Au début du XXe siècle, Anita Stewart était une figure incontournable du septième art. Actrice mais aussi productrice, elle a participé au développement du cinéma muet. « The F-World » fait enfin sortir cette artiste de l’ombre, dont la présence et le talent ont bien longtemps illuminé les salles obscures.

 

« Tout le monde dit, tu sais, d’une position comme la mienne : “Oh, Anita Stewart a absolument tout !” Mais je pense que tout le monde a quelque chose d’important qui les retient, une douleur immense ou une épreuve. *» – Anita Stewart dans The Los Angeles Times, 5 janvier 1919.

 

Anita Stewart – de son vrai nom Anna May Stewart – est née le 7 février 1895, à Brooklyn, aux États-Unis. Cette actrice du cinéma muet est aujourd’hui incroyablement méconnue. Plus surprenant encore (pas vraiment), peu de gens savent qu’elle était aussi productrice !

C’est en 1911 que débute sa carrière, alors qu’elle est lycéenne. Le septième art, qui voit le jour en même temps qu’elle, est à son commencement. Anita Stewart est une pionnière, et l’une des premières actrices à obtenir une reconnaissance du public semblable à nos stars actuelles. Idole des adolescent-e-s, la jeune femme de 16 ans fait la démonstration de son talent dans des films très populaires comme A Tale of Two Cities (1911) ou The Wood Violet (1912). Elle tourne aussi pour la réalisatrice Marguerite Bertsch – également scénariste – dans The Glory of Yolanda (1917), avec Maibelle Heikes Justice au scénario.

Anita Stewart a l’un des visages les plus immanquables du cinéma muet. Elle joue parfois aux côtés de Rudolph Cameron, son mari, dans des longs-métrage pour Vitagraph, la société de James Stuart Blackton et Albert E. Smith plus tard rachetée par Warner Bros.

En 1918, alors âgée de 23 ans, Anita Stewart décide de quitter Vitagraph pour signer un contrat avec Louis B. Mayer, lui permettant ainsi d’avoir sa propre société de production au sein des studios Mayer à Los Angeles, la Anita Stewart Productions. Entre 1918 et 1922, elle produit sept films plus ou moins bien accueillis. La productrice est dévouée à son travail et présente sur tous les tournages de ses films. Pianiste talentueuse, elle écrit par ailleurs les paroles et la musique accompagnant la sortie, en 1919, de La Baigneuse inconnue et de La Tache originelle.

Quand la journaliste Grace Kingsley décrit sa rencontre avec Anita Stewart dans sa chronique consacrée au septième art, parue dans les colonnes du Los Angeles Times du 5 janvier 1919, elle utilise ces mots : « Lorsque vous parlez avec elle, vous percevez une facilité, une douceur et une impression de simplicité féminine (girlish unsophistication, ndlr), et vous ressentez que sous tout cela, il y a une énorme volonté. En effet, la facilité et la douceur sont présentes grâce à ce sentiment de puissance même ».

Ses activités de productrice ne l’empêchent en rien de continuer sa carrière de comédienne… jusqu’à l’arrivée du parlant au cinéma. Ce dernier est pour de nombreux-ses acteurs et actrices de l’époque une transition impossible. Anita Stewart prend donc sa retraite à la fin des années 1930. À noter qu’en en 1935, elle publie aussi un livre de fiction en lien avec Hollywood, The Devil’s Toy. Rien ne l’arrête.

Surnommée l’« actrice la plus délicate de l’Amérique », et n’échappant pas à la réduction des femmes à de charmantes et délicates petites choses, la comédienne était pourtant bien plus qu’un joli minois : elle savait chanter, jouer du piano et la comédie, écrire et gérait sa boîte de production d’une main de maître. Durant son existence, elle a participé à quelque 100 films. Anita Stewart est morte le 4 mai 1961 d’une crise cardiaque, en Californie. Et le monde l’a aujourd’hui oubliée.

 


* Tous les extraits de l’article ont été traduits par nos soins.


Cet article a été originellement publié sur la page Facebook de Deuxième Page, en 2018, dans le cadre de la série de portraits courts « The F-World » à l’origine créée uniquement pour les réseaux sociaux.