Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Yes, You Can Blame the Patriarchy for These Horrible Abortion Laws. We Did the Math. : mi-mai 2019, le gouverneur de l’Alabama, Kay Ivey, a signé un projet de loi visant à l’interdiction de l’avortement la plus restrictive des États-Unis, empêchant presque complètement aux médecins d’effectuer l’intervention, même en cas de grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste. Partout dans le pays, des sénateurs-rices Républicain-e-s sont en train de restreindre l’accès à l’avortement dans le but de présenter le cas devant la Cour Suprême des États-Unis (qui penche désormais du côté des conservateurs-rices) et de renverser Roe v. Wade, un arrêt rendu en 1973 qui atteste que le droit à l’avortement concerne le droit à la vie privée, laquelle est protégée par le quatorzième amendement de la Constitution des États-Unis. Ici, Mother Jones montre comment, dans une majorité des États attaquant le droit fondamental de chacun-e à disposer de son corps comme il ou elle l’entend, les hommes sont majoritaires : chacune des législatures, à l’exception de la Géorgie, compte un pourcentage inférieur à la moyenne de femmes siégeant dans leurs chambres. La moyenne nationale est d’environ 29 %, mais au Mississippi, en Louisiane et en Alabama, les femmes ne représentent par exemple que 16 % (et parfois moins) des législateurs-rices des États. [Mother Jones] [ENG]
  • Le « Manifeste cyborg », ou l’invention d’une histoire féministe : à l’occasion de la sortie de l’ouvrage collectif Habiter le trouble avec Donna Haraway, Libération revient sur le livre culte de la philosophe, Manifeste cyborg, qui a marqué le féminisme en explorant les rapports entre genre et technologie. Il a également contribué à l’émergence du cyberféminisme. « En affirmant qu’“être femme n’est pas un état en soi, mais [que cela] signifie appartenir à une catégorie hautement complexe, construite à partir de discours scientifiques sur le sexe et d’autres pratiques sociales tout à fait discutables”, Haraway rappelle que nos corps sont d’ores et déjà refaçonnés par la proximité avec la technologie. Par extension, elle invalide, à droite, l’idéologie de “l’écologie intégrale”, en vertu de laquelle corps féminin et retour à la terre se convertiraient en alliés insoupçonnés de la dénonciation de l’avortement, la contraception et la transidentité. Par-là, elle confère aussi une légitimité politique à l’existence de ceux dont les enveloppes charnelles matérialisent des expériences sociales en dehors des normes de genre – personnes trans, intersexes, ou non binaires. » [Libération]
  • Augmentation « spectaculaire » des cas de lesbophobie, selon SOS-Homophobie : dans son rapport annuel, SOS homophobie fait état d’une augmentation des cas de lesbophobie en 2018, allant des insultes à la violence physique, dans des situations professionnelles comme dans l’espace public. La hausse importante (+ 42 % par rapport à 2017) interroge. Elle peut s’expliquer par « une prise de parole des femmes plus forte, conséquence des mouvements comme #metoo et #balancetonporc », selon la coprésidente de l’association Véronique Godet. Les lesbiennes « se retrouvent au croisement du sexisme et de l’homophobie. Elles questionnent donc doublement une société qui repose, encore aujourd’hui, sur la domination masculine et l’hétéronormativité », explique Joce Le Breton, membre de SOS homophobie et corédactrice du rapport annuel. [Le Monde]
  • Nos attaques contre la grève du sexe sont à côté de la plaque, par Ovidie : un appel aux femmes à se mettre en grève du sexe : voilà l’idée proposée par des féministes américaines afin de reprendre le pouvoir sur leurs corps. Cependant, l’idée a du mal à prendre (en particulier en France), et les critiques à l’égard de cette manière de protester sont aussi nombreuses que passionnées. Ovidie revient sur chacune d’entre elles et s’interroge : à l’heure où nos droits sont remis en question, cette façon de lutter pour se réapproprier nos corps est-elle si absurde que cela ? [Le Nouvel Obs]
  • La critique ciné, un milieu toujours verrouillé par les hommes : le monde de la critique cinématographique est majoritairement occupé par des hommes et comporte une bonne dose de sexisme. Difficile alors pour les femmes de se faire une place dans ce milieu. Cela affecte la profession : sans représentation, les femmes manquent de modèles ; elles restent cantonnées à leur genre, soit à cause d’interventions extérieures, soit en raison de l’autocensure. Cela a également un impact plus large sur le milieu professionnel : « Quand une majorité de la critique ciné est produite par des hommes, cela affecte toute l’industrie, et toute notre perception du cinéma. C’est le fameux concept du male gaze : l’idée que la majorité de la production culturelle que nous consommons correspond au regard d’un homme hétérosexuel. Et cela ne risque pas de changer si les réalisatrices, comme les critiques, n’occupent pas plus de place. » [Slate.fr]

 

Dans la bibliothèque et sur l’écran de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : la journaliste Judith Duportail, cofondatrice du collectif Les Journalopes, a enquêté durant quatre ans sur l’empire Tinder, ses algorithmes et l’utilisation qu’il fait de nos données personnelles, et bien évidemment sur l’impact de l’application sur nos relations amoureuses. Dans son ouvrage L’Amour sous algorithme, un mélange d’enquête journalistique et d’autobiographie, l’autrice nous plonge dans les méandres de Tinder et de son cœur. Comment fonctionne l’application de rencontre, quels sont ses secrets et ses critères de notations ? Alors qu’elle explore les mécanismes de la machine, Judith Duportail s’interroge : dans sa vie à elle, comment peut-elle se défaire de son besoin de validation par les hommes, de sa jalousie des femmes et de son insécurité chronique ? Fluide, drôle et pertinent, le livre essaie de répondre à toutes ces questions, semant ici et là des réflexions personnelles, des analyses d’expert-e-s et des anecdotes intimes. Une lecture rafraîchissante et enrichissante, que tu utilises ou non les sites et applications de rencontre. Car au-delà de Tinder, c’est aussi notre rapport au monde connecté et la manière dont nous construisons nos relations humaines qui peuvent être interrogés.

  • Passion Podcasts, l’émission à écouter cette semaine : on aime beaucoup le podcast LSD chez Deuxième Page, on t’en parle souvent. Alors, cette semaine, histoire de ne pas manquer à nos bonnes habitudes, on te propose d’écouter leurs émissions « Punk, génération No Future », réalisées par Assia Khalid et présentées par Perrine Kervran. En quatre épisodes, découvre l’histoire du punk, ses métamorphoses, les groupes et artistes qui ont marqué le mouvement, mais aussi les revendications que ses adeptes ont porté et qui ont été celles de plusieurs générations. Au micro de Perrine Kervran : des punks, des chercheurs-ses, des artistes et des auteurs-rices. Tou-te-s se succèdent pour raconter l’émergence du mouvement et aborder ses spécificités. Car le punk, en 2019, se révèle encore méconnu. C’est parti pour quatre heures de contestations… et d’information !

 

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