En cette fin de vacances scolaires, on rêve que la farniente, les mojitos en terrasse et les matins paresseux ne prennent jamais fin. Pour remettre à plus tard ce qui devait être fait maintenant, Pauline te propose une recette gagnante. Quatre bols d’humour, quatre cuillerées de poésie et trois doses de féminisme à mélanger avec une tasse de fraîcheur et une autre de pop culture. Tu shakes, tu shakes, et pof ! Ça fait une liste de l’été, à servir avec des glaçons.
Brooklyn Nine Nine
Lady Bird, de Greta Gerwige
Culture 2000
La Newsletter végétale
ScreenPrism
Les Sentiments du prince Charles, de Liv Strömquist
La Friche Gourmande
À peu près, Pomme
Lison Cuart
L’Échappée
Au fond du trou (@aufonddutrou)
La série pour la fraîcheur du soir
Brooklyn Nine Nine
Cette série a défrayé la chronique il y a quelque temps, quand tout Internet s’est soulevé pour s’opposer à son annulation. Pourtant, elle reste à mon humble avis trop peu connue en France. Avec cinq saisons sorties et une sixième annoncée en forme de chapitre final, Brooklyn Nine Nine aura réussi un pari improbable : me faire aimer la police. Bon, certes, pas n’importe quelle police, juste celle du commissariat du 99e precinct de Brooklyn, où une ribambelle de personnages attachants se donnent la réplique jusqu’à me faire pleurer de rire. Si des gens doutent encore de la possibilité de rire sans taper sur personne, c’est cette série qu’il faut leur montrer, car ici, l’humour est omniprésent et il sonne toujours juste. Mention spéciale aux personnages féminins nombreux, nuancés et hilarants, à la part belle faite aux personnes racisées et queer, ainsi qu’aux thématiques sociales abordées avec humanité et profondeur. C’est loufoque et c’est drôle : une série incontournable.
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Le film rafraîchissant
Lady Bird, de Greta Gerwig
Tu as demandé un teen movie mordant, beau et authentique ? Tu veux une adolescente haute en couleur qui n’est pas définie par sa beauté, sa popularité ou son mec ? Tu as envie d’émotion, d’une pointe de nostalgie et de retrouver ce sentiment un peu enfoui de tes jeunes années envolées ? Jette-toi sur Lady Bird, une de ces histoires initiatiques dont on ressort grandi-e. Lady Bird, c’est une jeune femme qui hésite, entre rejet de la figure maternelle butée et sacrifiée, des boîtes dans lesquelles tout le monde veut la caser, et la recherche, en filigrane, de celle qu’elle est sur le point de devenir. Un film d’une sobre intelligence, qui touche à ces premières fois qu’amène plus ou moins doucement la fin de l’adolescence — les premiers rêves, les premiers retours à la réalité, les premiers secrets, conflits, désirs… Lady Bird, dans cette dernière année de lycée, est entourée par un ensemble de personnages terriblement bien écrits, auxquels on ne peut que s’identifier.
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Le podcast des bords de mer
Culture 2000
J’adore apprendre des choses, et j’adore rigoler. Si je peux apprendre des choses en rigolant, c’est encore mieux, et c’est pour ça que j’adore Culture 2000. Ce podcast animé par quatre passionné-e-s d’histoire et de culture G, pas vraiment expert-e-s mais toujours pointu-e-s dans leurs recherches, accompagne mes trajets matinaux, mes sessions vaisselle et mon pliage de linge. Grâce à lui, le ciel est plus bleu et le temps passe plus vite, c’est magique. Culture 2000, ce sont des émissions qui durent environ une heure et qui abordent des sujets aussi divers que la Belgique, le Front national, les chemins de fer ou les Vikings. Ici, pas de verbiage, pas d’élitisme, pas de prise de tête. On aborde l’histoire mondiale sans se voiler la face et sans la réécrire pour que les personnes blanches aient le beau rôle, ce que je trouve très appréciable. À écouter pour pouvoir ensuite se la raconter en soirée, ou avant de s’endormir, pour se coucher moins bête.
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La newsletter pour se mettre au vert
La Newsletter végétale, par Marie Laforêt
Entre nous, je ne suis pas une grande fan des newsletters : trop souvent je m’y inscris, en me disant que ça va être super, et au final je me désabonne parce qu’elles sont trop fréquentes, trop vides, et que je n’ai pas le temps de les lire. C’est pourquoi j’apprécie particulièrement celle de Marie Laforêt, autrice de nombreux livres de cuisine végane. Dans sa Newsletter végétale, Marie nous propose un contenu véritablement exclusif, centré autour d’un thème qui change tous les mois – en mai par exemple, c’était la déconnexion, sur un ton déculpabilisant et très humain. Il y avait une recette inédite et même un petit cadeau à gagner ! Visuellement très réussie, cette newsletter s’est laissé déguster en quelques minutes, juste le temps d’une pause au bureau ou d’un trajet de bus. Le rythme mensuel est idéal pour ne pas se lasser, et j’ai déjà hâte de recevoir le prochain numéro, comme un magazine léger et gratuit, qui invite à la réflexion.
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La chaîne YouTube à siroter
ScreenPrism
Si, comme moi, tu adores le cinéma et les séries, mais as l’impression de ne jamais savoir les analyser, alors la chaîne YouTube ScreenPrism est faite pour toi ! Comme tant d’autres, elle décortique genres, films, réalisateurs-rices, tropes et mouvements de caméra, mais avec ce petit truc en plus : il y a dans cette chaîne beaucoup de points de vue féministes qui sont hyper intéressants. Même si je suis une fan de comédies romantiques et que je consomme beaucoup de contenus problématiques, je trouve qu’il est important d’entretenir mon esprit critique. La série Iconic Female Characters te parlera de Joan Holloway et Betty Draper, l’alpha et l’oméga de la série Mad Men, mais aussi de Cendrillon et Rachel Green de Friends. J’ai particulièrement aimé la vidéo sur Deadpool: Finally! A Rom-Com for You Guys, qui explique en quoi ce film de super-héros ne serait, en réalité, qu’une autre comédie romantique marketée pour les hommes hétéros, avec tout ce que ça comprend de clichés.
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Le livre à dévorer
Les Sentiments du prince Charles, de Liv Strömquist
Depuis plusieurs années, je m’évertue à lire une grande majorité d’écrivaines et il y a quelques mois j’ai réalisé que j’avais une grande lacune en matière de dessinatrices de BD. Il faut dire que cet art reste trop majoritairement masculin (comme tous les arts, duh), et il aura fallu un scandale au festival d’Angoulême pour que je m’intéresse à la question de plus près. Liv Strömquist a été une découverte majeure pour moi. Dans Les Sentiments du prince Charles, son trait est incisif – je n’aimais pas trop son style au départ, un peu traditionaliste que je suis – et son propos, teinté d’un sarcasme piquant que j’adore, amène à se questionner sur la domination des hommes dans les relations sentimentales hétéros. À quel point prennent-ils toute la place ? Pourquoi marchent-ils sur les femmes en permanence ? Méritons-nous vraiment ce traitement ? (Spoiler : non, évidemment.) J’ai lu cette BD comme on lit un très bon essai, par petites touches, pour mieux assimiler et réfléchir sur tout ce qui s’y dit. Les Sentiments du prince Charles est un classique de la littérature féministe, et c’est totalement mérité !
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Une terrasse éphémère ensoleillée
La Friche Gourmande
Peu de choses me réjouissent autant qu’une initiative destinée à se réapproprier l’espace urbain. À Lille, en ce moment, c’est un peu la guerre entre les pouvoirs publics qui semblent tout vouloir recouvrir de goudron, et les habitant-e-s qui ont envie de verdure, de vie et de voisinage. La Friche Gourmande, c’est un rendez-vous quotidien pour découvrir de nouvelles saveurs culinaires. Les propriétaires de concepts de restauration, les foodtruckeurs-ses et les vendeurs-ses de hot-dogs s’y retrouvent comme à un grand carrefour de la bonne bouffe. Les passant-e-s se posent à l’ombre des tonnelles pour déguster une grosse bière et un petit plat, il y a des concerts, des terrains de pétanque, des lampions façon guinguette… On aimerait que l’été dure toujours, ou du moins que la Friche ne cesse jamais d’exister. On a envie de croire en un monde un peu différent, un peu plus joyeux, festif et partagé.
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La musique sans la clim
À peu près, Pomme
L’autre jour, je me faisais la réflexion que la chanson française était en train de connaître un beau regain de poésie et d’audace, portée notamment par des chanteuses et des musiciennes talentueuses. Parmi elles, tu trouveras l’éthérée Juliette Armanet, le duo Brigitte, Fishbach et ses vibes très 80’s… et Pomme. Avec son premier album À peu près, Pomme signe treize titres nostalgiques, poétiques et remplis d’amour, avec une voix puissante et des textes aux tournures inattendues et à la délicate maturité. Ça cause d’embrasser des filles et aussi des garçons, de croire en soi-même, de se dire au revoir sur des quais de gares, de faire des plans sur la comète, sur fond de guitare légère et fleurie. Voilà la bande-son idéale de mes soirées d’été, quand il fait trop chaud pour dormir, mais pas pour rêver. C’est peut-être parce qu’on a quasiment le même âge, mais Pomme me fait penser au passage à l’âge adulte, dans tout ce qu’il a de doux-amer.
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Une artiste à découvrir
Lison Cuart
J’ai découvert Lison Cuart sur Instagram pendant l’un de ces nombreux défis en ligne qui animent les communautés de dessinateurs-rices : le 36 days of type. Elle y postait des lettres de l’alphabet stylisées, très poétiques, habitées de rivières, d’animaux, le tout à l’aquarelle, qui est mon médium favori. Depuis la fin de cet alphabet, la créatrice dessine et poste des dessins de femmes tantôt peints, tantôt crayonnés, que je trouve à la fois doux et puissants. Avec des couleurs vives, des fonds blancs et noirs, Lison Cuart pose un regard attendri sur les petites choses de la vie et parfois, ça fait du bien.
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Une association à soutenir
L’Échappée
À Lille, L’Échappée offre soutien et accompagnement aux victimes de violences sexuelles. C’est une petite bulle, un refuge, qui porte bien son nom. Avec l’aide de trois salariées, d’écoutantes professionnelles ou bénévoles, de groupes de parole – accueillant notamment des femmes migrantes –, ce sont 120 personnes, très majoritairement des femmes, mais aussi des mineur-e-s, qui ont bénéficié en 2016 de l’action de L’Échappée. L’association organise également des ateliers d’autodéfense et des ateliers audiovisuels visant à développer l’expression créative et la confiance en soi des victimes. Aujourd’hui, c’est un organisme en difficulté financière, suite aux baisses de subventions accordées par l’État, et c’est donc une structure qui a besoin de soutien. Si tu veux, tu peux donner quelques euros (ou plus !) ou simplement partager l’information autour de toi pour aider l’asso.
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Le bonus de la subjectivité
Au fond du trou (@aufonddutrou)
Derrière ce compte Instagram, il y a deux personnes, Nepsie et Le Vilain, qui ont un jour fait le pari fou d’acheter une habitation troglodyte et de la retaper entièrement pour y vivre, avec leurs deux lapins – auxquels s’est ajouté un chien, depuis. Un « troglo », comme on dit dans le jargon, c’est une maison sous terre, creusée dans la roche, à l’ancienne. Il et elle ont décidé de raconter leur périple, depuis la recherche de l’habitation jusqu’à la rénovation, sous forme de BD à swiper sur Instagram. Ces petites cases colorées à faire défiler sont bourrées d’humour et de rebondissements. D’une part, ce format est assez nouveau. D’une autre, on apprend véritablement dix milliards de choses en lisant Au fond du trou, ce qui en fait une excellente raison de procrastiner sur le canapé en swipant plutôt que de faire des choses vraiment productives. On ne sait jamais, quelquefois que l’envie te prendrait d’acheter un troglo ?
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Image de une : Montage réalisé par Deuxième Page. Crédits des images dans l’article : © Fox, Universal Pictures, Culture 2000, DR, ScreenPrism, Rackham, Polydor, Lison Cuart / Photomontage : © Fox, Universal Pictures, Polydor, Lison Cuart, Marie Laforêt, DR
