Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Roxane Gay: What Does a Political Story Look like in 2018? : cette année, l’autrice Roxane Gay a été chargée d’éditer le nouveau The Best American Short Stories. Dans un article, elle explique sa démarche pour choisir 20 histoires parmi les 120 qu’elle a eu la chance de lire. Elle en profite aussi pour donner sa vision de l’écriture, et de l’acte d’écriture lui-même : « Certain-e-s auteurs-rices s’accrochent obstinément à l’idée que l’écriture ne devrait pas être souillée par la politique. Ces personnes travaillent en pensant qu’elles peuvent écrire une fiction qui ne soit pas politique ou influencée d’une quelque autre façon par la politique – ce qui est, qu’elles le réalisent ou non, une position politique en soi. D’autres pensent que s’intéresser au politique est une composante fondamentale de leur métier. Et puis, il y a ces auteurs et autrices – comme moi-même – qui pensent que le fait même d’écrire à partir de leur position subjective est politique, peu importe ce qu’ils ou elles écrivent. En tant que femme noire et queer, je sais qu’écrire est un acte profondément politique, que j’écrive à propos de la splendeur de Magic Mike XXL ou un roman au sujet d’un kidnapping en Haïti ou une nouvelle concernant une femme qui mange un yaourt périmé alors que son mari lui propose un mariage libre […]. Si les auteurs et autrices ont une responsabilité concernant leur manière de raconter le monde, les lecteurs et lectrices ont très certainement une responsabilité quant à ce qu’ils et elles consomment. » [Literary Hub] [ENG]
  • Les travailleuses du sexe, toujours exclues du mouvement #metoo : le mouvement #metoo a permis la visibilisation de problématiques depuis longtemps évoquées et dénoncées par les militantes féministes. Pourtant, en France, les travailleuses du sexe sont toujours mises de côté, voire complètement ignorées. Les préjugés qui entourent leur profession sont importants : « Le mouvement #metoo n’a rien changé pour nous car la société a encore du mal à assimiler qu’une travailleuse du sexe puisse être violée. Il y a toujours cette image que nous vendons notre corps et que le client fait tout ce qu’il veut, alors que c’est complètement faux, nous vendons une prestation. » [Le Monde]
  • Jair Bolsonaro élu président : le Brésil prend le virage de l’extrême droite : au début du mois d’octobre 2018, l’appréhension autour des futurs résultats de l’élection présidentielle brésilienne grossissait, laissant un grand nombre de personnes craindre le pire, et plus particulièrement les femmes, les personnes racisées et LGBTQ+. En cas de victoire de Jair Bolsonaro, un homme détestable, admirateur de l’ancienne dictature militaire brésilienne, ces populations le savaient : elles seraient directement impactées par les politiques de son gouvernement. Et le 29 octobre 2018, la nouvelle est tombée : le fasciste Jair Bolsonaro a été élu président à plus de 55 % des voix. Misogynie, homophobie et racisme étaient au cœur de sa campagne. Dans un article pour The Nation, Andy Robinson a aussi rappelé que « Bolsonaro a déclaré dans le passé que 30 000 personnes devraient être tuées dans une guerre civile contre les communistes pour que la démocratie soit rendue possible au Brésil ». Un triste jour pour le Brésil, donc, mais aussi pour nous tou-te-s. Nous devrions être solidaires et penser à nos frères et sœurs brésilien-ne-s, car l’avenir s’annonce sombre. Ce qu’il se passe en Amérique du Sud est loin d’être un cas isolé. États-Unis, Europe, Philippines, Turquie : l’extrême droite est en train de s’installer partout à travers le monde. Les fascistes reviennent au pouvoir, et ils ne comptent pas l’abandonner. [Le Monde]
  • Total autorisé à forer au large de la Guyane, malgré l’absence de débat public : en Guyane, Total a obtenu une autorisation pour effectuer cinq forages au sud-ouest de la Guyane maritime. Alors que l’entreprise pétrolière affirme que leurs recherches ont révélé un gisement très prometteur, les collectifs et associations locales, comme Guyane Nature Environnement ou l’Autorité environnementale, se sont indignées contre cette décision, prise sans aucun débat public. Ce projet va à l’encontre des lois et des prescriptions mises en place pour lutter contre le dérèglement climatique engendré par de telles explorations. Enfin, ces organisations ont pointé du doigt les risques de marée noire et le manque d’anticipation de Total si ce genre de catastrophe écologique devait se produire. [Mediapart]
  • Il n’y a jamais eu autant de personnages LGBT+ dans les séries : le nouveau rapport de l’association américaine Glaad nous apprend qu’il n’y a jamais eu autant de personnages LGBTQ+ dans les séries télévisées (américaines). C’est une excellente nouvelle, d’autant plus que leur représentation y est plurielle. Pour la première fois, le nombre de personnages LGBTQ+ racisés est plus important que celui des personnages LGBTQ+ blancs. En revanche, la représentation des personnes en situation de handicap reste faible. Pour le rapport complet, rendez-vous sur le site de Glaad. [Komitid]

 

Sur l’écran de la rédac de Deuxième Page

  • L’artiste de la semaine : en 1959, le photographe Christer Strömholm arrive à Paris. Durant plusieurs années, il partage son quotidien avec un groupe de personnes qui changera sa vie : les femmes transgenres vivant dans les hôtels de la place Blanche, dans le 18e arrondissement. Une communauté marginalisée qui devient très rapidement sa famille de cœur. Au quotidien, le photographe capture des portraits intimistes de ses amies, des moments ordinaires. Quand son travail est publié pour la première fois en 1983, Strömholm écrit : « Quand l’aube approchait, à 6h du matin, le métro rouvrait. On buvait nos chocolats chauds, achetions le journal. On marchait tranquillement le long du boulevard, remontions la rue Lepic pour retourner dans nos petites chambres d’hôtel. À Paris, c’était le matin, mais pour mes amies de la place Blanche, c’était encore la nuit. Mes amies vivaient ensemble dans un monde à part, un monde d’ombres et de solitude, d’anxiété, de désespoir et d’aliénation. La seule chose qu’elles demandaient était d’avoir le droit d’être elles-mêmes, de ne pas être obligées de nier ou de réprimer leurs sentiments, d’avoir le droit de vivre leur propre vie, d’être responsables, d’être en accord avec elles-mêmes. Rien de plus. Il s’agissait alors – et c’est toujours le cas – d’obtenir le droit de posséder sa propre vie et son identité. » Pour découvrir toute la sélection des photos du Guardian, tu peux te rendre ici.
Nana. Paris, 1959. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Nana. Paris, 1959. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Sabrina. Paris, 1967. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Sabrina. Paris, 1967. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Mimosa à l'Hôtel Pierrots. Paris, 1963. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Mimosa à l’Hôtel Pierrots. Paris, 1963. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Cobra. Paris, 1960. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Cobra. Paris, 1960. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Carla et Zizou à la Brasserie Graff. Paris, 1963. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

Carla et Zizou à la Brasserie Graff. Paris, 1963. © Christer Strömholm Estate/Agence VU

  • Passion Podcasts, l’émission à écouter cette semaine : en trois épisodes seulement, le podcast Miroir miroir de Jennifer Padjemi est déjà devenu incontournable. Les sujets qu’il traite restent encore trop rarement abordés. Cette fois, la journaliste reçoit Elisa Rojas, avocate au Barreau de Paris et cofondatrice du CLHEE (Collectif lutte et handicaps pour l’égalité et l’émancipation), pour parler de la représentation des personnes en situation de handicap dans les médias et la société, mais aussi des politiques validistes des pouvoirs publics. Elisa Rojas nous donne des solutions et des explications sur des situations concrètes, et le besoin urgent d’un véritablement changement quant à la situation actuelle.

 

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Image de une : Pose, une série créée par Ryan Murphy, Brad Falchuk et Steven Canals, 2018. © JoJo Whilden/FX