Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Can Frida Kahlo Be Separated From Her Commercialized Image? : au Brooklyn Museum, à New York, l’exposition « Frida Khalo : Appearances Can Be Deceiving » est ouverte depuis le 8 février 2019. C’est l’occasion de (re)lire l’article de Observer, dans lequel la journaliste Mariana Fernandez s’interroge sur l’image commerciale qui entoure désormais l’artiste : « L’exposition ne changera probablement pas l’héritage excessivement commercialisé de Kahlo, mais espérons qu’elle ira au-delà, en la situant non pas en tant qu’artiste représentant l’art mexicain dans son ensemble, mais comme une artiste qui a affirmé sans relâche son autonomie tant dans son art que dans sa vie, pour s’exprimer au sujet de la féminité, du nationalisme et de l’identité culturelle ». [Observer] [ENG]
  • To fix the web, give it back to the users : l’Internet libre et rêvé des débuts a, semble-t-il, perdu de ses ambitions. En 2019, le bilan est assez éloigné de l’idéal proposé originellement, et l’on est obligé-e de constater le rôle prédominant des réseaux sociaux dans le chemin emprunté par la Toile d’araignée mondiale. Harcèlement, désinformation, usage des données personnelles : les géants du Web (Facebook, Google, Amazon, Twitter, etc.) concentrent plateformes et moyens. Et leurs services, pensés à des fins mercantiles, sont rarement – si ce n’est jamais – réellement mis au service des usagers-ères. Cet article propose une vision renouvelée de l’Internet où chacun-e d’entre nous serait de nouveau au cœur du Web de demain. [Fast Company] [ENG]
  • The False Choice Between Economic Growth and Combatting Climate Change : en 1974, l’économiste américain William Nordhaus avait anticipé la contradiction profonde entre la poursuite incontrôlée d’une société de croissance permanente et le changement climatique. Ses prédictions alarmistes, faites il y a 45 ans de cela, sont malheureusement toujours d’actualité – et plus inquiétantes encore aujourd’hui. À l’époque déjà, il proposait des solutions pragmatiques pour enrayer le phénomène. Une lecture indispensable à l’heure où les paysages politiques se redessinent partout dans le monde, alors que l’on se confronte à l’apparente inévitabilité d’une catastrophe environnementale imminente, et déjà bien entamée. [The New Yorker] [ENG]
  • La Ligue du LOL racontée par ses victimes : « Ruiner des carrières et des vies, c’était leur quotidien » : pour tenter de comprendre l’affaire de la Ligue du Lol, quelques articles se distinguent, à l’instar de ceux publiés par Numerama suite au dévoilement des faits. Pendant des semaines, les victimes de la Ligue du Lol ont inlassablement témoigné, avec courage, mettant en lumière et dénonçant le cyberharcèlement qu’elles ont subi. Et la lecture de leurs récits est indispensable. [Numerama]
  • Les Darons, la « ligue du LOL » qui insultait les salariées de Vice : l’affaire de la Ligue du Lol a fait la une des journaux, et ce pour de bonnes raisons. Mais ce boy’s club n’est pas une exception. La solidarité masculine a depuis longtemps fait ses preuves, perpétuant des systèmes sociaux et professionnels discriminants où la culture de l’entre-soi (blanc, masculin) est choyée. Le problème est systémique. Et les révélations qui ont fait suite à la Ligue du Lol le prouvent. Dans les rédactions françaises, des situations similaires ont été dévoilées. Des mois après les faits, on apprenait ainsi que chez Vice France, un groupe de salariés nommé Les Darons insultait et harcelait ses collègues femmes. [L’Express]

 

Sur les écrans et dans les oreilles de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : au début de l’histoire, c’est le suicide de son meilleur ami qui pousse Danielle Cain à parcourir en autostop les routes de l’Iowa, jusqu’à Freedom, une ville anarchiste autogérée, sans forces de l’ordre ni hiérarchie aucune. Les personnages qu’elle rencontre sont riches, pluriels, et cette diversité est bienvenue, dans une littérature contemporaine encore très blanche, cisgenre et hétérosexuelle. Danielle elle-même n’est pas hétéro et ses sentiments au milieu d’un univers qui bascule ne tachent pas le décor mais l’augmentent avec profondeur et justesse. La bande qui se forme au fil des pages est faite de punks, de libertaires, d’utopistes et d’anarchistes, queers, bienveillant-e-s et chacun-e, à sa manière, abîmé-e par la vie. Le fragile équilibre de Freedom est pourtant mis à mal par la présence d’un esprit – « protector spirit » dans le texte – qui commet des crimes dont Danielle est témoin, dès son arrivée. C’est à la question même de son existence que Danielle et ses camarades vont devoir répondre et surtout, échapper vivant-e-s. The Lamb Will Slaughter the Lion met en scène la complexité des rapports humains, au sein d’une société capitaliste et oppressive dont les personnages ne parviennent jamais vraiment à s’émanciper, malgré l’utopique Freedom. La plume de Margaret Killjoy dresse un paysage sombre, mais éclairé délicatement par des dialogues drôles, parfois cyniques, parfois amoureux et surtout, par un fol espoir duquel on ose à peine s’emparer.

  • Sonores, des artistes qui méritent ton oreille attentive : le violon est un instrument d’une grande puissance. Ses sonorités semblent parfois reproduire les mouvements de l’âme. Si l’on devait, juste pour le plaisir, réactualiser la théorie des humeurs, le violon serait sans aucun doute le seul moyen de rééquilibrer les éléments composant notre corps, l’air, l’eau, le feu et la terre. Et si tu ne crois pas aux propriétés thérapeutiques de cet instrument magnifique, l’on te propose d’écouter Inner Rhyme, le premier album de la musicienne et compositrice libanaise Layale Chaker. Pour construire chaque morceau, elle s’est inspirée des écrits de poètes iraquien-ne-s, syrien-ne-s et palestinien-ne-s. Au cœur de ce LP, elle mélange les influences, et les époques aussi. C’est une création musicale qui n’a pas d’âge et qui est pourtant ancrée dans son temps. Avec ses titres, elle performe – aux côtés de son ensemble musical, Sarafand – une exploration sublime et mélancolique de l’exil, de la solitude et de la résilience. Qu’avons donc nous fait pour mériter tant de grâce et de beauté ?

 

Les articles les plus lus sur Deuxième Page

  • Missfits #5 : Pocahontas, fille des torrents, sœur des rivières ? : l’histoire de Pocahontas a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, que tu connais certainement. Alors, cette histoire racontée encore et encore, mérite peut-être notre attention. Dans cet article, on te propose d’oublier le conte édulcoré de Disney et d’essayer de comprendre qui était vraiment Pocahontas, en se détachant des versions fantasmées et dépolitisées qui ont pollué le paysage pop culturel des années durant.
  • Projectrices #1 : Angèle Marrey, réalisatrice d’un documentaire féministe pour faire péter le tabou des règles avec pédagogie : pour notre premier « Projectrices », une série d’interviews consacrée aux femmes qui portent des projets engagés, c’est Angèle Marrey qui s’est prêtée au jeu. Elle nous a parlé de 28 jours, son documentaire sur les règles, qu’elle a réalisé pour déconstruire le tabou qui les entoure.
  • Interview : Diglee et Ovidie pulvérisent les injonctions qui veulent définir nos sexualités : les injonctions sont partout autour de nous et pèsent lourd sur nos vies de femmes. Avec leur ouvrage Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, Ovidie et Diglee se sont attaquées à celles qui entourent et contraignent nos sexualités. Dans cette interview, l’autrice et l’illustratrice reviennent sur leur projet indéniablement féministe, de leur collaboration à l’accueil par le public, en passant par la pornographie et la nécessité de proposer un autre regard sur les sexualités.
  • Courtney Love, derrière l’amour, le punk et le glam : retour sur le parcours de cette artiste féministe et engagée, qui est devenue une inspiration pour nombre d’entre nous. Pour son art, bien sûr, mais aussi pour sa résilience face à l’adversité et pour sa ténacité.
  • The Crown, la création d’une mythologie moderne : portrait de la monarchie anglaise, la série The Crown se construit sur des fondations friables, entre réalisme et fiction, offrant aux spectatrices et spectateurs plus qu’un énième hommage au système inégalitaire de la Couronne. Dans cette interprétation de l’histoire, celle de la saison 1, Élisabeth incarne avant tout la descendante des reines qui l’ont précédée. Elle est dorénavant l’institution qu’elle représente.

 


Image de une : Layale Chaker & Sarafand jouant « Relentless », au Spectrum à New York, le 12 décembre 2018. © DR