Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Opinion | The Dominance of the White Male Critic : aux États-Unis, le constat est sans appel : le milieu de la critique artistique est majoritairement blanc. Dans cet article, Elizabeth Méndez Berry et Chi-hui Yang expliquent pourquoi il est urgent de changer les choses si l’on veut que notre imaginaire collectif évolue, et que la société progresse pour le meilleur : « Ceux qui ont reçu depuis des décennies les plus grandes plate-formes pour analyser la culture sont des hommes blancs. Cela signifie que les espaces médiatiques où les mythologies nationales sont formulées, débattues et affirmées sont encore largement ségrégués. La conversation autour de notre imaginaire collectif a les mêmes angles morts que nos débats politiques. » Selon l’autrice et l’auteur du papier, il nous faut penser à la critique culturelle comme l’on pense à « un service public, à une infrastructure civile qui doit être appréciée non seulement en fonction de son impact économique, mais aussi en fonction de sa capacité à faire grandir la discussion collective à un moment où elle est dangereusement en train de se rétrécir. Les écrits sur l’art favorisent une citoyenneté engagée, laquelle participe ainsi à la création de sa propre histoire. » [The New York Times] [ENG]
  • The Hidden Life of Anne Lock, a Forgotten Sixteenth-Century Female Poet : adepte de poésie, cet article est pour toi ! Jamie Quatro te propose de découvrir le portrait d’Anne Vaughan Lock, autrice du premier sonnet de la poésie anglaise, « A Meditation of a Penitent Sinner », publié en 1560. C’est en grande partie grâce à la correspondance d’Anne avec son ami John Knox, un réformateur protestant écossais, que l’on a pu en savoir plus sur l’histoire de cette poétesse méconnue. Un récit fascinant à lire sans attendre. [The New Yorker] [ENG]
  • Sécheresse et déforestation : l’Amazonie brûle : dès l’introduction de ce court article, le ton est donné : « Les feux de forêt au Brésil ont augmenté de 83 % depuis le début 2019 par rapport à l’année précédente, notamment en Amazonie en raison de la déforestation et de la sécheresse. » Il est impossible de fermer les yeux face à l’urgence de cette situation. Et pourtant le président brésilien, Jair Bolsonaro, dont le pays est le plus touché par ces incendies, continue à remettre en cause les politiques de protection de l’environnement. Les défrichements par brûlis, qui servent à créer des zones de culture et d’élevage, sont en grande partie responsables de cette catastrophe. [Sciences et Avenir]
  • TRIBUNE. « Les incendies en Amazonie ne sont pas de simples feux, c’est l’œuvre du capitalisme », dénonce le Grand conseil coutumier des peuples amérindiens : si l’on peut se réjouir de la décision prise concernant l’annulation de l’accord de libre-échange UE-Mercosur, on est cependant en droit de se demander si en plus de donner des leçons, notre Jupiter national ne pourrait pas aussi montrer l’exemple. Mais non. Tout en blâmant haut et fort Bolsonaro pour son comportement criminel concernant l’Amazonie, Macron laisse faire, voire encourage la destruction des forêts guyanaises. Pourtant, comme le souligne le Grand conseil coutumier des peuples amérindiens et bushinengés : « Le feu n’est pas le seul danger qui menace ou qui détruit l’Amazonie. L’extractivisme a sa grande part de responsabilité. Et nous sommes dans l’étonnement face au positionnement du président Emmanuel Macron qui consiste à dénoncer la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne, mais qui parallèlement attribue 360 000 hectares de forêt aux multinationales minières, en Guyane, en Amazonie française. » Afin de lutter contre les intérêts aveugles des institutions privées, le Grand conseil demande d’ailleurs à ce que le gouvernement français ratifie la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui permettrait aux peuples autochtones d’avoir un véritable poids dans les décisions prises concernant les forêts dans lesquelles ils vivent. Mais à ce sujet, Macron fait la sourde oreille. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. [Francetvinfo]
  • Pourquoi planter des arbres aveuglément ne nous sauvera pas du crash climatique : l’idée selon laquelle la reforestation serait une solution envisageable pour atténuer le réchauffement climatique est de plus en plus répandue. Celle-ci « se base sur le fait qu’en poussant, les plantes absorbent le CO2 atmosphérique et rejettent de l’oxygène grâce à la photosynthèse ». Un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) explique ainsi que l’ajout d’un milliard d’hectares de forêt serait en mesure de limiter le réchauffement à 1,5°C à l’horizon 2050. Malheureusement, cela est loin d’être une solution miracle, entre autres car « les forêts artificielles, plus particulièrement les monocultures, n’équivalent en aucun cas aux forêts primaires, que ce soit dans le cadre du stockage de carbone ou sur d’autres niveaux ». De plus, il ne faut pas que cette reforestation artificielle fasse oublier la déforestation massive qui a lieu à l’heure actuelle. L’article explique par ailleurs que « ce ne sont pas les forêts, mais les océans qui constituent le poumon le plus influent de la planète. En effet, ils permettent de dissoudre les gaz tels que le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère en quantités astronomiques ». Finalement, « la conclusion est aussi impopulaire que claire pour tous : une transformation systémique est nécessaire et pour cela, plutôt que de chercher des solutions aux symptômes de ce dérèglement, le problème doit être traité à sa source ». Et ces changements doivent en particulier provenir des principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre. [Mr Mondialisation]

 

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  • Le film de la semaine : le 5 octobre 2017, le New York Times révélait au grand jour les accusations d’agressions sexuelles contre Harvey Weinstein, producteur hollywoodien reconnu et primé. Au total, ce sont plus de 90 victimes qui affirment avoir été abusées. Comment, dans un milieu aussi visible et commenté, de tels agissements ont-ils pu demeurer secrets ? Pire encore, comment a-t-il pu régner sur Hollywood malgré tant de victimes ? C’est sur la culture du silence dans le monde du cinéma que la réalisatrice Ursula MacFarlane s’est penchée. Dans son documentaire poignant, L’Intouchable, Harvey Weinstein, elle donne la parole à ses victimes et expose ainsi son mode opératoire. Abus de pouvoir, menaces, chantage : autant de leviers qui lui ont permis de faire pression sur de jeunes actrices en quête d’une carrière. Le documentaire interroge également d’ancien-ne-s employé-e-s et associé-e-s du magnat, qui usait à la vue de tou-te-s de violence psychologique et de manipulation. Au fil du déroulement de la parole, alors que les journalistes qui ont enquêté sur l’affaire avant sa divulgation dans la presse racontent les intimidations dont ils et elles ont été victimes, on comprend mieux comment et pourquoi personne n’a parlé. Un film indispensable.
  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : on connaît tou-te-s Simone de Beauvoir. Le Deuxième Sexe est un livre que l’on ne présente plus. Mais qu’en est-il des autres travaux de cette écrivaine, entrée dans la légende ? L’Invitée est un roman qui nous propose une vision de l’amour inhabituelle, où les relations entre femmes sont aussi complexes qu’originales. Comme quoi, la question de l’amour à plusieurs ne date pas d’hier : Simone de Beauvoir se l’était déjà posée. Avec brio. Ainsi, à travers le personnage de Françoise, l’autrice explore les complexités de la jalousie, de la possessivité, du partage, de la créativité et des aléas relationnels, détaillant avec des métaphores percutantes les sentiments vifs et épineux qui peuvent émerger à cause de relations nouvelles et différentes de celles que l’on a l’habitude d’expérimenter. Sur fond de problèmes politiques colossaux (l’arrivée de la guerre et du fascisme au siècle dernier), ce roman détaille les ressentis de ses protagonistes, lesquels, malgré la distance temporelle, sont en proie à des obstacles qui traversent les frontières et les âges, touchant ainsi les lecteurs-rices tout en les faisant voyager dans son époque.

 

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Image de une : © Lucas Landau/Reuters