Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Les milliardaires qui possèdent la presse plument l’État : la crise sanitaire du Covid-19 a fortement impacté le secteur de la presse, lequel voit son chiffre d’affaires diminuer de 19 % par rapport à l’année dernière. Pour tenter de limiter la casse, 666 millions d’euros d’aide sous des formes diverses (prêts, chômage partiel…) ont été alloués par le gouvernement. Or, la quasi-totalité des organes de presse du pays est détenue par sept milliardaires et une banque, la BPI, un conglomérat opaque. « Dans le secteur de la presse, les aides publiques, qui ont été considérablement augmentées du fait de la crise sanitaire, soulèvent donc un double débat. Première interrogation : compte tenu de l’immensité de leur fortune, Bernard Arnault, Xavier Niel ou Patrick Drahi, pour ne citer qu’eux, ne pourraient-ils faire face à leurs responsabilités d’actionnaires sans que les finances publiques ne soient sollicitées, c’est-à-dire en dernier ressort les contribuables ? Seconde question : comment comprendre que ces aides soient sans contrepartie ? » [Mediapart]
  • Où sont les femmes de la littérature ? Pas dans les manuels scolaires : on aurait pu croire que les prises de parole de plus en plus nombreuses dénonçant le manque d’autrices dans les programmes scolaires seraient entendues. Mais comme souvent, dans les faits, les choses sont tout autres : pour le bac de français 2021 ne seront étudiées que Madame de La Fayette, Marguerite Yourcenar et Nathalie Sarraute. Pour pallier ce manque de diversification, les enseignant-e-s devront chercher du côté d’initiatives indépendantes, comme le manuel Des femmes en littérature (2018), publié par la maison d’édition Belin, ou la plate-forme online Le Deuxième Texte, « qui met à disposition un moteur de recherche permettant de trouver pour chaque auteur masculin, une autrice contemporaine ». [Slate.fr]
  • Déboulonner, expliquer, remplacer… Pourquoi les statues ont pris une place monumentale dans le combat contre le racisme : la discussion actuelle autour des violences policières et du racisme systémique a fait émerger une vaste question : les statues des « grands hommes » ayant notamment contribué à la colonisation et à l’esclavage ont-elles fait leur temps dans l’espace public ? Pour les militant-e-s antiracistes, la réponse est oui. Des statues sont déboulonnées, jetées à l’eau au Royaume-Uni et aux États-Unis, ou recouvertes d’un drap ou de peinture en France. Le retrait de ces monuments occupe aujourd’hui une place centrale dans cette lutte. Karfa Diallo, fondateur de l’association Mémoires et Partages, y voit « l’expression d’un écœurement face à l’incapacité collective à combattre le racisme ». [Francetvinfo]
  • Un tri dans la nuit : nos corps dissidents, entre validisme et Covid-19 : un entretien riche et éclairant avec l’activiste antivalidiste Elena Chamorro. Sa prise de parole concerne le traitement des personnes en situation de handicap durant la crise sanitaire de ces derniers mois. En plus de dénoncer le triage qui a eu lieu à l’hôpital, elle déconstruit le « fantasme validiste » : « La vision médicale sur la dépendance, qu’elle exporte à la société, est qu’elle entrave la qualité de vie, qu’elle génère forcément de la souffrance aussi. Ce n’est pas forcément la vision que nous avons, nous, concernés. […] En fait, la plupart d’entre nous, quand nous parlons de nos souffrances, nous parlons des discriminations, d’agressions quotidiennes, d’exclusions. […] Ceux qui le nient s’obstinent, en revanche, à tout ramener à nos corps, pour dépolitiser les questions relatives au handicap. » [Le Club de Mediapart]
  • La Constellation, ou le pari d’un bar queer sans alcool : un lieu original et inclusif vient d’ouvrir ses portes à Paris. La Constellation est un coffee-shop culturel destiné aux personnes LGBTQIA+. La gérante, Laureline Levy, souhaitait offrir une alternative aux traditionnels lieux de sociabilisation de cette communauté. Pour elle, « la grande majorité des événements queer sont des soirées. Musique, alcool, foule… ce n’est pas forcément adapté pour tout le monde ». Ici, « entre les tables rondes, expositions, ateliers, projections, mais aussi la Bibliothéqueer qui s’installera dans ses murs, Laureline imagine que la Constellation puisse devenir un lieu phare où la communauté puisse se retrouver, des plus jeunes aux plus âgés, entre ami·es, pour lire un livre au calme, pour un date, le tout autour d’une carte “moitié végé, moitié vegan”. » [Les Inrocks]

 

Sur les écrans et dans l’agenda de Deuxième Page

  • Le documentaire de la semaine : Kate Nash est une autrice-compositrice-interprète anglaise qui a commencé la musique un peu par hasard et sans conviction au milieu des années 2000, à l’apogée de MySpace, lui permettant de se faire remarquer et d’être signée chez Universal à 20 ans à peine. C’est le début d’une ascension fulgurante vers la célébrité : d’abord, son single « Foundations », sorti en 2007, est devenu un tube incontournable au Royaume-Uni et en Europe, puis son premier album, Made of Bricks, a atteint le numéro 1 des charts britanniques. Après son deuxième album, l’artiste (constamment attaquée et rabaissée par les médias car elle ne rentre pas dans les codes de la pop star parfaite) commence à avoir envie de se tourner vers une musique plus mature, et surtout plus engagée, ce qui ne plaît pas à son label, qui décide de la renvoyer… par SMS. Kate Nash décide alors de tout quitter et de prendre un nouveau départ aux États-Unis, où elle est très peu connue, puis de se produire et de partir en tournée de manière totalement indépendante grâce à l’argent récolté par ses premiers albums, entourée d’une troupe exclusivement féminine. Grâce à des archives personnelles et télévisuelles et à des interviews collectées sur plusieurs années, la réalisatrice Amy Goldstein documente la carrière américaine de la chanteuse, entre sororité, messages féministes, concerts punk et débuts dans la comédie (elle joue depuis 2017 dans la série Netflix GLOW). Réalisé en 2018, Kate Nash: Underestimate The Girl (uniquement en anglais) veut lever le voile sur les dessous d’une industrie musicale toxique. Même si tu ne connaissais pas encore Kate Nash, sa détermination, sans filtre et sans retenue, te fera rire, pleurer et chanter.

Kate Nash: Underestimate The Girl, réalisé par Amy Goldstein, 2020. © Nerdbombers/Span Productions/Carolina Faruolo

  • Le projet de la semaine : la Station, lieu de rencontre et de vie LGBTQIA+ situé à Strasbourg, te propose d’ouvrir tes horizons littéraires. En plus de continuer ses nombreuses actions, son dernier projet en date va enrichir le quotidien de chacun-e, tout en offrant une plate-forme annuelle inédite à de petit-e-s créateurs-rices. Fantastiqueer, le salon des imaginaires LGBTQIA+, devrait ainsi émerger pour sa première édition les 18, 19 et 20 septembre 2020 et, à cette occasion, proposer de rencontrer un panel d’auteurs-rices orbitant autour de la fantasy, de la science-fiction ou du fantastique. Poussant plus loin que les tables rondes ponctuelles et discrètes d’autres salons et festivals, l’événement entend amplifier la portée d’œuvres et d’écrivain-e-s jusque-là invisibilisé-e-s, pour questionner autrement les frontières de notre réalité. Fantastiqueer se pose dès lors comme jalon autant que comme appel d’air pour les auteurs-rices LGBTQIA+, tout en proposant cette richesse au plus grand nombre. En plus du salon, une bibliothèque de références est d’ores et déjà disponible sur le site dédié, qui pourra être étoffée par tou-te-s et proposera ainsi une mine d’œuvres littéraires toujours plus grande. Tout cela pour varier nos moments d’évasion, porter de nouvelles paroles et changer des références omniprésentes. Que tu souhaites contribuer à leur campagne Ulule et passer une tête au salon ou juste parcourir/alimenter la bibliothèque Fantastiqueer, des univers entiers n’attendent que toi, et ils sont fantastiques.

 

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Image de une :  Kate Nash: Underestimate The Girl, réalisé par Amy Goldstein, 2020. © Nerdbombers/Span Productions/Carolina Faruolo