Cielle est convaincue qu’il n’est pas toujours nécessaire de partir pour voyager et qu’on s’évade aussi grâce à la culture. Avec un livre, un film, une série ou autre, elle peut découvrir d’autres villes et d’autres histoires, se balader dans le temps et vivre des vies qui ne sont pas les siennes. L’art a ce pouvoir. C’est quelques-uns de ses voyages culturels que Cielle veut te présenter aujourd’hui, pour que ton été soit riche en dépaysement. Et comme elle sait que, quoiqu’il arrive, la réalité nous revient toujours en pleine figure, elle te propose aussi quelques pistes pour l’affronter au mieux, quand c’est nécessaire.

Dix pour cent
Battle of the Sexes
Quoi de meuf ?
Books by Women
Tout est politique
Gentilles filles, braves garçons, de Roopa Farooki
Soirées Ciné Pop’
Du coq à l’âme, de Lynda Lemay
Madame Oreille
Nkali
Théâtre des Quartiers d’Ivry

 

La série qui aime le ciné

Dix pour cent

Créée en 2015 par Fanny Herrero, Dix pour cent est une série française qui met en scène quatre agent-e-s artistiques et leurs assistant-e-s. En mêlant leur vie privée et leur vie professionnelle, elle propose des personnages attachants et une incursion dans le milieu cinématographique. L’originalité vient du fait qu’à chaque épisode, au moins un acteur ou une actrice joue son propre rôle en tant que client-e de l’agence, ce qui leur demande un certain degré d’autodérision. C’est assez rafraîchissant, parfois drôle, souvent touchant. J’ai beaucoup aimé retrouver Cécile de France, Audrey Fleurot, Nathalie Baye et Laura Smet, ainsi que Juliette Binoche dans le dernier épisode de la saison 2, qui m’a émue aux larmes. Il y a aussi deux points forts à noter : la présence majeure d’un personnage principal lesbien (interprété par Camille Cottin), sans que ce soit caché ou présenté comme un sujet de la série, et la mise en avant de la difficulté d’être racisé-e dans le monde du cinéma. S’ils ne sont pas traités parfaitement, ils ont néanmoins le mérite d’exister. Malgré ses défauts, Dix pour cent est une réussite (et l’une des meilleures séries françaises à ce jour). Et la saison 3 pourrait être diffusée sur France 2 en septembre 2018, ce qui serait un bon moyen de terminer l’été !

Les deux premières saisons sont disponibles sur Netflix.

 


Le film énergisant

Battle of the Sexes, de Jonathan Dayton et Valerie Faris

Battle of the Sexes raconte l’histoire vraie de la joueuse de tennis Billie Jean King en 1972 et 1973, et notamment la « bataille des sexes » (match d’exhibition entre une femme et un homme) entre cette dernière (Emma Stone) et Bobby Riggs (Steve Carell). Il retrace la lutte féministe de B. J. King, qui a protesté contre le montant des primes versées aux joueuses, beaucoup moins importantes que celles données aux joueurs, et qui a prouvé que non, les femmes ne sont pas moins bonnes au tennis que les hommes. On découvre également une partie de la vie amoureuse de la sportive qui, alors qu’elle doit se concentrer sur ses matchs, s’éprend de Marilyn Barnett, son assistante, et décide de vivre cette histoire. Le film ne le dit pas, mais des années plus tard, elle sera contrainte par cette dernière de faire son coming out publiquement, ce qui entraînera la perte de tous ses contrats. Elle est devenue une défenseuse des droits LGBTQ+, et en 2009, Barack Obama lui a remis la médaille présidentielle de la Liberté pour son combat en faveur des femmes et des homosexuel-le-s. Malgré le sujet, Battle of the Sexes est joyeux et instructif. Il donne envie de se battre et de faire taire les misogynes de tous bords. Il donne aussi l’espoir de croire que tout n’est pas perdu. On en ressort avec le sourire et plein-e d’énergie. Amoureux-se aussi. Un film à voir et à revoir.

Battle of the Sexes est disponible en DVD et Blu-ray, ainsi que sur différentes plates-formes de VOD.

 


Le podcast pour s’abreuver de pop culture

Quoi de meuf ?

Quoi de meuf ?, c’est d’abord une newsletter hebdomadaire qui parle de féminisme et de pop culture : tout ce qu’on aime chez Deuxième Page ! Alors quand la version podcast, produite par le studio Nouvelles Écoutes est sortie, j’ai évidemment sauté de joie. Un dimanche sur trois depuis fin 2017, les journalistes Clémentine Gallot et Mélanie Wanga décortiquent un sujet sous un angle féministe et intersectionnel. Les thèmes sont variés (body positivism, littérature jeunesse, santé mentale, réseaux sociaux, etc.) et les exemples de pop culture nombreux. En 40 à 45 minutes, on a le temps d’apprendre plein de choses et d’approfondir les questions qui nous intéressent (pour moi, les règles par exemple) ou nous intriguent (comme les sorcières). Il est préférable d’avoir de quoi noter toutes les références culturelles qui te donneront envie – et il y en aura, crois-moi. Quoi de meuf ? dose savamment la théorie et les exemples, le lourd et le léger. Il y a des chances que tu y trouves ton bonheur.

Toutes les émissions sont disponibles sur le site officiel de Quoi de meuf ?.

 


La newsletter pour préparer la rentrée

Books by Women

Depuis que je me suis rendu compte, il y a quelques années, que je lisais essentiellement des hommes − parce que c’est ce que l’on me proposait −, j’ai décidé de changer mes habitudes et de modifier mon ratio auteurs/autrices. Je me suis abonnée à Books by Women avec cet objectif : découvrir des œuvres écrites par des femmes. Environ une fois par mois, Elsa, libraire, envoie une ou deux courtes listes d’ouvrages répondant à ce critère. Et il y en a pour tous les goûts : littérature adulte, jeunesse, bandes dessinées, etc. Je ne connaissais pas beaucoup de titres dans ceux conseillés, ce qui m’a permis d’allonger considérablement ma liste de livres à lire. Et j’ai fait quelques belles découvertes : Le Cœur battant de nos mères (Brit Bennett), Les Femmes de Brewster Place (Gloria Naylor) et Les Stances à Sophie (Christiane Rochefort), entre autres. Le plus de cette newsletter, c’est que tu peux toi aussi y contribuer. Il suffit de soumettre à Elsa un petit texte sur l’ouvrage que tu veux faire connaître. En plus de lire davantage d’autrices, j’essaie de découvrir des auteurs et autrices racisé-e-s, et pour ça, rien de mieux que de s’inscrire à cette autre newsletter, Atoubaa Letters.

Si tu veux t’abonner à Books by Womenc’est ici.

 


La chaîne YouTube pour rafraîchir tes idées

Tout est politique

En plus d’être un blog, Tout est politique est une chaîne YouTube tenue par Buffy Mars. Initialement, ses vidéos traitaient essentiellement de séries télévisées, toujours présentées et critiquées avec un angle féministe. Depuis peu, Buffy Mars a décidé de se lancer dans la sphère « booktube » et de partager ses dernières découvertes de livres sur des sujets féministes, politiques, et en rapport avec les sciences sociales. Dans sa première vidéo, diffusée en mai dernier, la jeune femme présente des œuvres variées (roman, article, magazine, essai…) et nous explique en quoi elle les a aimées et ce qui a pu la déranger. La vidéaste ne prétend pas savoir mieux que tout le monde quels livres doivent être lus, elle se contente de nous donner son avis, de manière argumentée et spontanée, et ses analyses sont souvent pertinentes et éclairantes. En complément de ses vidéos, la blogueuse fournit les références de ses lectures et quelques liens utiles. De quoi se construire une bonne base de données d’ouvrages à découvrir (ou à éviter) et de sujets à approfondir.

Abonne-toi à la chaîne Tout est politique pour ne pas manquer les prochains conseils littéraires de Buffy Mars.

 


Le livre pour la plage

Gentilles filles, braves garçons, de Roopa Farooki

Dans la famille Saddeq, les deux garçons ont été élevés pour être braves, et les deux filles pour être gentilles. Mais leur mère était intraitable et manipulatrice. Qu’est devenue cette fratrie, éparpillée entre Londres, New York et Lahore, à l’âge adulte ? À l’heure d’enterrer leurs morts, ils et elles reviennent sur leur passé et renouent avec. Il est peut-être temps de régler ses comptes d’ailleurs. Roopa Farooki fait le portrait de quatre personnes, qui ont été façonnées dans leur enfance par leurs parents et qui ont grandi en sachant quel destin leur était réservé. Ce quatuor de protagonistes se dévoile au fur et à mesure du récit, et l’on s’y attache, au point que l’on voudrait qu’il dure plus longtemps. Comme dans tous ses romans, l’autrice traite de sujets qui peuvent être complexes : l’histoire de l’Inde et du Pakistan, la famille, la transmission des valeurs, l’immigration et le déracinement, le multiculturalisme, les relations amoureuses, ou encore la vieillesse, et bien sûr la mort. Elle a toujours cette écriture fluide et agréable, qui nous transporte dans chaque lieu ou période qu’elle décrit. On s’y croirait tellement que j’ai lu tous les autres romans de Roopa Farooki.

Tu as envie de lire Gentilles filles, braves garçons (éditions Gaïa) ? Tu as raison. Ton ou ta libraire pourra t’aider à le trouver, ou tu peux le commander ici.

 


Le festival pour pique-niquer

Soirées Ciné Pop’

C’est enfin la saison du cinéma en plein air, et de nombreux festivals fleurissent sur les pelouses. Mais quand vient la pluie, on se trouve fort démuni-e-s. Le Centquatre, à Paris, propose une solution : tous les samedis de juillet ont lieu les soirées Ciné Pop’, en accès libre, sous la verrière. Dès 19 heures, tu peux venir t’y poser avec ton pique-nique, ou profiter de la restauration sur place. Une scène ouverte offre à chacun-e un temps d’expression artistique libre. Et à 22 heures, un film préalablement choisi par les internautes lors d’un vote début juin, est projeté. Gaspard va au mariage (d’Antony Cordier) et Persepolis (de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud) ont été diffusés les 7 et 14 juillet, et tu pourras voir (ou revoir) Patti Cake$ (de Geremy Jasper) le 21 juillet, et Divines (de Houda Benyamina) le 28 juillet. Une sélection qui me ravit, puisque j’avais beaucoup aimé les trois derniers et que je ne dirais pas non à un nouveau visionnage dans un endroit aussi chouette que le Centquatre. Même si tu n’es pas dispo ces jours-là, n’hésite pas à aller faire un tour dans cet espace culturel atypique qui propose des activités et des représentations de tous styles à destination de tous les publics. On s’y croisera peut-être !

Pour tout connaître du Centquatre et des soirées Ciné Pop, c’est par là.

 


L’album pour ne pas danser

Du coq à l’âme, de Lynda Lemay

Il y a des artistes qui nous collent à la peau, que l’on connaît depuis des années et dont on ne se lasse pas, parce qu’ils et elles tombent toujours juste. C’est le cas de Lynda Lemay. Découverte à un âge où je n’étais pas capable de comprendre la moitié de ses chansons, elle ne m’a plus lâchée depuis. Cette autrice-compositrice chante des chansons sur la vie quotidienne, les chagrins d’amour, les drames invisibles. Elle écrit à peu près sur tout, et c’est ce qui fait que l’on peut s’y retrouver. Dans Du coq à l’âme, le premier album que j’ai écouté, elle raconte par exemple une histoire d’un soir, la culpabilité d’une femme qui a placé sa mère en maison de retraite, les soirées ratées, la joie de faire de la moto, un amour déçu, les pensées d’une mère qui a battu sa fille, ou encore un amour retrouvé. Tout ça − et plus encore − dans un seul album. Mais ce qui importe le plus, ce sont ses paroles : elles nous transportent, elles nous touchent, et nous entraînent dans d’autres réalités. Il y a toujours une phrase, un extrait qui fait écho à ce que la vie nous a appris, de bon comme de mauvais. Et c’est en écoutant Lynda Lemay que je me suis rendu compte que je n’étais pas seule. Que ce que je vivais, quelqu’une le comprenait.

Pour écouter les albums de Lynda Lemay, rends-toi chez un-e bon-ne disquaire, ou directement sur une plate-forme payante en ligne.

 


L’artiste à découvrir

Madame Oreille

Le meilleur moyen de voyager sans bouger de chez soi ? Visiter le blog de Madame Oreille ! Depuis 2009, la photographe Aurélie Amiot parcourt le monde et partage ses récits et photos de voyages. Elle part tantôt en solo, tantôt en famille, selon la destination et le type de séjour. Elle en revient toujours avec des anecdotes intéressantes et des photographies incroyables, lesquelles me donnent à chaque fois envie de découvrir le lieu en question − et ceci qu’il s’agisse d’un village du centre de la France ou d’une ville en Azerbaïdjan. Récemment, elle est partie durant cinq semaines avec sa fille à Sumatra, en Indonésie. Les photos sont d’ores et déjà disponibles sur son blog, et les vidéos devraient être postées prochainement. En 2017, Aurélie Amiot a sorti un film, Retour au Groenland, dans lequel elle refait l’itinéraire que son père avait parcouru en 1980. Il ne fait ainsi aucun doute que la famille est importante pour l’artiste, que ce soit la sienne ou celle des autres. Si ses clichés de paysages sont particulièrement beaux et esthétiques, le regard qu’elle porte sur les personnes qu’elle immortalise est bienveillant et aimant. Il en ressort des sourires et des moments de grâce, qui donnent envie d’aller les vivre en vrai.

Si toi aussi, tu veux voyager sans bouger de chez toi, cours sur le site de Madame Oreille.

 


L’initiative à soutenir toute l’année

Nkali, agence d’empowerment et de stratégie dédiée aux femmes racisées

En 2017, Marie Dasylva a créé Nkali, une agence d’empowerment dont l’objectif est d’élaborer des stratégies pour aider les femmes racisées, subissant à la fois du racisme et du sexisme, à s’armer dans leur environnement professionnel. Marie Dasylva coache ses « pépites » (clientes) en fonction de leur situation individuelle. Elle organise aussi des ateliers sur des thématiques diverses (préparation d’oral, négociation, micro-agressions racistes et sexistes, etc.). Les retours des participantes sont toujours positifs et permettent de rappeler à quel point ce genre d’initiative est essentiel. Sur Twitter, Marie Dasylva fait chaque semaine un thread #JeudiSurvieAuTaf, dans lequel elle décrit une stratégie qu’elle a mise en place pour l’une de ses clientes. C’est toujours instructif, que ce soit pour les personnes racisées, bien sûr, qui peuvent y trouver des moyens de lutter dans un environnement hostile, ou pour les personnes blanc-he-s, qui peuvent (doivent !) prendre conscience de leurs privilèges et des choses à faire et ne pas faire dans le monde du travail.

Tu peux suivre cette organisation d’utilité publique sur Twitter et Facebook, la soutenir financièrement et en parler autour de toi.

 


Le bonus de la subjectivité

Théâtre des Quartiers d’Ivry

Il y a des lieux dans lesquels on se sent tout de suite bien. La Manufacture des œillets, à Ivry-sur-Seine, qui héberge le Théâtre des Quartiers d’Ivry, est de ceux-là. Cette grande halle en briques avec structure apparente au plafond renferme deux salles de spectacle et un espace pour l’Atelier théâtral. L’endroit est agréable et convivial. J’aime arriver en avance pour profiter du lieu et savourer ce moment d’impatience avant le début des pièces. Je passe systématiquement un bon moment et ressors toujours avec des compliments plein la bouche et des réflexions plein la tête. La programmation est excellente, riche et engagée. Cette année, j’ai par exemple vu Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Charles Berling, Les Reines de Normand Chaurette, mis en scène par Élisabeth Chailloux, et Noire de Tania de Montaigne, mis en scène par Lucie Nicolas. Devant tant de diversité et de qualité, ai-je séché la Comédie-Française et le théâtre national de la Colline, à Paris ? Oui, sans regrets. À noter qu’en plus, les tarifs sont abordables, surtout quand on prend un abonnement.

Pour connaître la programmation du Théâtre des Quartiers d’Ivry, c’est par là.

 


Image de une : montage réalisé par Deuxième Page. Crédits photos de l’article : © Twentieth Century Fox France / Éditions Gaïa / Jean Francois Berube / Inès Belgacem / Nabil Boutros / DR