Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Les séries télé nous rendent-elles vraiment intelligents ? : en France, le mépris que l’on a pour la télévision a des conséquences directes : on refuse la discussion, l’analyse, l’appréciation et la critique d’objets culturels populaires, lesquels influencent nos vies de tous les jours. Cet épisode de l’émission « Du grain à moudre » aborde le sujet de manière un peu détournée, mais de façon suffisamment intéressante pour nous questionner sur l’état du paysage culturel en France. Enfin, on ne peut que constater le manque de critiques et d’intellectuel-le-s pour intervenir dans ces conversations, les invité-e-s de ce genre d’émissions étant généralement les mêmes, malheureusement. [France Culture]
  • Why travel photographers must take more responsibility : un superbe essai sur la responsabilité des photographes envers les personnes qui apparaissent sur leurs images, du moment de la capture à celui du traitement des photos : « En tant que photographes de voyage [travel photographers], nous avons la responsabilité de toujours apporter un contexte approprié. Dans le cas contraire, nous devenons involontairement responsables quant à la perpétuation de préjugés et de stéréotypes, soit les choses que nous avions juré de combattre une fois que nous aurions notre appareil photo et une plate-forme pour partager notre travail. » [Adventure.com] [ENG]
  • LSD, la série documentaire par Perrine Kervran : Céline du Chéné et Laurent Paulré ont consacré quatre épisodes de cette émission radio aux sorcières. [France Culture]
  • Au Chili, des centaines d’étudiantes occupent des universités pour dénoncer le harcèlement sexuel : « Les manifestantes exigent que toutes les universités mettent en place un protocole à appliquer en cas de harcèlement sexuel et que les coupables soient systématiquement sanctionnés, ce qui est rarement le cas aujourd’hui. » [Le Monde]
  • Le discours engagé d’Asia Argento – Cannes 2018 : durant la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, Asia Argento a rappelé à tout le monde la réalité du milieu du cinéma : « Et parmi vous, dans le public, il y a ceux à qui l’on n’a pas encore demandé de comptes sur leur comportement envers les femmes, un comportement indigne de cette industrie, un comportement indigne de n’importe quelle industrie. Vous savez qui vous êtes, et plus important encore, nous, nous savons qui vous êtes. Nous n’allons pas vous permettre de vivre dans l’impunité. » [Cinéma CANAL+]

 

Les lectures de la rédac de Deuxième Page

  • Dans la #bibliotheque2P en ce moment, quelques lectures essentielles :
    • Seuls les poissons morts suivent le courant, d’Alice Gautreau, éditions Pygmalion, 2018 : un livre écrit avec toute l’authenticité de la jeune femme qui en est l’autrice. Alice Gautreau est une sage femme, et elle travaille pour Médecins sans frontières. Dans ce livre, elle raconte son parcours, ainsi que sa mission sur L’Aquarius, le bateau qui est chargé de donner les premiers soins médicaux aux migrantes et aux migrants sauvé-e-s en mer par SOS Méditerranée. Une lecture indispensable pour comprendre la réalité derrière les chiffres, pour ouvrir les yeux aussi. Le gros plus : une partie des bénéfices de la vente du livre est reversée à Médecins sans frontières.
    • Your Silence Will Not Protect You: Essays and Poems, de Audre Lorde, éditions Silver Press, 2017 : pour la première fois, les textes essentiels d’Audre Lorde sont réunis dans un recueil par une maison d’édition britannique. Cette lecture est donc malheureusement réservée aux anglophones. La littérature de celle qui se décrivait elle-même comme « noire, lesbienne, mère, guerrière, poétesse » est plus vitale que jamais. Sa poésie, sa résilience, sa voix ne pourraient être contenues dans un simple ouvrage, mais ce dernier est un premier pas vers la découverte nécessaire de cette femme hors du commun (tu peux aussi lire le portrait que l’on avait fait d’elle pour « The F-World »).
    • Treize jours, de Roxane Gay, Éditions Denoël, 2017 : l’un des premiers romans de Roxane Gay, avec laquelle on te rabâche les oreilles depuis une éternité, qui est sorti dans sa version originale en 2014. En France, jusqu’à l’an passé, aucun signe de traduction, ou même l’espoir de voir enfin les textes de l’autrice apparaître dans nos bibliothèques dans la langue de Yourcenar. Et là, surprise : Denoël entreprend de traduire une grande partie de son œuvre. Lire Treize jours est une épreuve intime, dure. Mais c’est une lecture si prenante qu’il serait idiot de passer à côté. Déjà, dans ce roman, Roxane Gay montre son talent pour décrire les cheminements psychologiques de ses personnages, pour créer un lien entre les lecteurs-rices et ses protagonistes.
    • Défense de la poésie, de Percy Bysshe Shelley, éditions Rivages, 2011 : old but gold, cet essai de l’écrivain romantique britannique du XIXe siècle est une pépite. Shelley y fait son panthéon de poètes indispensables, auquel il manque essentiellement des poétesses. Malgré son côté progressiste, ses petites pulsions pour un mode de vie anarchiste et rock star avant l’heure, Shelley n’est pas totalement détaché du sexisme de son époque, et là est la limite de sa Défense de la poésie, qui réserve le génie à celui des hommes. Pour autant, son texte reste une ressource intéressante, si tant est qu’on l’applique au-delà du genre. Il y définit sa vision du poète (et de la poétesse, donc), et la replace dans l’histoire de la littérature : le poète ou la poétesse est un-e philosophe, voire un-e théoricien-ne de l’existence. Shelley parle de l’imagination avec une emphase peu commune, qui nous donnerait presque envie d’enfiler une redingote et de faire un saut dans le temps.
    • Paper Girls : Tome 1, de Vaughan Brian K. et Chiang Cliff, éditions Urban Comics, 2016 : le premier tome d’une super série qui suit les aventures de Mac, KJ, Tiffany et Erin, des livreuses de journaux hautes en couleur. Leur quotidien tranquille valse rapidement, pour plonger lectrices et lecteurs dans un univers futuriste et audacieux, avec la saveur des 80’s, des Goonies, et de la littérature jeunesse la plus mémorable.
    • La Main gauche de la nuit, de Ursula Le Guin, éditions Le Livre de poche, 2006 : l’autrice Ursula Le Guin nous a quitté-e-s en janvier 2018, et nous avons alors perdu l’une des plus grandes écrivaines de science-fiction de notre temps. Ce roman culte de SF paru en 1971 pour la première fois en France est une excellente manière de s’initier à son univers, de se plonger dans le labyrinthe de son esprit. Si tu veux lire de la science-fiction avec de fortes dimensions écologiques, anarchistes et féministes, tu sais quoi faire !
  • « Noire n’est pas mon métier » : 16 actrices signent un livre-manifeste pour une représentation plus juste au cinéma : lors du Festival de Cannes, il y a eu quelques moments forts, dont la montée des marches par 16 actrices noires françaises afin d’envoyer un message fort au cinéma. Sur le tapis rouge, les 16 femmes ont levé le poing en signe de revendication – elles ont dansé aussi, et c’était un beau moment –, un geste qui suit la sortie du livre collectif Noire n’est pas mon métier, qu’elles ont cosigné. Parmi elles, on retrouve l’actrice Aïssa Maïga, qui témoigne ici pour Brut du racisme omniprésent dans le septième art en France. [Francetvinfo] [Brut]

 

Les articles les plus lus sur Deuxième Page 

 


Image de une : Marche contre la violence faite aux femmes, Santiago, Chili, 11 mai, 2018. © Martin Bernetti/Agence France-Presse – Getty Images