Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Belgique : vers une interdiction du voile à l’université : le 4 juin 2020, la Cour constitutionnelle belge a autorisé les établissements de l’enseignement supérieur à interdire le port de signes religieux via un arrêt. L’on sait pertinemment que les premières personnes visées par cette réforme sont les femmes musulmanes portant le voile. Face à cette discrimination sexiste et islamophobe, les collectifs Belges comme vous, La Cinquième Vague et Imazi.Reine ont décidé de se battre pour garantir l’accès à l’éducation de tou-te-s en lançant deux hashtags #HijabisFightBack et #TouchePasAMesEtudes. Une manifestation a eu lieu le 5 juillet à Bruxelles.
  • « Checker les privilèges » ou renverser l’ordre ? : « Le risque est grand de lutter pour moins de privilèges alors qu’un enjeu politique bien plus radical consisterait à lutter pour l’accès de tous et de toutes à la justice sociale. » La sociologue Kaoutar Harchi revient sur la notion de « privilège blanc » qu’elle définit comme « le fait, pour les individus de condition blanche, d’être exempts de toute expérience raciale pénalisante et stigmatisante. Autrement dit, d’être inconscients de tout bénéfice racial – quelles que soient leur position de classe et leur appartenance de genre ». Elle nous donne les clés pour comprendre la puissance et les limites de cette notion afin de « [réinventer] un [jeu], tout autre, égalitaire et autonome, révolutionnaire, inconditionnellement juste », car, écrit-elle, « comme il importe de travailler à une société sans classe – entendre sans domination de la classe capitaliste sur le reste de la société –, il importe de travailler à l’édification d’un monde libéré des catégories sociales de race ». [Ballast]
  • Gabrielle Deydier: What It’s Like To Be Fat In France : Gabrielle Deydier est l’autrice d’On ne naît pas grosse (2017) et la coréalisatrice du documentaire On achève bien les gros (2020). Dans cet article, elle revient sur son parcours avant la publication de son livre, lequel a ouvert les yeux à de nombreuses personnes sur l’ampleur de la grossophobie en France. Les discriminations au travail notamment sont extrêmement présentes. Gabrielle Deydier a d’ailleurs subi bon nombre de remarques humiliantes de la part d’employeurs-ses. Elle raconte par exemple que lors de son premier jour en tant qu’institutrice dans une classe de six jeunes autistes, le directeur a affirmé « que c’était injuste pour les enfants, parce qu’ils et elles étaient maintenant doublement stigmatisé-e-s – en raison de leur handicap et parce qu’ils et elles allaient être harcelé-e-s pour avoir une professeure grosse ». L’autrice évoque aussi la maltraitance médicale. Pour elle, cette grossophobie est très française : « En Espagne, ce n’était tout simplement pas un problème. Si quelqu’un-e commentait mon apparence, ce n’était que pour me faire un compliment. En France, si je prends part quelques minutes à une conversation, c’est plutôt : “Mais pourquoi es-tu grosse ? C’est un choix ? Une maladie ?” » [The Guardian] [ENG]
  • Why The Justice For Elijah McClain Movement Is Overdue : il aura fallu presque une année entière pour que le nom d’Elijah McClain soit mis sur le devant de la scène. Le soir du 24 août 2019, ce jeune homme noir américain de 23 ans est tué par placage au sol par trois officiers de police à Aurora (Colorado), alors qu’il revient d’une épicerie et porte un masque de ski − souffrant d’anémie, il a en effet souvent très froid. Les policiers n’ont jamais été jugés pour son meurtre, ont seulement été congédiés et exercent aujourd’hui de nouveau leur métier. L’affaire a été très peu couverte par la presse à l’époque, puis est tombée dans l’oubli jusqu’à ce que le mouvement de lutte antiraciste s’en empare. Le 9 juin dernier, le département de police d’Aurora a interdit aux officiers d’utiliser la prise d’étranglement, en même temps que le directeur municipal Jim Twombly acceptait d’ouvrir une enquête sur la mort du jeune homme. Alors que les policiers responsables du meurtre de Breonna Taylor sont toujours en liberté, ceux à l’origine de celui d’Elijah McClain vont peut-être enfin se retrouver face à la justice. [Refinery29] [ENG]
  • #BlackLivesMatter, l’assourdissant silence des musées français : dans cet article, le journaliste Sébastien Magro déplore le manque de réactions des musées face aux événements récents concernant les réalités du racisme en France. Un silence qui n’étonne pas l’historienne de l’art Anne Lafont. Ce serait en effet « le symptôme de quelque chose de plus général en France, où la tentation est grande de ne pas relier l’histoire des musées à ce qui se passe dans le monde aujourd’hui ». Heureusement, quelques exceptions existent, comme le musée d’Aquitaine, à Bordeaux, qui a partagé son souhait de participer à la décolonisation des collections françaises. [Slate.fr]

 

Sur les écrans et dans la wishlist de Deuxième Page

  • La démarche de la semaine : pendant la période de confinement, on a beaucoup parlé des violences conjugales et intrafamiliales. Maintenant que nous sommes déconfiné-e-s, nous devons continuer d’aider les victimes, ne pas les laisser tomber dans l’oubli et l’isolement, et conscientiser notre société à ces problématiques. C’est pourquoi l’autrice-compositrice-interprète belge Jona Oak a mis en place la campagne de sensibilisation « Turbulence », accompagné d’un morceau du même nom. Pour l’occasion, des artistes du monde entier se sont filmé-e-s et enregistré-e-s pendant le confinement afin d’interpeller nos sociétés, et soutenir les actions des associations qui œuvrent au quotidien pour libérer la parole des femmes et des enfants victimes. Le clip vidéo a ainsi été réalisé au profit des associations Women Safe & Children, SOS Villages d’Enfants et de la plate-forme interculturelle ADJE. Il est aussi possible d’acheter la piste numérique de la chanson à partir de 1 euro sur Bandcamp : la totalité des fonds sera reversée aux associations partenaires de la campagne. Ensemble, ces artistes veulent montrer que cette lutte concerne les cinq continents, et appelle à la solidarité de chacun-e pour agir et changer les choses.

  • Le projet de la semaine : la rentrée d’automne 2020 s’annonce décidément palpitante pour la presse féministe indépendante ! On t’avait déjà présenté Women Who do Stuff lors de la sortie de leur tout premier magazine papier. Aujourd’hui, l’équipe revient pour le numéro 2 ! Cette fois-ci, c’est plus de 50 contributrices d’horizons différents qui questionnent le thème de la famille et les problématiques qui y sont liées, avec un œil toujours critique, féministe, politique et engagé. Transmission, maternité ou non-maternité, PMA, sororité, déchirements… Tels sont les thèmes de ce nouveau numéro qui nous donne envie. Le petit plus ? Pour chaque exemplaire vendu, 1 euro est reversé au comité La vérité pour Adama ainsi qu’au pot solidaire des Femmes de chambre en grève de l’hôtel Ibis Clichy-Batignolles. Quoi de mieux qu’agir pour un monde meilleur avec une bonne lecture entre les mains ? Pour précommander, c’est par ici.

 

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Image de une : « Turbulence », couverture réalisée par Maya Mihindou. © Maya Mihindou