Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Lutte contre le racisme : la CNCDH pointe les insuffisances françaises : chaque année, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) remet un rapport au gouvernement sur les discriminations systémiques. Après le confinement et en plein mouvement de contestation contre les violences policières, elle note de façon détaillée les insuffisances de l’État face aux stéréotypes racistes et à leur enracinement dans nos institutions. Face au déni médiatique, elle pointe la responsabilité de certaines personnalités politiques dans leurs prises de parole. Elle souligne aussi « le cas particulier des personnes noires, qui subissent “la prégnance de biais racistes issus de la période coloniale” et restent l’une des minorités “les plus discriminées”. “Qu’il s’agisse de l’accès au logement [32 % de chances en moins – ndlr] ou encore du travail [où 49,9 % des personnes noires déclarent avoir subi des discriminations – ndlr], les différences de traitement sont flagrantes. (…) Si l’égalité est au cœur des valeurs républicaines, les personnes noires occupent encore trop souvent une place subalterne dans la société française.” » [Mediapart]
  • Violences policières sur Lamine Dieng : l’État français indemnisera la famille dans un geste inhabituel : le 17 juin 2007, Lamine Dieng est décédé après avoir subi « une clé d’étranglement et un plaquage ventral » lors d’une interpellation policière. Cependant, aucun procès n’a eu lieu en France, et aucun des policiers impliqués n’a été sanctionné. En 2014, un juge prononce un non-lieu qui sera confirmé en 2017 par la Cour de cassation. Sa famille a dû faire appel à la Cour européenne des droits de l’homme pour enfin trouver justice, après treize ans de démarches judiciaires. Après un accord à l’amiable avec la famille, l’État devra verser à celle-ci une indemnisation de 145 000 euros. Si la somme paraît dérisoire par rapport à l’affaire, la famille a tout de même accepté ce règlement pour que soit reconnus la culpabilité de l’État dans une affaire de crime policier ainsi que le statut de victime de Lamine Dieng. [Ehko]
  • Juneteenth Celebrates Black Liberation — The Truth Is We’re Still Waiting For It : le 19 juin 1865 à Galveston, au Texas, le général Gordon Granger annonce solennellement que « tous les esclaves sont libres ». Depuis, chaque année, on commémore ce jour l’émancipation des Afro-Américain-e-s dans le Sud confédéré des États-Unis. C’est le Juneteenth. Cela dit, dans le contexte actuel, la journaliste Danielle Cadet ne peut s’empêcher d’avoir un goût amer en y pensant. Elle y voit comme une ironie de fêter la libération de personnes noires, alors qu’elles « l’attendent toujours ». En revenant sur les nouvelles formes qu’a pris l’esclavage après le 13e amendement, telle l’incarcération de masse (si tu veux en savoir plus, il est essentiel de regarder le documentaire 13th d’Ava Duvernay, disponible sur Netflix), elle n’oublie pas de mentionner que la libération, c’est aussi pouvoir sortir faire un jogging, aller faire ses courses, et simplement dormir dans son propre lit, sans craindre d’être tué-e. [Refinery29] [ENG]
  • A Black Lives Matter Co-Founder Explains Why This Time Is Different : en 2013, la mort de Trayvon Martin avait déclenché de nombreuses manifestations contre les meurtres des personnes afro-américaines à travers tous les États-Unis, et surtout la création d’un mouvement, Black Lives Matter, plus que jamais d’actualité après les assassinats de George Floyd, Breonna Taylor, et tant d’autres. Isaac Chotiner, du New Yorker, s’est entretenu avec Opal Tometi, l’une des fondatrices du mouvement. Cette dernière revient sur la différence entre les manifestations d’aujourd’hui et celles de 2013, le ras-le-bol et la colère qui se sont accumulés avec le temps et qui ne peuvent plus être contenus, ainsi que sur les raisons pour lesquelles le financement des forces de l’ordre doit être repensé. Avec beaucoup d’intelligence et de clarté, Opal Tometi n’hésite pas à rappeler que malgré les hauts, les bas et les évolutions de Black Lives Matter, son but reste le même : s’engager contre le racisme systémique et les violences policières, et lutter pour les droits et les vies des personnes noires. [The New Yorker] [ENG]
  • « Quelque chose gronde » : comment les mouvements sociaux réinventent leurs modes d’action : la crise sanitaire, en empêchant les manifestations, a perturbé l’organisation des mobilisations sociales. Ce n’est pas pour autant que le militantisme s’est affaibli, bien au contraire : « L’analyse politique, l’élaboration collective, la solidarité, avec les brigades populaires, ont continué de vivre durant les deux mois d’enfermement. » Ne rien lâcher est plus qu’une nécessité à l’heure actuelle, « la rentrée sociale s’annonce brûlante sur les cendres des licenciements, l’explosive colère des soignants et l’étincelle des violences policières ». Comme l’explique une interne en psychiatrie : « C’est aujourd’hui la violence d’État dans sa globalité qui est dénoncée. Malgré le virus, malgré les interdictions, pourvu que ça grossisse ! On sait comment on ne veut plus vivre. » [Basta !]

 

Dans la wishlist de Deuxième Page

  • Le projet de la semaine : la revue de poésie Sœurs nous avait déjà régalé-e-s pendant le confinement avec sa newsletter quotidienne regroupant des poèmes écrits par des femmes. Chez Deuxième Page, découvrir chaque jour les écrits de poétesses connues ou non nous manque, et l’on pense que c’est aussi le cas pour toi. Mais pas de panique ! Sœurs revient nous emplir de joie avec son tout premier numéro papier, Poétesses !, dans lequel tu pourras découvrir 20 autrices d’époques et de pays différents, qui te parlent de leur rapport au monde et à la poésie. La talentueuse Marie Fré Dhal (et on ne dit pas ça parce qu’elle a participé à notre mag papier) parfait cette belle revue avec ses illustrations, et on a hâte d’avoir ce petit bijou entre les mains. En attendant sa sortie en septembre, tu peux déjà commander ton exemplaire par ici !

  • Le projet de la semaine (bis) : lorsque Mélie Boltz Nasr, autrice, et Bénédicte Nasr, coordinatrice du projet, se sont lancées dans l’aventure Re: contes, elles ne pensaient pas atteindre un si large public… Si leur recueil est déjà disponible en version numérique, l’engouement des lecteurs-rices est tel qu’ils et elles les ont sollicitées pour obtenir une version papier ! Les sœurs franco-libanaises ont donc mis en place une campagne de financement pour pouvoir imprimer les premiers exemplaires. On te recommande ce recueil, qui porte des valeurs qui nous sont chères. Son autrice, Mélie, a déconstruit des contes de notre enfance pour les réécrire avec un regard féministe et inclusif, le tout avec une pointe d’inquiétude et de noirceur… Rien à voir donc avec les contes stéréotypés, misogynes, européocentrés (et gnangnan au possible) qui ont bercé nos jeunes années. Pour découvrir les versions modernes et subversives de Barbe-Bleue, la Petite Sirène ou encore Raiponce, commande ton exemplaire ! Et ne tarde pas trop, car la campagne ne dure que jusqu’au 10 juillet.

 

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