Le 31 mars 2016, le Grand Palais de Paris proposera une rétrospective de l’œuvre du photographe malien Seydou Keïta (1921-2001). Pour nous faire patienter avant ce solo mérité et tant attendu, vingt-six de ses clichés sont actuellement exposés à la Maison Rouge à l’occasion de l’exposition « Après Eden ».

 

Seydou Keïta était autodidacte. Très vite, dans sa jeunesse, il se spécialise dans l’art du portrait, dans lequel il excelle, et ouvre son premier studio photo en 1948. À l’époque, tout Bamako s’y presse pour se faire photographier. Seul, en couple ou en famille.

Seydou Keïta photographie à la lumière du jour et, pour des raisons économiques, ne fait qu’une seule prise de vue pour chaque portrait. La photographie en extérieur nécessite une grande maîtrise de la lumière, mais son vrai talent réside dans sa façon de placer ses sujets pour capturer la bonne expression pendant cette unique prise de vue : 

La technique de la photo est simple, mais ce qui faisait la différence, c’est que je savais trouver la bonne position, je ne me trompais jamais. Le visage à peine tourné, le regard vraiment important, l’emplacement des mains… J’étais capable d’embellir quelqu’un. À la fin, la photo était très belle. C’est à cause de ça que je dis que c’est de l’Art. (Propos de Seydou Keïta recueillis par André Magnin, marchand d’art africain contemporain.)

Les sujets sont mis en scène avec grâce par le photographe, sans qu’il ne leur ôte leur spontanéité. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, tous ces visages sont les témoins du Bamako des années 1940 aux années 1960. Le dépouillement des photographies de Seydou Keïta (des tissus imprimés tendus derrière les clients constituent le seul décor) laisse toute leur place aux personnes, à leur beauté singulière.

L’Occident n’a malheureusement découvert le travail du photographe, considéré aujourd’hui comme le père de la photographie africaine, que dans les années 1990. Cela dit, en France, la première exposition personnelle de Seydou Keïta a eu lieu en 1994 à la Fondation Cartier, fondation d’art contemporain privée.

La rétrospective à venir est d’autant plus importante qu’il est rare, même de nos jours, de voir un artiste africain faire l’objet d’une exposition monographique de cette ampleur au sein d’une institution publique française telle que le Grand Palais. Le bourdonnement de la rumeur médiatique est donc aujourd’hui essentiel, afin de partager et faire découvrir le travail d’un artiste regretté, qui n’aura de son vivant jamais connu la reconnaissance qui lui était due.

En attendant cet événement qui se déroulera du 31 mars au 11 juillet 2016, rendez-vous à la Maison Rouge jusqu’au 24 janvier !

 

 


INFOS :

Exposition Après Eden – Collection Artur Walther

Jusqu’au 24 janvier

La Maison Rouge
10 boulevard de la Bastille
75012 Paris