Cette fois-ci, la playlist littéraire est consacrée à l’autrice afro-américaine Jessie Redmond Fauset. Tout au long de son existence, elle a lutté avec ses mots et ses actes contre le racisme, l’injustice et le sexisme. Née en 1882, dans le comté de Camden du New Jersey, elle mettait dans ses poèmes toute la sincérité dont elle était capable. Ses écrits, en prose ou en vers, sont teintés des couleurs de son âme, d’une authenticité et d’une tristesse que l’on ne confierait que tard dans la nuit. Nous reviendrons plus en détail dans un Missfits sur la vie de cette femme qui, de son vivant comme après sa mort, n’a jamais reçu la reconnaissance qui lui était due. Pour l’instant, faisons place à l’écriture créative.

 

Pour celles et ceux qui préfèrent Spotify, c’est par ici.

 

Lent, le rythme du temps. Un peu comme la goutte persistante d’un robinet que l’on aurait mal fermé. On la voit faire, on l’observe, impassible, telle une allégorie de notre existence. Tombera-t-elle ? Ira-t-elle s’enfouir dans le trou noir qui la guette ? Combien de temps peut-elle prétendre à l’apesanteur ? La perspective de sa chute est insoutenable, et pourtant, nous ne ferons rien. Celui qui, au-dessous d’elle, semble prêt à l’accueillir, ce vide, est impassible. Sans bienveillance, sans espérance, néanmoins inéluctable. C’est la menace de l’oubli, de la plomberie qui s’active et efface en un instant la singularité d’une simple goutte d’eau, opiniâtre. Le néant est ainsi. Il ne juge pas, il est là. Il nous attend. Une perspective terrible pour tant d’âmes en peine, rédemptrice pour d’autres. L’on sait ce qui menace cette larme suspendue, qui semble voler au-dessus de la tuyauterie. Qui peut dire si sa dégringolade dans ce gouffre moite ne sera pas synonyme de libération ? Pourquoi l’obscurité ne vaincrait-elle pas la lumière ? Là où l’on tâtonne, où l’on cherche constamment à trouver ce que l’on convoite du bout des mains. Ce « là » n’est-il pas le lieu de l’ultime dénouement ? Tant de gouttes réunies ne pourraient-elles pas former un océan ?

Annabelle Gasquez 

Oblivion

I hope when I am dead that I shall lie
In some deserted grave–I cannot tell you why,
But I should like to sleep in some neglected spot
Unknown to every one, by every one forgot.

There lying I should taste with my dead breath
The utter lack of life, the fullest sense of death;
And I should never hear the note of jealousy or hate,
The tribute paid by passersby to tombs of state.

To me would never penetrate the prayers and tears
That futilely bring torture to dead and dying ears;
There I should lie annihilate and my dead heart would bless
Oblivion–the shroud and envelope of happiness.

Poème écrit par Jessie Redmon Fauset,
extrait de Shadowed Dreams: Women’s Poetry of the Harlem Renaissance,
Maureen Honey, 2006, p. 106

Tracklist :

  1. Marie Davidson — Je ne t’aime pas
  2. Raime — Cold Cain
  3. Étienne Daho — En surface (Rone Remix)
  4. Cold Cave — Confetti
  5. Light Asylum — Dark Allies
  6. Class Actress — Journal of Ardency
  7. Houses — Lost in Blue
  8. F ingers — Escape Into The Bushes
  9. Xeno & Oaklander — Virtues and Vice
  10. White Ring — Ixc999
  11. Essaie Pas — Carcajou
  12. Suicide — Ghost Rider
  13. Ludovico Einaudi — Time Lapse
  14. Sasha — Shelter

 


Image de une : © Brendan Monroe