Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Disney+ subtracts the studios’ racist movie history : alors que Disney prépare le lancement de Disney+, la plate-forme de streaming sur laquelle il sera possible de trouver tous leurs classiques, il semblerait que le studio ait décidé de retirer certaines scènes et films de son offre. Entre autres, le film Mélodie du Sud ainsi que la scène musicale « Les corbeaux » de Dumbo, dans laquelle apparaît la version animée de Jim Crow, une caricature raciste des personnes afro-américaines, qui a donné son nom aux lois ségrégationnistes du sud des États-Unis entre 1876 et 1964. Ces décisions, qui paraissent avisées, posent pourtant une question importante : Disney va-t-il effacer la moitié de sa production en raison des sous-textes qui la caractérisent ou des représentations racistes qu’une partie de ses films perpétuent ? Quid des stéréotypes ouvertement racistes qu’incarnent par exemple les chats siamois dans Les Aristochats et La Belle et le Clochard ? Ou les Amérindien-ne-s dans Peter Pan ? La liste est longue. [Fast Company][ENG]
  • Women’s Homicidal Rage Is All Over TV—and It’s Funny : les changements au cœur des productions sérielles révèlent une certaine tendance, que l’on peut facilement mettre en lien avec le nouveau souffle féministe en ligne. Comme en réaction aux figures morales conservatrices qui sont supposées définir ce qu’être une femme signifie, l’on voit se multiplier des protagonistes animées par une rage singulière, laquelle est énormément liée à la condition féminine. De nouvelles séries comme Killing Eve ou Santa Clarita Diet mettent en scène des femmes radicales, pleines de colère, et dont le jusqu’au-boutisme est incroyablement drôle. La rage féminine devient alors rage féministe, et on en redemande. « Coming soon: Male Tears: The Movie. » [Wired][ENG]
  • Cyberharcèlement : « Les influenceurs ne sont pas coupables, mais ils sont responsables » : sur les réseaux sociaux, les gros comptes (visibles, avec un grand nombre d’abonné-e-s) ont de l’influence. Pourtant, dans de nombreux cas, ces influenceurs publient sans se soucier des conséquences de leurs propos, et sans les assumer. C’est ainsi que de nombreuses féministes sont harcelées, à la suite d’un post ou d’un tweet. Pour Numerama, certaines d’entre elles témoignent, deux plaintes ayant par ailleurs été déposées contre X. Il est grand temps de se rendre compte que nos actions en ligne ont des conséquences réelles : « Les messages des influenceurs ne sont pas tous des appels au harcèlement. Certains ne contiennent même aucune insulte. Pourtant, tous ont conduit à des vagues de harcèlement extrêmement violentes. Les victimes, streameuses ou militantes, nous ont expliqué qu’elles souhaitaient mettre les vidéastes et streameurs face à leurs responsabilités. » [Numerama]
  • L’histoire de M., première personne intersexe au monde à porter plainte pour mutilations : quand la médecine se mêle de ce qui ne la regarde pas, les conséquences peuvent être désastreuses. C’est notamment le cas lorsque des médecins réalisent des interventions chirurgicales − des mutilations, en fait − sur des enfants intersexué-e-s en parfaite santé, après avoir convaincu les parents que de telles procédures étaient nécessaires. Dans cet article, M., 41 ans, revient sur ce qu’ont été son enfance et sa construction à une époque où les informations manquaient fortement sur l’intersexuation. M. raconte les conséquences physiques et psychologiques des opérations et violences subies. En 2015, M. a porté plainte contre X, notamment pour « violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente », « violences sexuelles » et pour « détérioration définitive des organes génitaux ». Cette plainte a été rejetée en raison des prescriptions, mais son combat continue devant la Cour européenne des droits de l’homme. [Slate]
  • JO 2024 : la colère des habitants de Saint-Denis, oubliés des projets de renouveau urbain : l’argent investi pour les Jeux olympiques de 2024 et les nouvelles infrastructures permettront-elles d’améliorer les conditions de vie des habitant-e-s de Saint-Denis et des communes environnantes ? Différents groupes et collectifs en doutent fortement et craignent même l’effet inverse. Ils se mobilisent pour proposer des projets d’aménagement alternatifs et faire entendre leurs voix. Un collectif espère même faire annuler l’événement. [Reporterre]

 

Dans la bibliothèque et sur l’écran de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : les essais de Mona Chollet se lisent comme des romans, ce qui les rend accessibles. Mais cette accessibilité de forme n’empêche pas un fond recherché et pertinent. Dans son dernier ouvrage, Sorcières : La Puissance invaincue des femmes, elle s’intéresse aux caractéristiques des femmes qui ont été considérées, à travers l’histoire, comme des sorcières. Encore aujourd’hui, les stéréotypes qu’on leur accole sont très présents. Bien souvent, elles ne sont pas représentées dans la culture, ou mal. Ce livre est source à la fois de déculpabilisation et de réflexion. Il nous pousse à prendre conscience que les schémas dans lesquels on enferme les femmes sont faits pour limiter leurs libertés, et que les existences que l’on voudrait leur imposer ne sont que des chimères. Nous avons la liberté d’être ce que nous voulons être et de choisir le cours de nos vies. Nous avons le droit d’être célibataires, de ne pas avoir d’enfants et de vieillir. C’est pourtant mal vu, mal compris, mal accepté. C’est pourquoi il est si important de l’écrire, et de pouvoir le lire.

  • L’event de la semaine : les 25 et 26 mai prochains, les sorcières investissent le théâtre de la Girandole, à Montreuil, pour un sabbat culturel et une convocation réjouissante des esprits de la nature. Le festival Écoféminisme & Sorcellerie se tiendra sur deux journées, durant lesquelles tu pourras errer entre ateliers de numérologie, de reiki, d’herboristerie ou t’attarder sur la projection des films Regarde, elle a les yeux grand ouverts ou La Sorcellerie à travers les âges. Mais tu pourras aussi, si tu le souhaites, faire une pause au café-librairie, tendre une oreille pour écouter des histoires de sorcières, ou te laisser envoûter par un débat, une pièce de théâtre ou des musiques ensorcelantes. N’hésite pas à réserver !

Réinterprétation de La Sorcellerie à travers les âges (1922) par Caput Draconis avec une bande-son live.

 

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Image de une :  Killing Eve, créée par Phoebe Waller-Bridge, 2018-2019. © BBC America