Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • L’écoféminisme en question — par Janet Biehl : la revue Ballast propose un extrait traduit du livre Rethinking Ecofeminist Politics de l’autrice américaine Janet Biehl. Ce texte apporte un regard critique sur certains concepts défendus par l’écoféminisme. En particulier sur la « glorification de l’oikos [la maison, le foyer] et de ses valeurs en tant que substitut de la polis et de sa politique ». Cette position pourrait être considérée « comme une tentative pour dissoudre le politique dans le domestique, le civil dans le familial, le public dans le privé ». Cela ne signifie aucunement que Janet Biehl défende la bureaucratisation actuelle, bien au contraire. Selon elle, le « champ politique démocratique – par opposition au domaine public d’État – est le seul ayant le pouvoir de combattre à la fois les intérêts privés qui détruisent la biosphère et les hiérarchies politiques qui dégradent et instrumentalisent les êtres humains ». Une critique argumentée qui fait réfléchir. [Ballast]
  • Traumatisée par son arrestation, la militante lesbienne égyptienne Sara Hegazy se suicide : les hommages fleurissent sur les réseaux sociaux en l’honneur de Sara Hegazy, connue en Égypte pour son militantisme en faveur des droits des personnes LGBTQIA+. Exilée au Canada depuis son incarcération violente par le gouvernement de son pays pour avoir « brandi un drapeau arc-en-ciel lors d’un concert », elle souffrait depuis de troubles post-traumatiques qui l’ont amenée à se donner la mort. Si l’homosexualité n’est pas illégale en Égypte, c’est malheureusement « sous l’accusation de débauche que régulièrement le régime égyptien s’en prend aux homosexuels. […] On les accuse de chercher à détruire le pays en pervertissant ses valeurs en important des mœurs de l’Occident ». [France Inter]
  • L’article à lire pour comprendre la crise économique et humanitaire qui ébranle le Liban : ce sont les grosses difficultés du secteur financier, liées à la fuite des capitaux étrangers, qui sont le principal facteur de cette crise économique. À l’heure actuelle, « près de 50 % de la population libanaise vit désormais sous le seuil de pauvreté, mais aucune réponse n’est pour l’instant apportée par la classe politique, rongée par la corruption et le clientélisme ». Cette situation est particulièrement dramatique pour les travailleurs-ses étrangers-ères et les réfugié-e-s. [Francetvinfo]
  • En France, l’édition jeunesse a une fâcheuse tendance à effacer les héroïnes racisées : dans la littérature jeunesse, les héroïnes racisées, déjà peu nombreuses, se trouvent invisibilisées, effacées des couvertures et de la communication autour des livres dans lesquels elles apparaissent. Nadège Da Rocha, créatrice du site Planète Diversité, remarque : « On a l’impression que le but, c’est de tout faire pour que le lecteur “lambda”, celui qui est blanc, hétéro, cis, valide…, ne se sente pas exclu, sans même prendre en compte que cette exclusion existe depuis des années envers les minorités. » La France semble une fois encore bien en retard sur ces questions, comme l’affirme Élodie-Aude, une jeune lectrice qui fait le triste constat du fossé avec les maisons d’édition américaines ou anglaises, qui  « n’ont pas peur de mettre en couverture un personnage asiatique, un personnage noir, une femme portant le voile ».  C’est ainsi toute une partie du lectorat français qui se tourne vers la littérature jeunesse anglophone, bien plus riche et diversifiée. [Slate.fr]
  • Traitée de « salope », Alexandria Ocasio-Cortez riposte avec un discours enflammé : fin juillet 2020, au Congrès américain, la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a prononcé un discours largement partagé sur les réseaux sociaux. Elle y recadre le républicain Ted Yoho, qui l’avait publiquement insultée de « fucking bitch ». Ses mots ont sonné très juste : « Pour finir, je tiens à exprimer ma gratitude à Monsieur Yoho. Je tiens à le remercier d’avoir montré au monde que l’on peut être un homme puissant et agresser verbalement des femmes. On peut avoir des filles et agresser verbalement des femmes sans avoir de remords. On peut être marié et agresser verbalement des femmes. » [Les Inrocks]

 

Sur les écrans et dans la bibliothèque de Deuxième Page

  • La vidéo de la semaine : la vidéaste Amazing Lucy partage sa lettre d’amour à la cinéaste Céline Sciamma et analyse avec un regard acéré sa courte mais passionnante filmographie, de Naissance des pieuvres à Tomboy, en passant par Bande de filles. Elle s’attarde sur sa dernière réalisation, Portrait de la jeune fille en feu, qui a notamment obtenu le prix du scénario et la Queer Palm au Festival de Cannes 2019, ainsi que le prix de la meilleure photographie aux Césars 2020. C’est puissant, fin, bourré de références et d’un rythme impeccable. Voici une critique cinématographique comme l’on aimerait en voir plus, qui enflamme de nouveau nos petits cœurs, toujours pas remis du film. Une réplique nous revient d’ailleurs, parmi tous ses dialogues ciselés, qui pourrait nous aider à traverser la période étrange que nous expérimentons aujourd’hui : « J’ai senti dans la solitude la liberté dont vous parliez. »

  • Le projet de la semaine : aujourd’hui, on te présente la revue semestrielle FemmesPHOTOgraphes, une réponse au manque de visibilité de la photographie produite par des femmes. Mettant à l’honneur des photoreportrices, des photographes de l’intime, du quotidien ou encore des plasticiennes, cette publication diversifie au maximum les regards et les vécus de femmes pour représenter au mieux la multiplicité de notre société. Tu pourras t’émerveiller au fil des pages, mais aussi réfléchir à la place des femmes dans cet art. Son numéro 8, « Vu.e.s d’ensemble », est d’ailleurs récemment paru. Pour soutenir l’équipe derrière cette revue, tu peux aussi t’abonner à sa newsletter. Une belle manière de te reconnecter à toi-même et aux autres à travers les mots et les images. Comme le dit si bien l’artiste et journaliste Karelle Ménine : « Le temps devient une image fixe, qui peut s’éterniser. Mais une image, fut-elle sidérante, est toujours une histoire. Plus nous retournons à elle, plus nous en discernons les détails, plus nous y découvrons une part de nous-mêmes. »

 

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