Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Why I’m resolving to quit binge watching TV : à l’ère de la Peak TV, le nombre de séries diffusées ne cesse d’augmenter. À tel point que ce phénomène peut créer un sentiment de saturation de la part des spectatrices et spectateurs. Le fait de binge-watcher, c’est-à-dire de regarder un grand nombre d’épisodes à la suite dans un temps record, est devenu normal – et l’élaboration même de certaines séries est pensée pour ce type de visionnage. Dans un rapport de NBC News publié en 2017, la psychologue clinicienne Dr Renee Carr expliquait ainsi : « Lorsqu’on s’adonne à une activité agréable, comme le fait de binge-watcher, le cerveau produit de la dopamine. Votre corps ne fait pas de discrimination contre le plaisir. Il peut devenir accro à toute activité ou substance qui produit constamment de la dopamine. » Cela explique pourquoi il est si compliqué d’arrêter de regarder une série que l’on aime beaucoup, même si l’on sent bien que ce n’est pas idéal. Dans cet article, Mary Elizabeth William explore son rapport à la consommation culturelle, et explique pourquoi elle a décidé de ne plus binge-watcher les séries : « Le déluge incessant d’informations que l’on se prend tou-te-s chaque jour est considérable, et ce n’est pas positif pour le nombre toujours croissant de personnes qui vivent avec de l’anxiété et la dépression. La saturation crée une dépendance ; elle est aussi angoissante. » En changeant son rapport à la télévision, en prenant le temps de regarder les épisodes et d’y réfléchir sur la durée, l’autrice a retrouvé un véritable plaisir de spectatrice qu’elle avait depuis longtemps perdu. [Salon] [ENG]
  • Naomi Klein : « Nous avons exporté notre mode de vie fondé sur le gaspillage dans tous les coins du monde » : « Le changement climatique n’est pas seulement une crise écologique, mais aussi une crise spirituelle. Nous avons grandi avec une vision du monde où la nature était illimitée. Nous avons exporté notre mode de vie fondé sur le gaspillage dans tous les coins du monde […]. » L’urgence de la situation climatique peut être source d’angoisse au quotidien. S’il est important de ne pas minimiser la gravité du contexte actuel, il nous faut continuer à chercher des solutions concrètes. Quand les choses semblent indépassables, il est essentiel de lire et d’écouter des personnes qui maîtrisent le sujet et peuvent nous aider à lutter pour un changement radical. Naomi Klein fait partie de ces voix indispensables. Dans cet entretien, elle rappelle la violence classiste et raciste de l’idéologie capitaliste, qu’il est central de saisir pour comprendre la crise que nous connaissons aujourd’hui : « Ce que j’appelle “la barbarie climatique”, c’est cette idéologie brutale qui, pour faire face au réchauffement climatique, construit des forteresses à nos frontières, des centres de détention, afin de criminaliser les personnes en quête de sécurité et qui en revient à la hiérarchie entre les hommes. Selon cette idéologie, certaines vies comptent plus que d’autres ; certains sont meilleurs en vertu de la couleur de leur peau ou de leur religion. » Elle poursuit : « Il existe de nombreux exemples où l’on perd du terrain et du temps, notamment là où une réponse au changement climatique est imposée de manière structurellement injuste. En effet, nous savons que les 10 % des personnes les plus riches du monde sont responsables de 50 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. » [Le Monde]
  • Footeuses, un documentaire sur le foot au féminin : le documentaire Footeuses, réalisé par Lyna Saoucha et Ryan Doubiago, est enfin disponible en ligne. Le film donne la parole à des joueuses pros et amatrices. Elles y racontent les difficultés qu’elles ont rencontrées pour se faire accepter dans le monde du foot, mais aussi la sororité puissante qu’elles ont créée au sein de leurs équipes, ou encore leur rapport à la féminité. Footeuses nous fait découvrir des femmes multiples, loin des clichés. Le documentaire est disponible sur YouTube. [YouTube]
  • La Cour de cassation confirme que le lien unissant un chauffeur et Uber est bien un « contrat de travail » : « La Cour de cassation a confirmé, mercredi 4 mars 2020, la “requalification (…) en contrat de travail” du lien unissant l’entreprise Uber et un chauffeur, assurant que son statut d’indépendant n’est “que fictif”, en raison du “lien de subordination” qui les unit », rapporte Le Monde. Auparavant, les conducteurs-rices Uber étaient considéré-e-s comme des travailleurs-ses indépendant-e-s. Une décision que l’on peut estimer salutaire pour tenter de lutter contre ces nouveaux modèles économiques qui précarisent toujours plus les travailleurs-ses, et les dépouillent progressivement de leurs droits. [Le Monde]
  • Space Photos of the Week: Pretty Planets, Gorgeous Galaxies : lors de périodes aussi difficiles que celle que nous vivons actuellement, il est important de prendre un peu de temps pour soi – si cela est possible. À la rédaction, certaines d’entre nous aiment contempler des photos de l’espace, un moyen de s’échapper à moindres frais. La sélection de Wired de la semaine du 9 mars  2020 est particulièrement sublime et fascinante. Notre préférée : l’image de la Nébuleuse des Dentelles du Cygne, dont les vrilles sont composées de gaz très chaud et de poussière. Il s’agit des vestiges d’une supernova, une sorte de fantôme de l’espace. Distance de la Terre : 1 500 années-lumière. [Wired] [ENG]

 

Dans les oreilles et sur l’écran de Deuxième Page

  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé : il y a des jours de pluie qui semblent s’éterniser. Les heures défilent, et dans notre cœur, il fait aussi gris qu’à travers la fenêtre, que l’on contemple avec apathie. Et soudain, sans prévenir, un nuage s’écarte et laisse place au soleil, dont les rayons viennent nous réchauffer. Voilà, en quelques mots, ce qu’est Steven Universe. Le show créé par Rebecca Sugar est tel un sortilège qui ne nous quitte jamais vraiment. C’est par la puissance de ses récits que la série tend à l’universel. Les histoires, racontées avec une grande intelligence, nous parlent directement. Tout contribue au dépassement d’une forme traditionnelle de narration en changeant la façon que l’on avait jusqu’alors de s’adresser aux enfants. Les personnages, à la fois singuliers et multiples, s’expriment aussi bien en parole qu’en chansons, lesquelles nous aident à comprendre leur complexité et leurs enjeux intimes. À leurs côtés, l’on apprend de leurs réussites et de leurs échecs, de leurs imperfections et de leur incroyable détermination. L’esthétique nous enveloppe parfaitement, jusqu’à nous faire oublier la réalité. Mais surtout, Steven Universe nous questionne : quel chemin devons-nous parcourir pour accepter qui nous sommes ? La réponse, évidemment, est celui de l’amour. Celui que l’on porte à soi et aux autres. Mais aussi l’empathie et la richesse de la multiplicité. Sous ses airs de bonbon acidulé, Steven Universe est une série complexe, profonde, incroyablement originale. C’est un arc-en-ciel après l’orage, qui n’en finit plus de briller.

Steven Universe, créée par Rebecca Sugar, 2013-2019. © Cartoon Network Studios

  • Passion podcasts, l’émission à écouter cette semaine : Lady Oscar, Lin Beifong et She-Hulk ne sont que quelques uns des noms que tu apprendras à connaître en écoutant « Codexes », le podcast dans lequel deux artistes, autrices et surtout grandes passionnées discutent de personnages de fiction féminins. Dans un paysage radiophonique où les animateurs de podcasts pop culturels n’ont de cesse de louer la badasserie très unidimensionnelle de certaines héroïnes, Eve et Jade ont décidé qu’il était temps que leur grande multiplicité soit explorée par d’autres personnes que des hommes. Dans la joie et l’humour, elles parlent à cœur ouvert des personnages qu’elles aiment et n’aiment pas, en alliant toujours un peu d’introspection, mais surtout en prenant à contre-pied la tendance qu’on certain-e-s à vouloir juger et classer les femmes entre elles. Des protagonistes aux personnages secondaires, des héroïnes aux pouvoirs surpuissants aux amoureuses éperdues : une nouvelle émission de « Codexes » est disponible en ligne un vendredi sur deux.

 

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Image de une : © NASA/JPL-CALTECH