Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Marche arrière au Sénat sur l’allongement du délai de recours à l’IVG : on y avait pourtant cru. Mais le Sénat a fait marche arrière. Début juin 2019, il avait adopté un allongement de deux semaines du délai légal pour avorter. Mais, à la demande de la droite, la mesure a été soumise à une nouvelle délibération (avec l’accord du gouvernement) et, cette fois, a été rejetée. Le Planning familial et Laurence Rossignol, à l’initiative de l’amendement, ont exprimé leur fort mécontentement. [Libération]
  • PMA : si la loi était passée avant, ces femmes auraient pu avoir un enfant : l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes ne cesse de reculer. Et cela a des conséquences concrètes pour les concernées, les lesbiennes et les célibataires. « Ces sept années écoulées, depuis 2012, ont été perdues pour beaucoup. Car sept années, pour un projet de bébé, ce n’est pas rien. Certaines ont dû, la mort dans l’âme, tirer un trait sur leur désir de fonder une famille. De reports en renoncements, au bout du compte, ce sont encore et toujours les femmes qui trinquent. » Certaines d’entre elles racontent à Marie Claire leurs parcours, les procédures à l’étranger, les difficultés et les échecs, et la violence que cela représente de se voir refuser ce droit : « Toutes les femmes interrogées nous l’ont dit, l’immense place prise par la prétendue Manif pour tous lors des débats et les torrents de haine déversés par ses membres les ont meurtries. Pendant deux ans, en se rendant au travail, Laura a croisé un tag, dessiné au sol, clamant “PMA sans père = malheur sans fin”. “La mairie n’a rien effacé. Des inconnu.e.s ont fini par peindre des petits cœurs par dessus, je les ai béni.e.s. Ces gens sont aveuglés par la haine, ils ne se rendent pas compte de la violence que cela représente de lire ça chaque jour.” » [Marie Claire]
  • Comment les hommes ont freiné l’essor du foot féminin : on semble découvrir aujourd’hui l’existence du football joué par des femmes. C’est oublier que ce sport a déjà connu un âge d’or il y a une centaine d’années. Mais son essor a été stoppé par des hommes considérant que le football était leur chasse gardée et que les joueuses remettaient en question les fondements de leur domination masculine. Alternatives Économiques revient sur cette histoire et, plus largement, sur le combat féministe que représente le développement des sports : « “Le retour à l’ordre patriarcal auquel aspirent les hommes passe par un retour à l’ordre footballistique”, analyse Michaël Correia, pour qui “le message politique envoyé par les autorités politiques est clair : les stades de football doivent demeurer un temple de la masculinité et les femmes sont tenues de se consacrer à la régénération de la nation” ». Et, pour en savoir plus sur Ellen Fille, à qui l’on doit la coupe du monde, c’est ici. [Alternatives Economiques]
  • Diariatou Kebe. « La littérature jeunesse n’est pas faite pour les non-blancs » : à la naissance de son fils, Diariatou Kebe constate qu’en France les représentations dans les ouvrages sur la maternité sont hétéronormatives et blanches. « Ce qui est différent par rapport aux parents blancs c’est qu’on va devoir parler de violences policières, on va devoir parler de racisme, on va devoir parler de discriminations » et, si l’enfant est une fille, il faut y ajouter d’autres problématiques comme « la discrimination face aux cheveux, le colorisme, le marché de l’amour qui n’est pas fait pour les filles noires… » Elle prend donc les choses en main pour proposer elle-même une alternative et publie le livre Maman, noire et invisible. La littérature jeunesse en France souffre aussi de ce manque de pluralité. Or, comme Diariatou le dit, pour les enfants noir-e-s ou métissé-e-s « c’est pas possible de grandir en pensant qu’il n’y a que Kirikou comme exemple de personnage qui [leur] ressemble. » Pour tenter de pallier cela, elle a fondé l’association Diveka qui met en avant des auteurs-rices racisé-e-es. [Manifesto XXI]
  • « Paye ta shnek » s’arrête après sept ans de témoignages dénonçant le sexisme : le militantisme peut être usant : c’est ce que déclare Anaïs Bourdet en annonçant la fin de la plateforme « Paye ta shnek ». Insultes, intimidations ou violences physiques, la militante féministe souhaitait montrer la réalité protéiforme et insidieuse des violences de genre. Ce Tumblr avait ouvert la voie et délié les langues d’une multitude de secteurs (médical, professionnel, universitaire…), montrant par ce fait qu’aucun milieu n’est épargné. Fatiguée par le poids psychologique de ce travail, par les violences sexistes qu’elle subit elle-même, elle se tourne vers d’autres projets, toujours engagés : « Je n’en peux plus. Je n’y arrive plus. Je n’arrive plus à lire vos témoignages et à les digérer en plus des violences que je vis dès que je mets le pied dehors […] Je n’ai pas ou plus les épaules, je suis épuisée et, honnêtement, terrorisée », a-t-elle écrit dans son post final. Bon courage, Anaïs, et merci pour tout ton travail ! [Le Monde]

Dans les oreilles et sur l’écran de Deuxième Page

  • Passion Podcasts, les émissions à écouter cette semaine : « Quel est l’enjeu structurel qui empêche le journalisme de se regarder dans le miroir qu’il tend au reste de la société ? » Voilà la grande question au cœur du podcast Injustices de la journaliste Clara Garnier-Amouroux. Avec ses quatre premiers épisodes, elle revient sur les récentes révélations concernant les agressions sexistes et sexuelles dans les médias en France. En février 2019, avec la publication du premier article mettant en lumière les agissements de la Ligue du LOL, la presse s’est emparée d’un sujet qui, loin d’être nouveau, avait longtemps été ignoré par les médias. Fraîchement diplômée, Clara Garnier-Amouroux est surprise par l’ampleur de la situation : comment ces hommes ont-ils pu agir ainsi aussi longtemps et en toute impunité ? La jeune journaliste a donc choisi de tendre son micro à des femmes journalistes qui ont subi ces agressions. Son ambition : faire entendre celles qu’on a trop longtemps fait taire et ignorées, et interroger un milieu professionnel tout entier et les problèmes systémiques qui participent à une culture raciste et sexiste. Tu pourras entendre dans ce podcast leurs témoignages forts et puissants et mieux comprendre comment le silence autour de ces agressions s’est construit dans cette profession.

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : pour tou-te-s celles et ceux qui s’intéressent au féminisme et aux cultures alternatives, le livre Riot Grrrls : Chronique d’une révolution punk féministe est une petite pépite au style accessible, rythmé et fluide. Les connaisseurs-ses de la culture punk des Riot Grrrls pourront en découvrir davantage sur ce mouvement que l’autrice, Manon Labry, a étudié en profondeur, puisqu’elle a réalisé sa thèse sur le sujet. Et pour les curieux-ses intrigé-e-s par cet univers, c’est l’occasion parfaite d’y entrer avec fracas. La vague Riot Grrrl, c’est un mouvement effervescent et inspirant porté par des féministes américaines au début des années 1990, lesquelles ont voulu introduire leur engagement politique dans le milieu ultra masculin du punk. Leur influence peut encore se ressentir aujourd’hui, dans la musique comme dans le militantisme. Elles abordent pour la première fois dans la musique punk des sujets qui les touchent personnellement en tant que femmes, tels que le viol, les violences conjugales et le racisme. Des groupes, dont les plus connus sont Bikini Kill et Bratmobile, aux fanzines et conférences, ce livre est extrêmement riche en références et donne envie d’explorer encore plus ce mouvement.

 

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Image de une : Les membres de l’équipe de football « Les Amazones » s’entraînant à Combe Martin, un village au nord du Royaume-Uni : (de gauche à droite) Pat Camp, Daphne Challcombe, Marcia Gubb, Rosemary Bowles et Elizabeth Parkin, le 6 septembre 1954. © Reg Speller/Fox Photos/Hulton Archive/Getty Images