Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Violences policières: Assa Traoré plus déterminée que jamais dans son combat : Adama Traoré est mort à l’âge de 24 ans, à la suite d’une interpellation policière violente. Si au moment des événements les conditions de son décès à la gendarmerie de Persan semblent troubles, la contre-analyse demandée par sa famille et réalisée par des médecins indépendants finit par établir clairement qu’il serait mort asphyxié après un plaquage au sol, sous le poids de trois gendarmes. Depuis le 19 juillet 2016, sa sœur Assa Traoré s’implique sans relâche dans la lutte contre les violences policières. Cette entrevue avec elle est l’occasion de s’informer sur les avancées de son combat, qui a reçu le soutien d’un nombre important de personnalités, à l’instar d’Angela Davis. « Pour envoyer des messages forts à l’opinion publique, il est important que des personnalités nous soutiennent, car ils sont difficiles à entendre. » [ChEEk Magazine]
  • LGBT History Is the Instagram Account Making Queer History More Accessible : avec le compte Instagram « Lgbt_history », Leighton Brown et Matthew Riemer veulent offrir à chacun-e la possibilité de découvrir son histoire. Pour la communauté queer, s’approprier son propre passé est un combat de tous les jours : « Être rejeté-e de l’histoire est un aspect fondamental de la persécution envers la communauté queer ; les cultures dominantes s’efforcent de minimiser l’importance de nos vies et de nos histoires. » Et comme le disait si bien James Baldwin : « Accepter son passé, son histoire, ce n’est pas la même chose que de s’y noyer ; c’est apprendre à l’utiliser. Un passé fabriqué de toutes pièces ne peut jamais être utilisé ; il se fissure et s’effrite sous les pressions de la vie comme l’argile en période de sécheresse. » [them.] [ENG]
  • The First Drag Queen Was a Former Slave : les scriptes de l’histoire ont longtemps invisibilisé, voire totalement effacé des épisodes entiers de nos luttes, et les personnes qui les ont portées. En particulier si ces dernières faisaient partie de communautés marginalisées. Heureusement, des chercheurs-ses nous permettent de réhabiliter celles et ceux qui ont lutté avant nous. C’est le cas de Channing Gerard Joseph, qui nous raconte l’histoire de William Dorsey Swann, né dans le Maryland vers 1858. Il « a enduré l’esclavage, la guerre civile, le racisme, la surveillance policière, la torture derrière les barreaux et bien d’autres injustices. Mais à partir des années 1880, il est non seulement devenu le premier activiste américain à diriger un groupe de résistance queer, mais il est aussi devenu, au cours de la même décennie, la première personne connue à se qualifier de “queen of drag” – ou, plus familièrement, de “drag queen”. » Et Swann était non seulement la reine du drag, mais aussi l’organisateur de bals, ancêtres de ceux qui sont encore aujourd’hui au cœur de la ball culture. « Plus d’un siècle après le dernier bal organisé par William Swann dont on a connaissance, les maisons de la scène contemporaine des ballrooms gardent le même format que celui de la “House of Swann”. Les bals comportent des compétitions de “walking dances” avec des gestes de pantomime exagérés, et ils sont organisés autour de groupes familiaux dirigés par des “mères” et des “reines”. Fait frappant, les descriptions de bals des années 1930 sont parsemées d’expressions comme “strike a pose”, “sashay across the floor” et “vogue”. Des expressions qui font maintenant partie de la culture populaire, et qui sont régulièrement entendues dans Pose sur FX et dans RuPaul’s Drag Race sur VH1. » [The Nation] [ENG]
  • Parasite director Bong Joon-ho: ‘Korea seems glamorous, but the young are in despair’ : une interview passionnante à lire sur le Guardian, dans laquelle le réalisateur Bong Joon-ho (Snowpiercer, OkjaParasite) parle de son rapport au septième art, ainsi que de sa démarche en tant que cinéaste. Il évoque également son pays d’origine et ses paradoxes, un sujet qu’il explore en particulier dans son dernier long-métrage : « La Corée, à première vue, semble dorénavant être un pays très riche et glamour, avec la K-pop, l’Internet haut débit et les technologies informatiques. Mais la disparité de ressources entre les riches et les pauvres s’élargit. La jeune génération, en particulier, éprouve beaucoup de désespoir. » Et celles et ceux qui sont oublié-e-s par le capitalisme sont « les gens se trouvant dans les angles morts de la société », estime Bong Joon-ho. [The Guardian] [ENG]
  • Loss of EU protections could imperil UK hedgehogs, report says : l’un des aspects les moins discutés quand on évoque la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne est celui de la répercussion écologique. Un nouveau rapport explique ainsi qu’à la suite du Brexit, les hérissons du pays pourraient être davantage en danger, car les haies champêtres pourraient ne plus être protégées par la réglementation agricole. En vertu de la législation de l’UE, ces haies ne peuvent pas être coupées pendant la saison de nidification des oiseaux et les lisières ne peuvent pas être arrosées de pesticides ou labourées, explique le Guardian. Cette mesure est importante, puisqu’elle permet de protéger la faune des haies, laquelle abrite 80 % des oiseaux des bois et 50 % de tous les mammifères, précise le journal. « À moins que le gouvernement ne commence à combler les lacunes conséquentes à l’abandon de la réglementation de l’UE, nos sols, nos haies et les espèces sauvages qui en dépendent sont en danger. […] Les haies sont très importantes pour les pollinisateurs sauvages, surtout parce qu’elles fournissent des ressources florales au début du printemps, souvent lorsqu’il n’y a pas grand-chose d’autre dans les fleurs », a déclaré Debbie Tripley de la WWF. Si rien n’est fait, ce vide législatif pourrait donc impacter la population de hérissons du pays, qui a déjà diminué de 97 % depuis les années 1950, selon un rapport de 2018. [The Guardian] [ENG]

 

Dans les oreilles et sur l’écran de Deuxième Page

  • Sonores, des artistes qui méritent ton oreille attentive : la sérendipité est une chose fabuleuse. Au détour d’une lecture, d’une écoute, il est possible de faire une rencontre inattendue. Une de celles pouvant bouleverser une vie, l’air de rien. Le piano est un instrument singulier, et quand ses touches sont effleurées et activées de la bonne manière, il semble que sa mécanique diffuse les émotions par ondes. Mais pour enflammer cet objet empli de magie, il faut trouver le sorcier ou la sorcière capable de conjurer ses pouvoirs. Zinovia Arvanitidi est incontestablement une puissante enchanteresse. Dans son album Ivory, sorti en 2018 chez Kitchen Label, elle nous emporte avec elle le temps d’un voyage froid et mélancolique, sublime et déchirant. Les morceaux naviguent entre lumière et obscurité, dans une zone de gris dangereuse au cœur de laquelle on peut dénicher toute la complexité des bouleversements de notre humanité. Chaque air reste avec nous, mais certains sont particulièrement mémorables, à l’instar d’ « Inattendu » et de « Parting Ways ». Parfois, les notes douloureuses d’instruments à cordes viennent sublimer celles quasi divines du piano. Et alors, l’espace d’un instant, l’on croirait fredonner des airs auparavant jamais entendus. Les mélodies d’Arvanitidi sont celles d’existences tout entières, l’expression de nos pensées les plus intimes.

  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé : pour être honnêtes, ici, on est certainement les premières à s’agacer de la tendance des remakes et reboots. Dans la plupart des cas, ces réimaginations n’apportent strictement rien aux œuvres originales, si ce n’est quelques billets supplémentaires dans les poches d’actionnaires cupides. Évidemment, dans cette abondance de créations prédigérées, il y a quelques exceptions. She-Ra et les Princesses au pouvoir en fait partie. La princesse guerrière des 80’s n’a plus grand-chose à voir avec son ancêtre, et c’est tant mieux. L’ensemble est coloré, vibrant et drôle. Avec Noelle Stevenson aux manettes (connue pour sa bande dessinée Nimona), She-Ra revient en force, avec un tout nouvel univers visuel largement inspiré par l’esthétique des animes japonaises. La réinterprétation contemporaine est incroyablement queer, nous proposant des protagonistes complexes et fascinant-e-s. Si l’héroïne principale reste la même, une place importante est laissée aux autres personnages qui participent à ses aventures. Le traitement des relations entre chacun-e est à la fois intelligent et subtil, mais surtout, le manichéisme traditionnel de ce genre de récits mythologiques à la télévision est annihilé. Malgré quelques faiblesses narratives, les questions profondes que pose She-Ra et les Princesses au pouvoir (sur le conditionnement social, le devoir moral, le bien et le mal, la guerre, l’amitié, la communauté), sont portées avec cœur. Épée magique, sorcellerie, sciences (et licorne multicolore) : le monde d’Etheria réunit tous les ingrédients nécessaires pour nous emporter, petit-e-s comme grand-e-s.

She-Ra et les Princesses au pouvoir (She-Ra and the Princesses of Power), créée par Noelle Stevenson, 2018-2019. © Netflix

 

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Image de une : Visuel pour Ivory de Zinovia Arvanitidi, 2018. © Aëla Labbé/Kitchen Label