Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Des applis de suivi de règles ont encore fait n’importe quoi avec vos données personnelles : si tu utilises une application pour le suivi de tes menstruations, sois vigilant-e. En effet, une enquête de Privacy International a révélé que plusieurs applications ont partagé des données avec Facebook : « La date de vos dernières règles, le journal de vos maux de ventre et migraines, des détails sur votre libido et vie sexuelle… » Parmi celles concernées figurent notamment Maya, MIA Fem, Period Tracker de Linchpin Health, l’Ovulation Calculator de Pinkbird et Mi Calendario de Grupo Familia. Pour prendre l’exemple de Maya, celle-ci, en plus d’avertir Facebook à chaque utilisation de l’app, partage également des informations confidentielles concernant le recours à une contraception, l’humeur de la personne, la fréquence des rapports sexuels ou même le contenu de la section « notes », lequel « permet entre autres d’ajouter des symptômes non répertoriés. » La plupart de ces données sont utilisées par Facebook afin de pouvoir faire de la publicité ciblée. [Numerama]
  • Michelle – Billet de blog : quel impact a réellement le travail gratuit des femmes dans la sphère privée ? Comment cela influence-t-il leurs revenus et plus précisément, leur retraite ? Ces questions, l’illustratrice Emma les aborde toutes dans le tome 3 de sa bande dessinée La charge émotionnelle et autres trucs invisibles. En signe de protestation contre la réforme des retraites menée actuellement par le gouvernement, la bédéiste a mis gratuitement les passages de sa BD en rapport avec ces sujets à disposition sur son blog. Au cœur de son travail, Emma aborde des thématiques importantes et les accompagne de témoignages, lesquels ancrent les grandes théories dans le réel. On te partage donc cet article nécessaire, nous rappelant que la lutte pour le droit des femmes passe par la reconnaissance, et pourquoi pas la rémunération, du travail invisible qu’elles effectuent. [Le blog d’Emma]
  • Dénaturer la #nature sur Instagram : les réseaux sociaux et la course aux likes qu’ils entraînent ne sont pas sans conséquence pour l’environnement. Quand certains espaces naturels gagnent en popularité en ligne, ceux-ci se transforment en attractions touristiques, au détriment de leur préservation. Cet article évoque notamment l’exemple du parc naturel de Joffre Lakes au Canada. Dans un tel contexte, le travail des gardien-ne-s y est devenu éreintant, comme l’explique un ancien employé : « Pendant que je nettoie la première toilette, une file se forme rapidement. Les gens s’impatientent et me somment de me dépêcher. Je vois un homme laisser un sac-poubelle derrière un arbre, mais je suis débordé. Puis, j’aperçois des touristes en train de nourrir de gros geais gris malades avec des croustilles. Derrière moi, un couple fait une séance photo pour une poudre protéinée, se tenant hors sentier et endommageant la végétation. » D’autres cas sont aussi évoqués, comme celui de la montagne Vinicunca, au Pérou, découverte il y a cinq ans par les touristes, en grande partie grâce aux réseaux sociaux : « Maintenant, près de 1 000 personnes grimpent la montagne tous les jours, ce qui amène des environnementalistes à craindre pour l’intégrité de ce milieu naturel ». L’article est long, mais tu ne regretteras pas d’avoir consacré quelques minutes de ta journée à sa lecture. C’est édifiant. [Radio-Canada]
  • Je suis un accident sociologique mais pas votre alibi : dans ce papier, la journaliste Faïza Zerouala revient sur les notions sociologiques de classes sociales et d’habitus pour montrer à quel point celles-ci sont toujours effectives dans la société française. Bien que des cas de transfuges de classe existent – terme de sociologie désignant le passage à une autre classe sociale –, notre système scolaire continue d’être un espace de reproduction des inégalités. On a beaucoup entendu parler du documentaire Les bonnes conditions (2017), qui suit le parcours de six élèves du très huppé 7ᵉ arrondissement parisien durant trois ans. Mais Faïza Zerouala recommande également de regarder Les défricheurs (2019) de Mathieu Vadepied et Fabien Truong, qui s’intéresse aux jeunes de Seine-Saint-Denis, pour mieux saisir les contrastes entre les milieux sociaux. Les statistiques sont parlantes, il est bien plus compliqué pour un-e enfant issu-e d’un milieu populaire de réussir à l’école, surtout s’il ou elle a des parents immigrés. « Dans l’enseignement supérieur, les enfants d’ouvriers composent 13 % des étudiants en licence. Puis, un écrémage s’opère. Les survivants ne sont plus que 9 % en master et 7 % en doctorat. En revanche, en BTS, les enfants d’ouvriers sont représentés à hauteur de 24 %, ce qui correspond à leur proportion dans la société ». [Le Club de Mediapart]
  • Marche des mamans pour la justice et la dignité : les violences policières n’épargnent personne. À Mantes-La-Jolie, ce sont 151 enfants qui ont été agenouillé-e-s pendant plusieurs heures avec les mains sur la tête pour des raisons injustifiables, le 6 décembre 2018. Pour les parents, et notamment les mères de ces enfants, c’est intolérable. « Ils sont en guerre contre la jeunesse des quartiers. Ne laissent-ils pas se perpétrer les crimes policiers en abandonnant les familles endeuillées à leur désarroi ? », écrivent-elles dans ce billet, dénonçant le racisme d’État et le traitement inacceptable que les jeunes subissent depuis trop longtemps maintenant. Ainsi, afin d’exprimer leur colère et de se faire entendre, ces femmes courageuses ont décidé de manifester : « Si collectivement, nous ne sommes pas capables d’obtenir justice pour les enfants des quartiers les plus défavorisés de France, alors que les “événements de Mantes” ont dévoilé un flagrant délit policier aux yeux de la terre entière, si notre jeunesse est abandonnée, il ne sera plus permis à personne de rêver à un monde meilleur. » [Le Club de Mediapart]

 

Sur les étagères et dans l’agenda de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : la délivrance. C’est ce sentiment qui nous submerge lorsque l’on referme le livre Et soudain, la liberté (Les escales éditions, 2017). L’histoire bouleversante, un peu atypique et profondément intime d’Évelyne Pisier couvre les pages d’un voile de tendresse. Peut-être, plus encore que le récit, est-ce l’étroite relation de l’éditrice, Caroline Laurent, avec l’autrice qui confère à l’ouvrage une nuance salutaire, preuve s’il en fallait une que la sororité peut être génératrice d’une grande puissance. À 75 ans, Évelyne décide d’écrire sa vie. Caroline et elle deviennent amies, et en quelques mois, apprennent à se connaître profondément. Mais l’autobiographe meurt alors que son récit n’est pas encore achevé. C’est à son éditrice de prendre le relais et d’assurer une publication respectueuse des confidences de son amie, de son vécu et de ses volontés. La vie peu ordinaire d’Évelyne Pisier est donc entrecoupée des pensées de l’éditrice, de son deuil et de son combat pour rendre Et soudain, la liberté publiable. Les femmes du livre sont fortes et fragiles à la fois ; et la liberté est chère payée lorsque l’on n’a jamais appris qu’il était légitime de s’en saisir dans un contexte où les hommes dominent, contrôlent et asservissent. Quelle lecture !

  • L’événement de la semaine : depuis le 11 septembre et jusqu’au 24 novembre 2019 se tient à Paris la troisième Biennale des photographes du monde arabe contemporain. Ce sont les travaux de près de cinquante artistes qui sont exposés dans neuf lieux (dont l’Institut du monde arabe ou la Cité internationale des arts). De Beyrouth à l’Égypte, de la question du don à celle de la paix et du silence, l’on découvre au fil de nos visites des clichés riches en émotion et en puissance. Qu’ont à dire ces femmes et ces hommes du monde qui nous entoure ? Des créatrices incroyables sont mises en valeur, comme Lamia Maria Abillama, Hassan Hajjaj ou encore Myriam Boulos. Les neuf espaces d’exposition, dont sept sont accessibles gratuitement, sont répartis le long de la Seine (dans les 4ᵉ et 5ᵉ arrondissements). Un billet couplé pour l’Institut du monde arabe et la Maison européenne de la photographie est disponible (14 € en plein tarif, 7 € en tarif réduit). Toutes les informations pratiques sont disponibles sur le site de la Biennale.

Nightshift, 2015. © Myriam Boulos

 

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Image de une : Meryem Benmbarek (2017), Alo Wala (2015) et Keziah Jones (2011), photographies de la série « My Rockstars ». © Hassan Hajjaj