Originaire des Yvelines, Max est éducateur spécialisé. Scolarité difficile, réflexion et altruisme font partie de ce qu’il est. Et le jeune homme a bien voulu nous livrer les secrets de son quotidien héroïque.

 

« Travailler dans le social était pour moi une évidence. Même dans les situations les plus difficiles, je continue d’y croire et d’y mettre du sens. » – Max

Adolescent, Max a d’abord tenté de devenir cuisinier. Entré par la petite porte de l’apprentissage à 15 ans, il en ressort vite écœuré par des conditions de travail difficiles. Le temps de trouver sa voie, il est engagé par McDonald’s en tant que chef équipier, puis manager. À peine majeur, il devient ensuite employé fruits et légumes dans une grande surface. Et plus le temps passe, plus il ressent le besoin d’exercer un travail qui stimule davantage son esprit. Grâce à une rupture conventionnelle, il réussit à se financer un bilan de compétences.

Celui-ci révèle à Max son grand intérêt pour le travail social, sans qu’il n’y ait jamais pensé. En y réfléchissant, il comprend alors qu’il appréciait l’aspect relationnel de son activité chez McDonald’s, le fait de côtoyer des gens de tous horizons. Il avait notamment beaucoup aimé travailler avec deux personnes atteintes de handicaps mentaux, qui lui avaient tant appris. « Je leur dois probablement mon envie d’être travailleur social », explique-t-il.

Fort de sa motivation nouvelle, le jeune homme est embauché par un établissement médico-social de travail protégé réservé aux adultes ayant un handicap psychique. Là-bas, une formation de moniteur-éducateur lui est rapidement proposée. Il alterne alors les cours théoriques et la pratique et, une fois diplômé, enchaîne avec une formation d’éducateur spécialisé pour accéder à des missions plus vastes : rédaction de projet de vie individualisé, animation de réunions et de groupes de parole, mise en place de partenariats… En parallèle, il suit divers enseignements pour bien connaître les maladies psychiques et mieux comprendre le public avec lequel il travaille. 

Éduquer, c’est alimenter, nourrir intellectuellement, guider, accompagner… Max découvre toute la richesse de son métier, sa « noblesse ». Grâce à l’initiation à la lecture et à l’écriture, il travaille sur la revalorisation de l’estime personnelle. Quand il organise des visites culturelles ou propose une sortie, chacune d’elles est synonyme de plaisir autant que d’apprentissage : inclusion dans la cité et dans la vie sociale, autonomie dans les transports, gestion des émotions…

Aujourd’hui, Max a 32 ans. Dans un foyer d’accueil d’urgence, il a connu des ados de tous milieux, souffrant de carences affectives et/ou éducatives. Malgré des conditions de travail précaires, contraignantes et globalement difficiles, il a adoré vivre avec ces jeunes. Il s’est également occupé d’enfants et d’adolescent-e-s handicapé-e-s physiques, puis d’adultes ayant un handicap psychique. Il a fini par trouver l’association qu’il cherchait, dans laquelle l’ouverture d’esprit des dirigeant-e-s favorise les échanges au sein de l’équipe, à tous les niveaux. Max travaille actuellement pour l’association Rénovation et intervient dans deux structures.

L’une propose des appartements thérapeutiques à Bordeaux et ses alentours. Les habitant-e-s sont relativement autonomes malgré leurs troubles psychiques. Ils et elles sont accompagné-e-s par une équipe pluridisciplinaire : psychiatres, infirmiers-ères, éducateurs-rices, conseillers-ères en économie sociale et familiale, animateurs-rices socioculturel-le-s… Max, quant à lui, aide ces personnes quotidiennement dans leurs démarches administratives et leurs relations sociales, mais gère aussi rendez-vous médicaux et autres besoins… comme la cuisine : « Ce qui nous paraît simple s’avère souvent très compliqué pour elles », précise-t-il. L’autre structure est un service d’accompagnement à la vie sociale pour des personnes handicapées psychiques dont l’autonomie est plus importante. Il les rencontre une fois par semaine chez elles, dans les locaux du service, ou même en ville (restaurants, lieux culturels…).

Max lutte dans tout ce qu’il fait, et toujours dans le but d’améliorer le quotidien de ces dernières. Il revendique leurs droits à la reconnaissance, la tolérance et l’inclusion. « Les personnes ayant un handicap, quel qu’il soit, se sentent souvent incomprises et se coupent du monde », constate-t-il. Alors, il a appris en formation et au contact de ces gens à se remettre en question en permanence. Il écoute, lit, se renseigne pour tout savoir de leurs besoins et des pratiques de son métier, leur évolution. Curieux, Max ? Oui, curieux de la vie et d’autrui. Et le soir, lorsqu’il rentre, c’est pour son adorable petite fille qu’il se met à cuisiner.