Liz Climo, de son prénom Elizabeth, est une jeune femme pleine de ressources. Dessinatrice de talent, elle a accepté de nous raconter son parcours, son amour pour l’univers enfantin et ses envies de conteuse. En usant des animaux comme avatars pour incarner ses pensées, souvent drôles et mordantes, elle a réussi à se créer un espace d’échange privilégié avec ses lecteurs-rices, tout particulièrement sur son Tumblr. Déjà publiée en France avec Le Petit Monde de Liz (2013), elle revient aux livres pour enfants avec son nouvel ouvrage, Rory the Dinosaur : Me and My Dad. Après avoir travaillé plusieurs années en tant que réviseuse de story-board pour les Simpsons, elle a décidé de se consacrer entièrement à sa passion pour le dessin et la création d’histoires personnelles. Liz Climo a toujours un pied coincé dans le monde de l’enfance ; parfois, quand son crayon touche la feuille blanche de son carnet de croquis, son corps lui, s’immerge complètement dans ce monde foisonnant et faussement léger. Dans les illustrations de la jeune femme règne un sentiment de nostalgie et de tendresse incroyable. Ici, les animaux parlent, échangent, blaguent, et surtout, nous ressemblent étrangement. 

 

Avant que l’on parle de ton projet, peux-tu me parler un peu de toi, Liz ? D’où viens-tu ? 

J’ai grandi en Californie du Nord. À l’âge de 23 ans, j’ai déménagé à Los Angeles pour un nouveau travail sur les Simpsons. Ce n’est que depuis très récemment que j’ai vraiment le sentiment d’être chez moi à Los Angeles. Ma ville natale a toujours une place très importante dans mon cœur. En grandissant, j’étais entourée par une famille et des ami-e-s merveilleux-ses, qui m’encourageaient tout le temps. Malgré cela, j’ai dû traverser des choses moins agréables, comme le fait d’être souvent embêtée et brutalisée à l’école. Comme j’étais très mauvaise lorsqu’il s’agissait de me défendre et de m’exprimer, j’étais toujours une cible facile.

 

Quelle influence cette expérience a-t-elle eue sur toi ?

Traverser cela, ces temps difficiles, et savoir ce que c’est qu’être, en quelque sorte, la personne bizarre m’a rendue très sensible et empathique. Je veux que tout le monde se sente accepté, et j’espère que mon travail pourra parler à un maximum de gens, sans laisser des personnes sur le côté.

 

En grandissant, certains moments de ta vie ont-ils participé à enrichir ton travail ?

Oui. Un autre moment déterminant dans ma vie a eu lieu lorsque j’avais 21 ans. Ma mère est morte. C’était la personne la plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de connaître, et la perdre m’a brisé le cœur. J’ai compris à quel point il était important de trouver de l’humour même dans les moments les plus sombres. C’est quelque chose que ma mère m’a appris. J’espère aider les gens à rire et peut-être, à mon petit niveau, partager un peu de joie en sa mémoire.

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Quand as-tu commencé à t’intéresser au dessin, et pourquoi avoir choisi ce médium-là pour t’exprimer ?

J’ai toujours adoré dessiner. Je l’ai fait toute ma vie durant. Mes parents m’achetaient des carnets vierges que je remplissais du début à la fin avec des histoires et des dessins. Mes grands-parents avaient toujours des calendriers de bureau The Far Side chez eux, et à chaque fois que nous allions les voir, je m’installais confortablement quelque part et les lisais. C’est à cet instant que j’ai su que je voulais dessiner et faire rire les gens. Heureusement, ma famille m’a toujours encouragée à devenir une artiste. Maintenant que je suis adulte, je comprends à quel point j’ai été chanceuse de connaître cela en grandissant.

 

Pourquoi avoir choisi d’utiliser Tumblr pour partager ton travail ?

Je n’ai pas une maîtrise parfaite d’Internet ! Je savais que je voulais commencer un blog, mais je ne connaissais rien au web design ou à la création d’un site. Tumblr était le premier résultat de recherche Google dans ma démarche pour créer mon blog, donc je l’ai choisi. Mais c’est une super plate-forme, très facile à utiliser, j’en suis très contente !

 

Comment les gens ont-ils réagi les premières fois où tu as partagé ton travail ?

Au début, mon blog n’avait pas trop de visibilité ou de trafic, mais cela ne me posait pas de problème. Je l’avais surtout lancé pour m’encourager à dessiner davantage, à faire plus de dessins originaux. N’importe quelle réponse ou retour était un bonus. Ce n’est que six mois après avoir publié mes premiers dessins que j’ai commencé à avoir davantage de followers. C’est un de mes comics en particulier qui a vraiment attiré l’attention (un détournement du classique Le Lièvre et la Tortue). J’ai remarqué qu’il était fréquemment partagé en ligne. Dès qu’il a commencé à être diffusé, à ma grande surprise, les gens ont porté beaucoup plus d’attention à mon travail.

Le Lièvre et la Tortue

 

Pourquoi utiliser les animaux pour exprimer tes pensées ?

Très honnêtement ? Je dessine juste mieux les animaux que les humains ! Et je dois aussi avouer que les animaux sont tous si uniques que c’est assez marrant de trouver différentes manières de rendre leur vie marrante. Par exemple, un alligator qui essaye de prendre un selfie avec ses petits bras ou un serpent qui essaye de jouer aux cartes.

 

Qu’est-ce qui te fascine dans l’enfance ? Penses-tu que l’on peut dire des choses puissantes à travers un monde artistique enfantin ?

Ce qui m’a le plus marqué dans mon enfance, et auquel j’essaye de me raccrocher quand je travaille, est le sentiment d’émerveillement. Ce matin encore, au supermarché, ma fille de deux ans a remarqué que la lumière de la caisse huit était éteinte, alors que toutes les autres étaient allumées. Et elle m’a dit : « Le numéro huit est en train de dormir ! » Les adultes pensent très rarement de cette manière, et il a quelque chose de réellement magique là-dedans.

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Penses-tu que l’on perde cette vision du monde en grandissant ? Acceptes-tu l’âge adulte et sa réalité ?

Je pense qu’en vieillissant nous devenons de plus en plus conscient-e-s du monde qui nous entoure. Ce qui implique de prendre conscience d’événements vraiment horribles, et de prendre les choses beaucoup plus au sérieux. J’accepte sincèrement cette réalité, mais je trouve aussi beaucoup de bonheur et de joie dans les choses les plus insignifiantes.

 

Comment procèdes-tu pour créer un dessin ?

Dessiner un comics ne prend pas beaucoup de temps, en moyenne vingt minutes. C’est trouver une idée qui se révèle plus délicat. Je suis généralement inspirée quand je vais faire ma marche matinale tous les matins, quand j’observe simplement ce qu’il se passe autour de moi.

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As-tu une formation artistique ?

Oui, en quelque sorte. J’ai étudié les Arts à l’Université d’État de San José pendant quelques années. Mais je me suis fait recaler quand j’ai postulé pour leur classe d’animation et d’illustration. J’ai obtenu mon boulot pour les Simpsons peu de temps après ça et ai appris directement de mon expérience sur le terrain et de mes collègues. On m’a bien sûr enseigné des outils importants à l’université, mais j’ai aussi le sentiment que l’on m’a inculqué une manière de « dessiner comme tout le monde ». Ma façon de dessiner aujourd’hui est celle que j’avais quand j’étais petite. J’y mets certes un peu plus de raffinement après dix ans de dessin professionnel, mais cela reste très naturel.

 

Devenir autrice et illustratrice de livres pour enfants était-il ton métier rêvé ?

Je voulais être illustratrice et autrice de livres pour enfants quand j’étais plus jeune. Et une artiste pour les Simpsons quand j’étais au lycée. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir faire les deux, et j’en suis reconnaissante chaque jour.

 


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