Dans ce nouveau texte confié à Deuxième Page pour notre rubrique « Résilience(s) », Adia raconte un amour, et la douleur quand celui-ci s’achève. Elle te prend dans ses bras pour te dire que tout ira bien, que tu t’en remettras. C’est peut-être ce que tu as besoin d’entendre, aujourd’hui ou demain, pour savoir que tu résisteras. Qu’il y aura, au cours du chemin, la résilience et de nouveaux amours.

 

Tout ira bien, tu verras.

Tu l’as certainement aimé de tout ton être, donné tout ce que tu avais, parce que tu l’aimais et que tu te sentais bien avec lui… Tu étais certainement à l’affût du moindre de ses mouvements, expressions, mots et intonations car tu voulais que rien ne t’échappe. Tout connaître de lui. Tout partager. Oubliant le reste du monde à ses côtés. N’aspirant qu’à être avec lui… Tu as vécu sur un nuage et rempli ton être de cette délicieuse sensation d’être incroyablement vivante, vibrante. De ne l’avoir jamais été auparavant finalement. De sentir, ressentir différemment. De te réjouir de petits riens, de t’émerveiller de grands touts. Tu t’es certainement dit que c’était ça la vie, ressentir à l’intérieur de toi ce truc si doux et puissant à la fois, cette envie que tout s’arrête et continue en même temps, cet indescriptible étourdissement. Tu as fait tout tourner autour de lui et balayer le moindre de tes doutes, la moindre de tes peurs pour qu’elles ne viennent pas ternir cet univers délicatement molletonné que vous aviez créé.

Et puis un jour, les nuages gris, la pluie, les orages sont venus s’immiscer dans ton petit royaume et tout bouleverser. Un orage accompagné d’un ouragan qui emporta tout sur son passage, le soleil, les rires et les sourires et cette douce odeur de muguet… Et lui. Tu es restée là, au milieu de ce champ de ruines, emprisonnée dans un effroyable chaos. Sombre, glacial… L’ouragan t’a secouée, laissant place au vide, à la peur, à la tristesse. Oui, c’est fini… Il ne reste plus que toi maintenant dans ta vie, au milieu de ce paysage sinistré. Toi et tes larmes… Elles apparaîtront à n’importe quel moment, sans que tu les appelles. Elles t’accompagneront, te parleront de toute ta tristesse, ta colère, ton incompréhension… Elles te soulageront aussi. Comme des amies fidèles. C’est dur un chagrin d’amour, je le sais. Tu as construit un monde autour de lui, ce garçon que tu aimais de la pointe de son cheveu au bout de son ongle, et tout s’est écroulé. Ta bulle d’amour a éclaté. Peut-être que tu as commencé à le voir ou pas. Peut-être que tu n’as pas voulu voir. Mais ne t’accable pas. Tu as aimé avec tes tripes, tu as aimé un autre être, de tout ton être et même si aujourd’hui, tu souffres de ne plus l’avoir auprès de toi, il a été présent dans ta vie et tu as vécu ces moments avec lui. C’était réel.

Je les ai connus ces moments. Ces moments douloureux où tu penses que tout s’arrête, que plus rien n’a de saveurs. Que chaque seconde de la vie semble interminable, loin de lui. Ces moments où même si tu es en colère, même si tu peux avoir des pensées pas très louables à son égard, tu as juste envie d’une chose, c’est qu’il revienne et que vous puissiez reprendre là où vous en étiez. Là où le soleil brille et les oiseaux chantent. Là où cette délicate odeur de muguet flotte dans l’air. Parce que tu te dis que c’est ça la vie. Tu chercheras certainement pendant des heures ce que tu as bien pu faire de mal, là où tu as failli, ce que tu aurais dû faire autrement. Tu te diras que tu n’as pas été assez… ou peut-être trop… Tu te blâmeras et voudras essayer de recoller les morceaux. Et tu pleureras, tu pleureras jusqu’à plus soif. Tu mettras chaque jour ce masque et feras des efforts pour continuer malgré ton cœur brisé. Pour que personne ne constate ton immense peine. Car l’afficher ne ferait que l’alourdir.

Tu te diras certainement que les histoires de princes et de princesses n’existent pas. Ou qu’elles existent pour les autres. Je l’ai pensé moi aussi et me suis dit qu’on m’avait menti. Ces histoires de princes et de princesses, c’est des conneries. Car tu es bien plus. Tu es toi, simplement. Ton cœur a vécu ce qu’il y avait de plus beau à vivre au monde. Il a expérimenté l’amour. Ne lui ferme pas la porte. Ce que tu as vécu est un aperçu de ce que tu pourras vivre demain, grandie de ta maturité. Regarde les belles choses que cet amour t’a données. Ce n’est pas fini, ce n’est pas la dernière fois, je t’entends d’ici le dire (car je me le suis dit moi-même…).

Fais-moi confiance.

Je vais te dire une chose… Il n’existe pas de recettes magiques pour sortir de ça. Si j’en avais une, je te la donnerais. Mais je peux te dire pour sûr que tu t’en remettras. Tu t’en remettras grâce à chaque instant où tu te laisseras pleurer parce que tu en as besoin. Tu t’en remettras grâce à tous les moments où tu te diras que tu es une personne extraordinaire, sublimement imparfaite. Tu t’en remettras grâce à chaque instant où tu laisseras la joie, les rires s’infiltrer dans ta vie. Tu t’en remettras grâce à chaque instant où tu t’ouvriras à l’extérieur, tu ouvriras les portes à quelque chose de nouveau, en laissant le passé derrière toi. Tu ne seras pas triste tous les jours, et demain, tout comme moi, tu vivras un nouvel amour. Tu verras.

 


Image de une : illustration spécialement réalisée pour Deuxième Page. © Lana Duval