées, des tas d’exemples et des blagues ! Résultat, on apprend, on s’amuse, on s’énerve, on se détend, et on recommence. On croit bien que c’était exactement ce que voulaient les deux autrices… Un livre d’utilité publique, à mettre en évidence sur son étagère ou à laisser traîner aux toilettes. Pour en savoir plus : rends-toi dans la librairie ou la bibli la plus proche de chez toi !

  • Passion podcasts, l’émission à écouter cette semaine : depuis que les êtres humains savent communiquer, les mythes, les idées reçues, les fausses informations et les arnaques existent. Et depuis tout aussi longtemps, certaines personnes y croient dur comme fer, alors que d’autres tentent de débunker tout ça et d’exposer la vérité. C’est ce que font l’autrice Aubrey Gordon et le reporter Michael Hobbes dans leur podcast (en anglais) Maintenance Phase ! Toutes les deux semaines, le duo consacre une heure à exposer et explorer de fond en comble les nouveaux régimes et aliments à la mode, les idées reçues sur l’activité physique, des personnalités ou des émissions populaires qui promeuvent des messages mensongers et grossophobes, et nous racontent l’histoire de produits comme la célèbre Snake Oil. Le marketing aime nous faire croire que nous avons constamment besoin de choses plus nouvelles et plus belles, pour nous rendre toujours « meilleur-e-s ». Or, nous n’avons de cesse de rappeler qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on nous dit. Heureusement, des personnes comme Gordon et Hobbes consolident notre esprit critique en nous informant sur la vérité qui se cache derrière beaucoup de déclarations, aussi bien nutritionnelles que médicales ou sociales, lesquelles, bien souvent, ne sont pas très honnêtes. C’est informatif, c’est drôle, et c’est un mardi sur deux sur toutes les applications de podcast !

 

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