Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • La bisexualité dans les séries : de l’invisibilisation à l’inclusivité : la journaliste Marion Olité a décidé d’explorer la représentation de la bisexualité dans les séries. Elle montre à quel point son évolution est la manifestation de changements opérant au sein de la société : « Après l’invisibilisation viennent les premières tentatives, louables et maladroites puisqu’elles reflètent une société qui s’éveille à peine, puis on va proposer des protagonistes plus positifs ou du moins, leur donner plus de place, mais pour cela, ils doivent être extraordinaires et exceptionnels, avant d’atteindre enfin le Graal – la banalisation et la multiplication des représentations. » Un article riche en exemples : The L Word, Buffy contre les vampires, Nip/Tuck, Orange Is the New Black, etc. [Biiinge]
  • Les identités de frontières de Gloria Anzaldúa : Ballast te propose de découvrir l’incroyable poétesse, théoricienne et féministe Gloria Anzaldúa (1942-2004) grâce à une traduction de son texte The New Mestiza Nation: A Multicultural Movement (2009). Dans celui-ci, la poétesse chicana, queer et issue d’un milieu ouvrier explore les « identités de frontières » dans un langage authentique mêlant l’espagnol, le nahuatl et l’anglais. Elle interroge la « blessure » que représentent ces frontières ainsi que la manière dont il est possible de les recoller pour créer un réel « pont » entre elles : « Dans cet état à l’entre-deux, la mestiza peut être médiatrice, traductrice ; elle sait négocier et naviguer à l’intérieur de ces différents lieux. Nous sommes quotidiennement en négociation avec ces mondes, conscientes que le multiculturalisme est une façon de les voir et les interpréter mais est, aussi, une méthodologie de résistance. » Une ode au multiculturalisme, à l’antiracisme, à la fierté et à la création. [Ballast]
  • Elle marche seule à travers la France contre le sexisme dans l’espace public : en juillet 2020, Marie Albert s’est lancée dans son « Survivor Tour », un tour de France à pied, en solitaire, dont l’enjeu est de rendre visibles les victimes de violences sexistes, grossophobes, islamophobes, et les violences envers les personnes LGBTQIA+. « Marcher seule quand on est une femme, c’est déjà politique. Depuis que je suis toute petite, on me dit que le dehors est dangereux, qu’il faut pas y aller toute seule, qu’il faut pas que je sorte la nuit. » [ChEEk Magazine]
  • « C’est sidérant de mépris » : ce que les acteurs du mouvement social pensent du nouveau gouvernement : début juillet 2020, la nouvelle composition du gouvernement français était dévoilée. Dans son ensemble, le choix des ministres s’apparente à un acte de provocation, une insulte envers les mouvements de lutte pour la justice sociale : « Un nouveau ministre de l’Intérieur accusé de viol, un garde des Sceaux qui a affiché des positions résolument antiféministes, une ministre du Travail qui inquiète les syndicats, un ministre de l’Éducation décrédibilisé [et] le retour en grâce des “réformateurs” de l’hôpital public. » L’article détaille pourquoi certaines nominations se révèlent extrêmement problématiques et rappelle la continuité des liens que des ministres entretiennent avec les grandes entreprises : la ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes, Élisabeth Moreno, vient notamment d’une multinationale de l’électronique, et la ministre du Logement « a dirigé la communication du groupe Danone ».  [Basta !]
  • Le Mouvement de l’immigration et des Banlieues, matrice politique du comité Adama : dans cet entretien, Samir B. Elyes, ancien membre du Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), explique la formation de cette organisation dont les combats se retrouvent aujourd’hui au sein du Comité Adama. Fondé en 1995, le MIB fut l’un des précurseurs de la lutte contre les violences policières en France. Les champs d’action de l’organisation étaient pluriels : « Un problème à l’école ? On organise du soutien scolaire. […] On aide les gens à avoir accès à leurs droits. » Le MIB s’est dissous, mais il a laissé en héritage des comités de quartier extrêmement engagés et inspire notamment Assa Traoré, laquelle depuis 2016 « fait le tour des quartiers populaires de France, pour créer du lien et un combat commun, sans jamais abandonner le local. Tout part du local ». [StreetPress]

 

Sur les écrans et dans les oreilles de Deuxième Page

  • La musique de la semaine : en 2018, l’autrice, compositrice et interprète Siêm Folknomade a sorti son tout premier EP, #BlackSheepColorist. Née en Algérie et résidant maintenant à Marseille, elle conte son exil sentimental. Sa musique mêle la folk nomade et la néo-soul aux couleurs musicales nord-africaines. Le mariage de ces différentes influences s’inscrit au plus profond de nous, et nous invite à rêver un monde sans frontières. À travers son univers mélancolique et envoûtant, sa douce voix nous emporte en terres inconnues, sur une planète qui est celle de son âme. Aujourd’hui, elle te propose un remix issu de son premier EP, disponible en streaming depuis le 29 juin. Bienvenue au cœur de la poésie de cette artiste singulière et pleine de ressources qui te fera voguer au beau milieu de son vague à l’âme.

  • La série de la semaine : après The Politician, le prolifique showrunner et scénariste américain Ryan Murphy est de retour avec une mini-série en sept épisodes sur Netflix. Uchronie mêlant un récit d’événements fictifs à un point de départ historique, Hollywood se déroule dans les années 1940 et se concentre sur un petit groupe de jeunes gens qui désirent plus que tout faire carrière dans le septième art. Murphy s’échappe de la réalité et ajoute à son récit un message progressiste, tolérant et égalitaire. C’est donc une équipe éclectique dans le Hollywood d’après-guerre qui prend les commandes du nouveau film que souhaite produire le Studio Ace, dirigé par Avis Amberg, une femme juive de 70 ans. Autour d’elle : Archie Coleman, scénariste afro-américain et homosexuel, Raymond Ainsley, réalisateur de descendance asiatique et Camille Washington, actrice principale afro-américaine. Le groupe commence peu à peu à vivre comme il l’entend et revendique son vécu et ses opinions dans une société américaine conservatrice. Murphy nous emporte avec lui dans son rêve et réinvente l’histoire. On se laisse happer par la reconstitution grandiose de Tinseltown, et on se délecte de la galerie de personnages qui nous est offerte. Mention particulière à Jeremy Pope, ensorcelant dans le rôle d’Archie Coleman, sans oublier les performances des vétéranes et incroyables Patti Lupone et Holland Taylor.

Hollywood, créée par Ryan Murphy et Ian Brennan, 2020. © Netflix

 

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