Sans-Valentin

Que sonne à la fin, l’heure des carillons,
qui emportera au loin le plus beau des tombeaux.
Que soit riche le cœur de celui qui aime,
pourvu qu’à la haine, ne reste que l’ardeur.
Que la peur le refrène s’il veut partir toujours,
on ne joue jamais les lâches lorsque l’on joue à l’amour.
Qui peut bien rêver mieux, qui peut rêver si fort ?
Qui peut aimer encore lorsque l’amour est mort ?
Qui peut suffire à l’un lorsque l’autre s’en fout.
Qui peut pleurer en vain lorsque l’autre s’en va.
Que peut-on dire aux siens lorsque le solitaire, à genoux,
le prie de revenir au prix d’un bel avenir.
Qui peut mentir autant, qui peut médire, au vent,
créant des souffles ardents au creux d’un cœur souffrant.
Qui souffre d’amertume, qui doute, qui sifflotant,
se noie dans une écume qu’il boit pourtant, confiant.
À croire que les amours, disons, déchues, dérisoires,
sont les espoirs de tout être qui aime s’entrevoir,
dans les yeux d’un autre, comme dans un miroir,
et y voir refléter un futur étincelant.
Au diable les serments, les promesses, les diamants,
les longues nuits d’allégresse au pied d’un feu ardent.
Les amours meurent toujours le jour où souffle le vent,
parce que les branches cassées ont cessé de faire respirer,
le cœur qui, affaibli, attendait le printemps.

Kells.


Image de une : © Rosemary Danielis