Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Viols collectifs au collège : brisons le silence et agissons ! : en octobre 2019, des collégiennes ont porté plainte pour des viols en réunion commis par d’autres élèves. Il est inacceptable qu’elles aient eu à subir ces agressions, inacceptable que le collège n’ait rien fait pour empêcher cela. Mais il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé. Après la prise de parole d’Adèle Haenel et la marche du 23 novembre, nous continuons le combat. Aujourd’hui, nous exigeons des politiques ambitieuses pour briser le silence qui entoure les viols à l’école, pour construire « une réelle culture de l’égalité et du consentement » et pour lutter contre les violences dans le cadre scolaire. « Il est urgent que l’Éducation nationale se donne les moyens de mettre en place de véritables plans de formation à tous les niveaux (ministère, académies, établissements) assurés par des intervenant·e·s réellement formé·e·s à destination de tous ses personnels et de tous les élèves pour déconstruire les préjugés sexistes, lutter contre la culture du viol et éduquer à l’égalité des sexes et à la sexualité. » [Mediapart]
  • Le seul numéro d’aide aux victimes de violences sexuelles manque terriblement de moyens : une nouvelle preuve (s’il en fallait une) du manque de financements pour lutter contre les violences faites aux femmes en France : Viols Femmes Informations, la seule ligne téléphonique nationale destinée aux femmes victimes de violences sexuelles, n’arrive à traiter que 10 % des appels qu’elle reçoit. Pour 60 000 sollicitations par an, l’association compte huit salariées et une bénévole. Une des écoutantes explique : « La première étape est de déconstruire ce qui s’est passé et déculpabiliser la victime […]. L’objectif est ensuite de guider les femmes dans leurs démarches, que ce soit sur le plan judiciaire ou médical. » Les membres de l’association aimeraient que la France s’inspire de la Belgique en ouvrant des centres uniques pour prendre en charge les victimes : « Dans un seul et même endroit, les femmes peuvent recevoir des soins psychologiques et médicaux, et faire une constatation médico-légale. » [Streetpress]
  • Aux féministes blanches mainstream, islamophobes, universalistes et exclusives : les actes et les discours islamophobes se multiplient en France. On a pu notamment le voir avec l’annonce du ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui a affirmé que le « port du voile » des mères accompagnatrices n’était « pas souhaitable » lors des sorties scolaires. Ndella Paye, militante afroféministe, s’adresse dans cet article aux femmes blanches se revendiquant féministes antiracistes mais qui voient, dans le port du voile, un symbole ultime d’oppression. Au contraire, parfois, « le foulard peut être, pour une femme musulmane non blanche, une forme de résistance à une société qui nous met en demeure, chaque jour que Dieu fait, de nous assimiler, d’être Française dans ce sens exclusif et étriqué de la doxa assimilationniste qui nie les identités multiples », explique Ndella Paye. Sa colère est grande – et justifiée : « La violence venant de féministes blanches a assez duré. Votre silence complice est impardonnable. S’il nous faut lutter contre deux ennemis : le patriarcat et le féminisme blanc, qu’il en soit ainsi. Vous serez comptées parmi nos ennemies, car il ne saurait y avoir de sororité à sens unique et le racisme ne peut avoir sa place dans le féminisme. » [Mediapart]
  • Handicap : ces militants qui cassent les codes : en France, dans la société, en politique ou encore dans les médias, les personnes en situation de handicap sont invisibilisées. Le système, extrêmement validiste, les met de côté, ne les considérant pas comme des individu-e-s à part entière, capables d’exister librement et de faire leurs propres choix. Des militant-e-s veulent changer cela et remettre le handicap au cœur du débat public et de la discussion politique. À l’instar de la lutte contre le racisme ou pour l’égalité entre les femmes et les hommes, les personnes en situation de handicap mènent une lutte d’émancipation. C’est ce que souligne Elisa Rojas, cofondatrice du Collectif lutte et handicaps pour l’égalité et l’émancipation (Clhee). Dans cette enquête très détaillée, Libération revient sur le militantisme actuel, sur les problématiques qui se posent à tous les niveaux, sur l’institutionnalisation, sur l’absence de données statistiques, sur le modèle activiste américain des années 1970… Un large panorama qui nous permet de prendre conscience du combat qu’il reste à mener par et pour les personnes en situation de handicap, et des privilèges dont jouissent les personnes valides qui feraient bien de se mettre en retrait et de soutenir la lutte. [Libération]
  • Il y a trente ans à Montréal, le premier féminicide de masse : il y a trente ans, le 6 décembre 1989, Marc Lépine a tué quatorze femmes et blessé quatorze autres personnes à l’École polytechnique de Montréal (Canada). Il s’agit du premier féminicide de masse revendiqué. Les femmes ont été visées parce qu’elles étaient des femmes, et qu’elles faisaient des études pour devenir ingénieures. Le tueur haïssait et combattait le féminisme. Le Monde revient sur cette journée. Alors que nous parlons de plus en plus des féminicides – mais qu’aucune mesure concrète n’est prise –, rappelons-nous que depuis toujours, les femmes sont tuées parce que femmes. Et qu’il est grand temps que cela change enfin. [Le Monde]

 

Sur les étagères et dans les oreilles de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : certains ouvrages sont pareils aux rêves. Dans l’album Hallali (éditions de L’œuf), Claire Malary nous emporte dans un voyage singulier. Une jeune femme sort d’un immeuble et, s’apercevant qu’on la suit, tente de s’échapper. En parallèle, sur d’autres pages, un homme abat une biche dans une forêt et se voit lui-même poursuivi par une horde de loups. De ces deux récits entrecroisés n’émerge aucune parole. Entre réalisme et abstraction, l’illustratrice peint dans ce court livre une fable sur la prédation. Il y a un prédateur, et il y a une proie. Mais si la personne pourchassée n’a finalement comme choix que de tenter l’issue fatale pour s’en sortir, qu’en advient-il de la conscience de celui qui la traque ? Avec un trait évocateur et des couleurs remarquables, vives et aquarellées, l’autrice nous fait réfléchir à ce qu’implique la fuite. Au final, une société qui accepte le sacrifice des plus vulnérables comme ultime résolution ne peut être qu’une société meurtrie, où l’isolement progressif des destins individuels ne saurait être une solution. Une allégorie que le climat politique et social ne fait que rendre plus actuelle.

  • Passion podcasts, l’émission à écouter cette semaine : tu te demandes qui est Allyson Felix ? En quoi consiste cette absurdité qu’est la Straight Pride ? Ou encore quelle controverse peut bien naître d’une publicité Magnum ? Bryan Safi et Erin Gibson (comédien-ne-s et auteurs-rices) sont là pour répondre à toutes tes questions (en anglais). Chaque jeudi, le duo revient sur l’actualité LGBTQIA+ et féministe à travers deux sujets, le tout agrémenté d’anecdotes aussi drôles que pertinentes. Throwing Shade est un podcast indéniablement politique et ses deux hôtes le revendiquent haut et fort. Avec un besoin viscéral de faire avancer les choses et de changer les mentalités, elle et il n’hésitent pas à dire le fond de leur pensée, à se remettre en question, et très souvent à laisser en fin d’émission la place à un-e invité-e concerné-e et/ou qui a une nouvelle importante à mettre en avant. Informative, fraîche, drôle et parfois même émouvante, cette émission deviendra très vite ton moment préféré de la semaine. Disponible gratuitement sur toutes les plateformes de podcast.

 

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Image de une : Marche du 23 novembre 2019 contre les violences sexistes et sexuelles. © Laure Salmona