Loin de toute influence familiale ou amicale, Agnès B. a trouvé sa voie à l’âge de 18 ans dans l’animation, et son inspiration existentielle dans la nature.

 

« Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, mais c’est parce qu’on n’ose pas que c’est difficile»

— Agnès B.

À 18 ans, Agnès B. a tout quitté : famille, ami-e-s, le département des Yvelines où elle est née… Elle s’est « évadée », dit-elle, suivant un amoureux à Toulouse, car elle ne souhaitait pas ce qui l’attendait en région parisienne. Élève brillante, elle était promise à de longues études, à une vie et une ascension sociales « dignes » des regards d’autrui, à un métier « qui fait bien »… Agnès savait qu’elle ne voulait pas d’une telle existence, car elle ne lui correspondait pas. Alors, que faire ?

Agnès part en aveugle. Son amant envolé, elle reste à Toulouse et y fait sa vie à tâtons. Elle n’a néanmoins pas renoncé à étudier. Elle varie les matières (psychologie, biologie, histoire de l’art…) pour trouver sa voie. En parallèle, elle découvre le métier d’animatrice périscolaire en travaillant matin, midi et soir dans un Centre de loisirs associés à l’école (Claé), par tranches de deux heures : « J’ai eu la chance d’avoir des grands-parents qui m’avaient ouvert un compte d’épargne à la naissance. À 18 ans, ces économies m’ont permis de m’installer à Toulouse et de payer mes frais d’université, mais elles ne suffisaient pas à couvrir mon loyer. Ma bourse d’études non plus d’ailleurs. Alors je travaillais au Claé. Parfois, j’enchaînais avec la fac le matin, puis je revenais m’occuper d’enfants à midi, je repartais à la fac et je redevenais animatrice le soir. Et ça m’a portée… Petit à petit, j’ai abandonné mes études pour explorer ce métier. »

Agnès ne se contente pas d’apprendre sur le tas. Fière fille d’enseignante, elle veut faire les choses dans les règles et obtient son Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa). Tentée de reprendre le chemin de l’université, elle suit alors un enseignement à distance de médiation culturelle « pour avoir une licence et parce que le domaine [lui] plaisait ». Et puis finalement non, pas besoin d’une licence pour progresser dans l’animation, mais d’un Brevet d’aptitude aux fonctions de directeur (Bafd) oui, pour devenir responsable de centre. Aujourd’hui, à 27 ans, forte de son expérience de terrain et de son premier diplôme professionnel, Agnès espère obtenir son Bafd prochainement.

Elle reconnaît qu’il ne lui a pas été facile d’en arriver là : « durs moments de solitude et de nostalgie », difficultés à s’extraire « de tout ce que l’on connait pour se créer soi-même », désapprobation familiale qui a provoqué « des conflits mais [qui l]’a obligée à [s]’affirmer »… Heureusement, Agnès a trouvé auprès d’autres personnes le soutien que ses proches lui refusaient. Elle a notamment rencontré une femme qui vit « non pas détachée du monde, mais de manière autonome » dans les Pyrénées. Faire les choses soi-même, se soigner par les plantes, cultiver ses légumes, ne consommer que ce dont l’on a vraiment besoin… « Cette façon de penser m’a ouvert l’esprit et m’a menée là où j’en suis aujourd’hui. Avec mon compagnon, nous allons acheter un terrain et construire notre maison, sans emprunter. Nous voudrions être autonomes en ce qui concerne notre consommation de fruits et de légumes. C’est un vrai choix de vie. »

Agnès reconnaît que ce mode d’existence peut être contraignant et que l’équilibre entre autonomie et plaisir ne va pas toujours de soi, mais elle continue de tracer sa route. Elle a décidé de créer son entreprise et de proposer des interventions dans les écoles sur des thèmes liés à la nature, la préservation de l’environnement et la biodiversité. À terme, elle aimerait bien faire de même auprès d’adultes. Au passage, on apprend qu’Agnès s’y connaît en plantes, puisqu’elle a aussi une formation d’herboriste… Une phrase l’a portée pendant longtemps : « Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, mais c’est parce qu’on n’ose pas que c’est difficile. » Agnès a choisi la difficulté, elle a osé aller voir ailleurs si elle y était et y a pris racine.