Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Amnesty appelle la France à mettre fin au « harcèlement » de défenseurs des migrants : dans un récent rapport, Amnesty International expose les comportements des pouvoirs publics et des forces de l’ordre à l’égard de celles et ceux qui défendent les droits humains à Calais et Grande-Synthe. Ces personnes sont considérées comme fautrices de troubles parce qu’elles viennent en aide aux migrant-e-s. Jour après jour, leurs actions sont entravées et elles subissent de fortes pressions. Comme le rappelle Amnesty International, « la France doit mettre fin au harcèlement et aux agressions contre les défenseurs des droits humains et doit ouvrir un dialogue constructif ». Pour l’ONGI, il faut « prendre immédiatement des mesures pour assurer un environnement sûr et favorable » pour toutes ces personnes fragilisées et dans une situation vulnérable. [Le Monde]
  • Plastique : Malgré les alertes, la production mondiale est en hausse : la production de plastique recule en Europe, mais ce n’est pas le cas en Asie (en Chine, en particulier) et aux États-Unis. La France connaît une diminution de 5,1 % de sa production et de 2,6% de sa consommation en 2018. Néanmoins son objectif d’atteindre 100 % de déchets plastiques recyclés en 2025 est encore loin d’être atteint. Selon PlasticsEurope, notre taux de recyclage est de 22 % (contre 31 % en Europe). Si la production mondiale continue à ce rythme, selon un rapport de la WWF, la pollution plastique risque d’être doublée en 2030. Ses conséquences sont multiples, à la fois pour l’environnement – dans les océans, le plastique tue les mammifères marins et 1 million d’oiseaux par an –, mais aussi pour notre santé. Selon une étude de chercheurs-ses canadien-ne-s, nous avalons des dizaines de milliers de particules plastiques chaque année, « qu’elles viennent de morceaux de vêtements synthétiques, de pneus, de lentilles de contact, de notre nourriture ou de l’air ambiant ». [Usbek & Rica]
  • Les urgences s’épuisent un peu partout : avec l’exemple de Lons-le-Saunier, Libération fait un état des lieux des urgences en France. Par manque de moyens et de personnel, le service de santé n’est pas en mesure d’assurer les soins et la sécurité des patient-e-s. Adrien, un jeune interne des urgences de l’hôpital, témoigne : « Ces événements [la traversée du Jura à vélo et une course de moto-cross, ndlr] ont été maintenus par le préfet alors que la sécurité et les urgences n’étaient pas réellement assurées. En deux heures, nous avions des patients ayant fait des chutes de plusieurs mètres à moto, des fractures ouvertes, des chutes de vélo, des douleurs thoraciques, etc. C’était un raz-de-marée, on se sentait impuissant. On portait tout à bout de bras. Toute la journée, je me suis dit : “Heureusement que ma famille n’habite pas dans le coin.” Ce que l’on fait est criminel. J’ai eu l’impression que l’on mettait en danger les patients ». Cette situation appelle à une action forte, rapide et efficace de la part de l’État. [Libération]
  • Le grand retour de la question sociale : que nous dit le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités sur la situation en France ? Que les riches s’en sortent très bien. Que les inégalités de revenus sont considérables (une différence de 3 988 euros mensuels entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres), mais moins que celles de patrimoine (le patrimoine brut du dixième le plus riche vaut 630 fois celui des 10 % les moins riches), et que le mal-emploi est en plein essor. « Comment, dans ces conditions, peut-on s’étonner de voir les rancœurs s’attiser? “Pour une grande part, cette France de l’insécurité sociale a animé les manifestations des gilets jaunes”, juge Louis Maurin. Et, à force de battre le pavé et d’occuper les carrefours giratoires, a remis la question sociale au goût du jour. » [Alternatives Économiques]
  • Les dérives du « volontourisme » chez les étudiants : le « volontourisme » , qu’est-ce que c’est ? C’est un tourisme humanitaire volontaire et surtout un business rentable pour les entreprises qui proposent des séjours aux étudiant-e-s en quête de sens ou d’expérience valorisante – au choix. Ces séjours sont vendus à prix chers à des jeunes sans expérience. Et au final, l’on se retrouve avec des missions vides de sens, mais aussi avec des situations désastreuses dans les pays concernés, à l’instar du Cambodge où « la demande croissante des volontaires internationaux a engendré l’éclosion de faux orphelinats ». Marie-Albane Ully, responsable de la communication de France Volontaires, explique que « pour éviter de contribuer à ce “business du bon sentiment”, et entretenir le “complexe du sauveur blanc” – cette propension des Occidentaux à vouloir aider les populations de couleurs ou des pays du Sud –, [l’association] recommande de se poser les bonnes questions avant de partir : “Quelles sont vos motivations ? Demandez‑vous ce que vous pouvez apporter aux populations locales : quelles sont vos compétences ? Quel est le statut de la structure d’envoi, ses objectifs, ses valeurs ? Quels sont les impacts du projet en termes de réponses aux besoins des populations locales ?” » [Le Monde]

 

Dans les oreilles et sur l’écran de Deuxième Page

  • Passion Podcasts, les émissions à écouter cette semaine : fait indéniable : l’été devrait officiellement être sponsorisé par les émissions de France Culture. Pour nous, à la rédac, c’est un peu le moment parfait, que tu partes en vacances ou non, pour écouter de longues discussions de quatre heures autour d’autrices et d’auteurs mort-e-s, un ventilateur face à toi. Fais-nous confiance, équipé-e de ton bac à glaçon, on te file la méthode rêvée pour attendre les températures plus douces du soir. Aujourd’hui, on te recommande donc quatre épisodes de « La Compagnie des Auteurs » consacrés à Germaine de Staël, femmes de lettres passionnante et fascinante du XVIIIe et XIXe siècle. Elle est celle qui a introduit le romantisme en France et a parlé dans ses romans de la condition féminine avec intelligence et humour. Pionnière du libéralisme (pas économique, mais celui qui défend les libertés), avec Benjamin Constant, elle fut en son temps une véritable passeuse de culture. Madame de Staël était curieuse d’apprendre, une passionnée de l’existence, qui a dans son œuvre cherché à réconcilier la sensibilité et la raison. Elle est celle qui a écrit certains des textes les plus intéressants au sujet des conséquences de la Révolution française, mais surtout sur le rôle de la littérature (au sens large) comme moyen d’action pour faire émerger la république idéale et un modèle de société moral.




  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé : et comme on est bien lancées sur la thématique de la chaleur avec les podcasts, on continue avec la reco série de cette semaine. Car pour te désaltérer, rien de mieux que le duo si rafraîchissant de David Tennant et Michael Sheen dans Good Omens (ce n’est pas ta soif d’eau qu’on te propose de satisfaire, hein). La production Amazon en six épisodes, adaptée du roman de Neil Gaiman et Terry Pratchett près de 30 ans après sa publication, est un régal absolument fantastique et… léger ? Oui, cela peut sembler paradoxal pour un show sur un ange et un démon, Aziraphale et Crowley, qui essayent de stopper l’apocalypse, mais c’est aussi très anglais (à savoir : hilarant, absurde et génial). Leur relation, d’abord présentée comme une bromance, devient peu à peu ce qui se devine comme un amour d’une grande pureté entre deux êtres célestes que tout oppose. Ils tiennent l’un à l’autre avec une touchante authenticité. Chaque scène qu’ils partagent procure du bonheur et, durant le visionnage, on compte les minutes jusqu’à la suivante. La série s’intéresse surtout à ces deux protagonistes, à leur relation et à leur complexité. Sous la couche épaisse de bizarrerie et de drôlerie, on décèle une exploration ingénieuse de l’humanité et la remise en cause permanente du manichéisme ici affiché et, pourtant, éviscéré. Non, vraiment, regarde. C’est super fun !

Good Omens, créée par Neil Gaiman, 2019. © Amazon Prime

 

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Image de une : Sylvia Rivera, à gauche, et Marsha P. Johnson manifestent pour les droits des homosexuel-le-s à New York, en 1973. © Diana Davies/Manuscripts and Archives Division, The New York Public Library