Rencontre avec Ania Winkler, photographe, cinéaste et cheffe opératrice installée à Paris. Multipliant les approches créatives et les voyages, l’artiste fait revenir la notion de frontière presque systématiquement dans son travail. Grâce à ses photographies, elle nous dévoile des histoires intimes, toujours authentiques.

 

La photographie, Ania Winkler l’a découverte par hasard, lorsque son père lui a offert son premier appareil. C’est aussi ce qui l’a sortie de sa timidité, en devenant un prétexte idéal pour aller vers les autres. D’un naturel rêveur, cette aventurière garde les pieds sur terre grâce à la capture d’images, qui l’aide à comprendre le monde, et aux gens qu’elle rencontre au fil de ses voyages. Car ce qui la caractérise aujourd’hui, c’est bien sa capacité à faire de chaque moment un échange. Afghanistan, Pologne, Slovaquie, Roumanie, République tchèque… Ania Winkler a beaucoup voyagé et immortalisé ses nombreuses rencontres. Pour elle, celles et ceux qu’elle a pu croiser ont toujours dépassé sa création : « Je privilégiais l’aventure humaine. »

Parmi tous ses travaux, Ania Winkler a choisi de nous présenter un triptyque composé de deux de ses photos capturées en Afghanistan, en 1996, dans la vallée du Pandjchir, et d’une de son père prise trente ans plus tôt, au même endroit. L’Afghanistan a un sens bien particulier pour elle. C’est en effet au cours d’un voyage sur les traces de son père, dans le cadre d’un long-métrage d’animation* inspiré de son histoire qu’elle a fait ce travail : « Le voyage était court, et les possibilités de photographier quasi nulles. » Pour la créatrice, garder une trace et cristalliser cette rencontre avec son père, décédé en 2002, était vital. Et elle ne pouvait le faire qu’« au travers de ce pays qui l’avait fasciné, et où il avait vécu presque un an avec les moudjahidins du commandant Massoud, lors de la guerre de résistance contre l’armée soviétique ».

Découvrir l’autre et se découvrir soi, au-delà des frontières géographiques, au-delà de la frontière du temps, c’est ce qui semble motiver Ania Winkler et son œuvre. Chacune de ses photographies est si forte qu’elle nous plonge dans l’instant précis où elle a été prise. Ainsi, elle nous a fait voyager parmi les Tziganes, grâce à une série réalisée sur dix ans à Czarna Góra (dans les Carpates polonaises), et une autre réalisée à Prague, dans une ambiance plus sombre. « J’aime photographier les visages, les corps, j’aime leur lumière singulière et leurs zones d’ombre. Ma photographie est devenue un engagement intime du côté des minorités. Intime, car je n’ai jamais cherché à faire connaître mes images, peut-être à tort. Je ne savais pas comment le faire adroitement. »

Dans cette interview vidéo, nous t’invitons à découvrir sa démarche artistique, instinctive, humble, émouvante. Une mise en lumière plus que méritée.

Contes de guerre, 2016.  © Ania Winkler

Contes de guerre, 2016. © Ania Winkler

Pour retrouver toute l’actualité d’Ania Winkler, consulte son site officiel.

 


Cette interview a été réalisée dans le cadre du concours photo « Femmes citoyennes ».

 


* La Montagne magique, réalisé par Anca Damian, d’après l’idée originale d’Ania Winkler, coscénariste.