Pour te la couler douce sans oublier de prendre ta dose quotidienne de culture, voici une liste de créations visuelles et littéraires à découvrir, spécialement conçue pour la fin de l’été ! Que tu aies envie d’enchaîner les séries ou d’enrichir tes playlists, Aya a pensé à toi, très culturellement.


 

Dear White People
The Reports on Sarah and Saleem, réalisé par Muayad Alaya
Global Dispatches
The Guardian’s Long Reads
Clemity Jane
Rêver l’obscur de Starhawk
Les impressionnistes à Londres
Bebin, Sevdaliza
Soapkills
Le café-librairie Michèle Firk
Hummus Rights Watch

 

La série rafraîchissante

Dear White People

Que tu sois familier-ère ou non avec le film dont la série Dear White People s’inspire, je t’encourage vivement à regarder l’adaptation télévisuelle. Diffusée depuis 2017 sur Netflix, cette création originale a beaucoup fait parler d’elle, et ce pour de bonnes raisons. On suit le quotidien d’étudiant-e-s noir-e-s de Winchester, université fictive d’excellence en proie à des tensions raciales. La vie de ces personnages est traitée à partir de leurs perspectives multiples. On découvre les différentes manières qu’ils ont d’évoluer dans le monde universitaire américain, et dont ils agissent pour se préserver et se battre pour la justice sociale. À titre d’exemple, Samantha White, l’héroïne de la série, est une activiste antiraciste métisse qui a sa propre émission de radio intitulée Dear White People. Quant à Lionel Higgins, il est apprenti journaliste et préfère défendre ses idées sur le papier. Qu’il s’agisse de racisme institutionnel ou de racisme dans la communauté LGBTQ+, cette série s’empare de ces sujets avec une grande intelligence et un humour acéré.

Dear White People est disponible sur Netflix.

 


Le film digne d’une saga estivale

The Reports on Sarah and Saleem, réalisé par Muayad Alaya

The Reports on Sarah and Salem, le dernier film du réalisateur palestinien Muayad Alayan a ouvert le festival Ciné-Palestine à Paris cette année. Le long-métrage commence avec une trahison extraconjugale somme toute banale, à une chose près : Sarah est israélienne et Saleem palestinien. Pour couronner le tout, le mari de Sarah est un militaire haut gradé de Tsahal – l’armée israélienne –, ce qui va compliquer la situation une fois l’existence de cette liaison établie. Cette histoire d’infidélité prend une ampleur aussi considérable qu’absurde et va jusqu’à mettre en danger la vie des protagonistes. Le sort des personnages principaux met en lumière les tensions israélo-palestiniennes et devient peu à peu une critique des deux régimes dans une surenchère insensée. Un film versatile dans son style et son contenu, à voir si tu as envie de pleurer de rire, de rire jaune ou d’en savoir plus sur la vie au quotidien en Palestine.

Le film a été projeté dans le cadre du Festival des cinémas arabes au sein de l’Institut du Monde le 3 juillet 2018 et au Festival Ciné-Palestine 2018. Il n’y a pas de sortie française prévue à ce jour.

 


Le podcast pour voyager sans payer

Global Dispatches

Tu es passionné-e d’affaires internationales et tu aimerais avoir un éclairage clair et accessible sur l’actualité dans différents pays ? La presse généraliste passe souvent un peu rapidement sur ces questions, et tu ne sais plus vers quels médias te tourner ? Dans ce cas, il faut absolument que tu écoutes Global Dispatches. Il s’agit du podcast de Mark Leon Goldberg, rédacteur en chef du blog UN Dispatch sponsorisé par la Fondation de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Le site est spécialisé dans l’analyse de l’actualité internationale de l’ONU, mais le podcast traite de questions d’actualité internationale généraliste. Chaque épisode est composé d’une interview de 20 à 30 minutes avec des expert-e-s ou des journalistes sur des sujets aussi éclectiques que les causes coloniales du SIDA en Afrique subsaharienne, le drame des familles de migrant-e-s séparées aux frontières états-uniennes ou les origines du conflit au Yémen.

Le podcast Global Dispatches – en anglais – est disponible sur Spotify.

 


La newsletter à lire et à écouter

The Guardian’s Long Reads

Pour les anglophones, les anglophiles ou celles et ceux qui veulent s’entraîner à la lecture en anglais, je conseille vivement la newsletter du one and only, The Guardian. Attention, je ne te ne parle pas de la newsletter quotidienne du fameux journal britannique, mais de leur newsletter hebdomadaire, la bien-nommée « The Long Reads ». Elle consiste en un récap’ des meilleurs dossiers, articles en format longs et analyses de la semaine, avec en bonus un ancien papier de fond déniché dans les archives web de The Guardian. Si tu préfères écouter tes informations au lieu de les lire, tu peux trouver tous les articles de la newsletter sur la playlist Spotify de The Guardian, un format très pratique pour celles et ceux qui ont de longs trajets à faire !

La newsletter The Guardian’s Long Reads est également disponible sur Spotify en format audio.

 


La chaîne YouTube (sex)positive

Clemity Jane

Clemity Jane est une Youtubeuse qui va te parler de sexe, de plaisir féminin, de santé sexuelle, mais aussi de véganisme ! Même si ses vidéos ont un format un petit peu long pour YouTube (plus de 10 minutes), Clemity Jane aka Clémence est pleine de tonus. Ses créations sont toujours fun. Elle y parle de tous ces sujets de manière complètement décomplexée et positive. Rien que pour cela, je pense que cette chaîne vaut le détour ! Je te conseille en particulier la playlist « Les Sexy Reviews de Clemity Jane ! ». Il s’agit d’une série de vidéos dans lesquelles elle fait des reviews de sex toys, pour lesquelles la Youtubeuse est très connue. Si les sex toys ne te font pas rêver, tu pourras trouver d’autres thématiques sexo à explorer. Le seul bémol : ses playlists ne sont pas très organisées donc il te faudra scroller pour trouver des contenus qui te tentent, mais n’aie nulle crainte, je doute que tu aies à chercher longtemps avant de passer au clic.

Pour t’abonner à la chaîne YouTube de Clemity Jane, c’est ici.

 


Le livre pour sorcières modernes

Rêver l’obscur de Starhawk

Starhawk est une militante écoféministe américaine et une sorcière autoproclamée. Elle est connue pour son militantisme contre le nucléaire et pour une justice écologique au niveau mondial. Le parti pris de cette œuvre de Starhawk, c’est que l’opposition entre l’humanité et la nature renforce l’oppression des femmes d’un côté, et l’exploitation éhontée de l’environnement et des êtres non humains de l’autre. Son livre Rêver l’obscur a été publié en 1982 aux États-Unis. La version française a quant à elle été éditée aux Éditions Cambourakis dans leur – brillante ! – collection Sorcières en 2015. L’écriture de Starhawk se veut accessible et proche de tout-e-s, donc même si tu n’as jamais lu de texte féministe, ou que tu n’as pas beaucoup de connaissances dans le domaine de l’écologie, ce livre est vraiment accessible et très poétique. Bien qu’il date des années 1980, l’arrivée de Trump au pouvoir aux États-Unis le rend malheureusement très actuel. De plus, les observations de Starhawk et son appel à la convergence des luttes et à la sororité parlent aussi aux personnes vivant en Europe. Alors que les replis nationalistes gagnent du terrain, que les droits des personnes les plus vulnérables sont bafoués et nos acquis sociaux remis en question, la lecture de Rêver l’obscur est devenue une nécessité.

Tu peux trouver Rêver l’obscur de Starhawk dans toutes les bonnes librairies, ou tu peux le commander ici.

 


L’expo qui détend

Les impressionnistes à Londres

Cette idée de sortie est à réserver pour les premiers jours de pluie, quand tu auras envie d’un peu de brume mélancolique ou d’automne romantique. L’exposition temporaire « Les impressionnistes en exil : Artistes français en exil, 1870-1904 » du Petit Palais promet d’être rafraîchissante en cette fin d’été parisien. Coorganisée avec la Tate Britain (National Gallery of British Art), elle met en avant les œuvres d’artistes français-es qui ont vu le jour en Angleterre pendant les années agitées de la guerre franco-prussienne et la Commune de Paris. Après la période faste du Second Empire, une époque trouble force des peintres à trouver refuge outre-Manche ou simplement à y chercher une meilleure source de revenus. Si tu désires rêver d’autres horizons et d’autres saisons, c’est l’évènement à ne pas louper. Tu y exploreras les paysages mélancoliques peints par Charles-François Daubigny, les rues pastel et éthérées de Camille Pissaro, et les rêves perdus dans la brume de Claude Monet.

L’exposition se déroule au Petit Palais, à Paris, jusqu’au 14 octobre 2018. Toutes les informations sont sur le site officiel.

 


La musique pour rêver de la mer

Bebin, Sevdaliza

Ancienne basketballeuse professionnelle, désormais chanteuse et compositrice, cette jeune femme semble déjà avoir eu plusieurs vies avant de trouver son identité musicale. Sevdaliza Alizadeh, plus connue sous son nom de scène Sevdaliza, est une artiste néerlando-iranienne. Son album en perse intitulé « Bebin » est sorti en 2017. Dedans, elle y dénonce le décret présidentiel 13769 signé par le Président actuel des États-Unis, Donald Trump. Le genre musical de Sevdaliza est éclectique, ce qui le rend difficile à définir. L’esthétique étrange et la musicalité de ses morceaux s’inspirent de créatrices contemporaines comme FKA Twigs ou d’artistes aussi incontournables que Björk. Si certains de ses titres sont très entraînants, d’autres semblent être plus conceptuels. De manière générale, l’ambiance de sa musique est mélancolique, calme et ses vidéo-clips sont très travaillés. Délicatement, ils viennent compléter ses chansons. À ce sujet, elle explique dans une interview dans Paper magazine que pour elle, « le visuel [et la musique] rentrent dans le même panier ». Ainsi, pour parfaire ta découverte, commencer par ses clips est une bonne solution. Un fois cela fait, installe-toi confortablement, ferme les yeux et lance son album. Ton imagination et tes souvenirs feront le reste.

Tu peux trouver les albums de Sevdaliza sur les plateformes légales de musique en ligne.

 


La pépite sucrée à découvrir

Soapkills

Ce groupe libanais au nom improbable est un incontournable de la scène électro pop arabe. Soapkills est un duo indé libanais d’electro-pop qui n’existe plus depuis 2005, mais qui a inspiré toute une génération d’artistes arabes, ainsi que la scène musicale underground beyrouthine. Malgré les treize années qui se sont écoulées depuis leur séparation, la musique de Sopakills continue à me faire danser toute seule dans ma chambre ! Le groupe, composé de Yasmine et Zeid Hamdan (pas de relation familiale entre les deux membres), a un son très caractéristique, lent avec un rythme régulier et dansant guidé par la voix lascive de Yasmine. La jeune femme chante en arabe, égrenant quelques expressions en français ou en anglais de temps à autre. Et si tu as l’impression d’avoir déjà entendu sa voix quelque part, ce n’est pas un hasard. C’est elle qui interprète Hal dans le très éthéré Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch (2014). Ce morceau fait partie d’un album de sa carrière solo, mais les débuts de Yasmine Hamdan dans Soapkills baignent dans cette même semi-pénombre, avec une touche d’humour en plus, réservée aux arabophones.

Les albums de Soapkills sont disponibles sur les plateformes légales de musique en ligne.

 


L’association pour les bibliophiles

Le café-librairie Michèle Firk

Lieu de vie associative, café de quartier et librairie militante, ce café-librairie est un lieu parisien atypique et rafraîchissant. Mais qui est donc Michèle Firk, me demandes-tu ? Le lieu a été nommé ainsi en hommage à Michèle Firk, journaliste et critique de cinéma française surtout connue pour son militantisme anticolonialiste. De son vivant, elle faisait partie du Front de libération nationale (FLN) et luttait depuis Paris pour l’indépendance de l’Algérie. Son engagement l’a emmenée jusqu’au Guatemala, où elle s’est engagée en tant que combattante du front urbain de la guérilla des FARS, avant de se suicider à l’âge de 31 ans. Tu l’auras compris, le café-librairie s’inspire d’une femme révolutionnaire et de ses idéaux de gauche pour organiser des conférences et des débats, durant lesquels tu pourras choisir des livres disponibles sur place. Situé dans les locaux du Centre international de création « La Parole errante », cet endroit singulier mérite le déplacement.

Tu trouveras la liste des événements prévus pour l’été dans le café-librairie Michèle Firk sur sa page Facebook.

 


La (très) subjective recommandation

Hummus Rights Watch

Le hummus est un plat politique par excellence, et qui d’autre pour le défendre si ce n’est Hummus Rights Watch ? Ce compte Instagram satirique – qui tire son nom de l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch – tourne en ridicule les tentatives d’appropriation culturelle d’un des plats les plus bizarrement trendy du moment : le hummus ! Le projet étend aussi son domaine d’expertise à d’autres formes d’orientalisme moderne qui voilent à peine leur racisme. Qu’il s’agisse de la représentation des personnes racisées dans le cinéma ou des événements oh so hummus les plus hype de Paris, Hummus Rights Watch veille, poste et reposte. Jusqu’ici, le contenu se focalise sur la défense des droits du hummus et épingle surtout l’hypocrisie d’un nouvel orientalisme prohummus, mais anti-arabe.

 


Image de une : montage réalisé par Deuxième Page. Crédits photos de l’article : © DR