Rencontre filmée avec la photographe Hélène Jayet, avec laquelle nous avons parlé de son projet « Colored Only, Chin Up! », mais aussi de la réalité de son métier lorsque l’on est une femme noire, et de la nécessité de laisser la parole − et l’objectif − aux concerné-e-s.

 

Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Montpellier, Hélène Jayet a ensuite finalisé sa formation entre design et photojournalisme, notamment au sein de l’école Image ouverte.  Il est facile de voir beaucoup de sa personnalité, de ce qui l’anime, au cœur de sa photographie. Il y a une grande part d’intimité dans son esthétique, mais aussi de fierté et d’authenticité. Exposée à Amsterdam, Bamako et Bruxelles, Hélène Jayet fait montre d’une ténacité à toute épreuve face aux difficultés liées à son métier. Un métier qui n’a que peu de considération pour l’engagement militant, particulièrement quand celui-ci est initié par des femmes.

À travers ses diverses créations, Hélène Jayet tente d’interroger les mécanismes de nos sociétés et la diversité des individu-e-s qui les composent, que ce soit en questionnant la mémoire ou l’identité. Depuis plusieurs années, la photographe explore le sujet de l’adoption dans sa série « Adoptés », une situation qui la touche personnellement. Elle y met en images la construction du récit, de la transmission, mais insiste aussi sur la réappropriation de la narration par les concerné-e-s. Sa vision de l’adoption est intime et sociale à la fois. Cette série fait d’ailleurs écho à une autre, « Ravages », dans laquelle elle envisage visuellement les retranchements du souvenir en présentant des lieux de mémoire.

Lors de notre rencontre, Hélène Jayet a voulu nous parler de son projet « Colored Only, Chin Up! », pour lequel elle a « arpenté le 10e arrondissement de Paris en quête des coiffures les plus folles ». Depuis 2009, l’artiste immortalise les volontaires et leurs cheveux afro, sous toutes leurs formes :

L’idée de « Colored Only » est vraiment de renverser pour une fois la position des personnes blanches. À ce moment-là, elles deviennent racisées, alors que nous, c’est notre quotidien.

Au début, il s’agissait d’une sorte de studio de photographie ambulant, mais peu à peu, le projet a grandi et s’est installé dans des concerts et divers événements culturels. « Colored Only » a pris sa place. Par sa démarche, Hélène Jayet essaye de créer une réaction dans l’espace public. En interpellant les gens directement par le happening, elle questionne autant qu’elle bouscule, et ce, pour de bonnes raisons.

« Colored Only, Chin Up! », 2016. © Hélène Jayet

Retrouve toute l’actualité de « Colored Only, Chin Up! » sur Facebook et Instagram. Pour l’actualité d’Hélène Jayet, rendez-vous sur son site officiel, sa page Facebook et son compte Twitter ! Elle collabore avec l’agence Signatures depuis 2012, et en est membre depuis 2015.

 

Pour voir son travail :

Occupied Studio #4, du 19 au 23 février 2018

« L’atelier Occupied Studio propose de questionner le portrait et l’image de soi en utilisant le studio photographique comme laboratoire d’expérimentation sociale. Occupied Studio est un studio photographique ludique qui explore les codes de la photographie. En laissant faire le hasard, et survolant l’histoire de la photographie ou en préparant des mises en scène, le but est de s’inspirer d’une mémoire commune de l’image pour créer des décalages drôles et poétiques. L’objectif est de trouver ensemble des thématiques et de les explorer, de les “mettre en scène”, de trouver les techniques et le matériel les plus appropriés pour créer collectivement des œuvres photographiques de qualité, et de questionner le processus de création. Il sera possible à chacun d’expérimenter et de traiter son sujet individuellement, de travailler de manière sérielle ou pas, dans un esprit collaboratif et décomplexé. »

  • Étudiant-e-s boursiers-ères : 30 €
  • Étudiant-e-s non boursiers-ères : 50 €
  • Inscription obligatoire (places limitées)

Salle Trioletto, 75 avenue Augustin Fliche, à Montpellier.

 


Cette interview a été réalisée dans le cadre du concours photo « Femmes citoyennes ».