Au début de tout mouvement social d’ampleur, il peut y avoir des gestes simples, lesquels demandent pourtant un incroyable courage. Le refus de la jeune Claudette Colvin, 15 ans, de laisser son siège à une personne blanche dans les États unis ségrégationnistes en est la preuve. Neuf mois plus tard, en décembre 1955, Rosa Parks suivit l’exemple. Et elle aussi fut arrêtée. Ces actes de désobéissance civile prouvent qu’il n’y a pas de progrès sans la décision collective d’agir. Récit d’une vie militante.

 

« Les gens racontent que j’ai refusé de céder mon siège parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d’habitude à la fin d’une journée de travail. Je n’étais pas vieille, alors que certains donnent de moi l’image d’une vieille. J’avais 42 ans. Non, la seule fatigue que j’avais était celle de céder. » – Rosa Parks dans son autobiographie My Story, écrite avec James Haskins et parue en 1992.

 

Née le 4 février 1913, en Alabama aux États-Unis, Rosa Louise McCauley Parks, dite Rosa Parks, était une militante afro-américaine pour les droits civiques.

Celle que l’on appelle la « mère des droits civiques » a marqué le monde de son empreinte le 1er décembre 1955 lorsque, dans un bus de la ville de Montgomery, elle a refusé de céder sa place à un homme blanc et de se diriger vers le fond du bus, dans la zone réservée aux Noir-e-s. Par cet acte de résistance pacifique, Rosa Parks a tenu tête au système ségrégationniste alors en place. Arrêtée et inculpée pour désordre public, elle a été condamnée à payer une amende de 15 dollars. Dès le jour de son procès, le 5 décembre 1955, un pasteur de 26 ans a initié le boycott des bus de la ville de Montgomery afin d’obtenir la justice sociale. Il s’agissait d’un certain Martin Luther King. Ce mouvement, qui a duré 381 jours, a été suivi par des milliers de personnes qui refusèrent de prendre le bus, se rendant au travail à pied, en taxi ou en voiture. Le 13 novembre 1956, la cour suprême des États-Unis a statué que la ségrégation raciale dans les bus municipaux était anticonstitutionnelle.

Cet épisode a fait de Rosa Parks une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale. Pourtant, la militante n’a pas attendu 1955 pour s’engager, et son combat ne s’est pas arrêté là. À partir de 1943, elle est devenue la secrétaire et la responsable des jeunes au sein de l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP). Elle a participé aux marches de Selma en 1965, à la Million Man March en 1995 et s’est engagée contre l’apartheid en Afrique du Sud. En 1987, elle a fondé le Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development afin d’encourager les jeunes à servir la communauté.

Après son décès, le 24 octobre 2005, son corps a été exposé dans la rotonde du Capitole pour un hommage public. Elle a été la deuxième personnalité noire et la première femme à recevoir cet honneur. Rosa Parks est une icône du combat contre le racisme. Par son geste inoubliable, nécessaire et incroyablement courageux, elle a contribué à tracer le chemin vers la liberté et l’égalité pour tou-te-s.

 


Cet article a été originellement publié sur la page Facebook de Deuxième Page, en 2018, dans le cadre de la série de portraits courts « The F-World » à l’origine créée uniquement pour les réseaux sociaux.