Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Des femmes nous racontent comment arrêter de s’épiler a changé leur vie : l’injonction au corps glabre, et particulièrement à l’épilation, pèse fortement sur les femmes. Si on assiste depuis quelques années à plus de discussions sur le sujet et à la visibilisation de davantage de femmes poilues dans l’espace public, cela reste rare et demande une véritable volonté de la part de celles qui décident de laisser pousser leurs poils. Certaines d’entre elles se sont confiées aux Inrocks, racontant leur cheminement, les raisons de leurs choix et éventuellement les difficultés rencontrées dans l’acceptation de leur corps poilu, par elles-mêmes ou par les autres. [Les Inrocks]
  • Colombie : Claudia Lopez, la première femme élue maire de Bogota : Bogota, en Colombie, offre un vent d’espoir pour la présence des femmes en politique : la ville vient d’élire pour la première fois une maire, Claudia Lopez. Cette dernière représentait une coalition de gauche (entre le Parti vert et le Pôle démocratique). Dans un pays encore très catholique, elle assume publiquement son homosexualité et, issue d’un milieu modeste, elle a pu faire de prestigieuses études grâce à des bourses universitaires. C’est une personnalité courageuse qui « s’est fait connaître, il y a quelques années, en dénonçant les liens entre les mafias paramilitaires et plusieurs membres du personnel politique colombien, ce qui lui a valu des menaces de mort ». [Le Monde]
  • Greta Thunberg Is Leading A Youth Climate Movement Of Teen Girls Online — And They’re Getting Attacked For It : la misogynie sur Internet n’épargne pas les plus jeunes. On l’a vu avec le harcèlement massif qu’a subi Greta Thunberg, activiste pour le climat, et elle est malheureusement loin d’être la seule concernée. Havana Chapman-Edwards (8 ans), Lilly Platt (11 ans), Haven Coleman (13 ans) ou encore Alexandria Villaseñor (14 ans) subissent le même sort sur les réseaux sociaux. D’après une enquête de BuzzFeed News, le quotidien des jeunes filles engagées publiquement pour l’avenir de la planète est fait d’« insultes quotidiennes, d’attaques apparemment coordonnées […], de messages privés effrayants, de doxing [méthode consistant à rechercher des informations personnelles sur une personne et à les divulguer sur Internet, ndlr], de comptes piratés et de menaces de mort ». L’aide d’un entourage adulte est souvent nécessaire pour les protéger de ces déferlements de haine et de messages pornographiques. Les parents des activistes se sont d’ailleurs organisés entre eux et « partagent en permanence des astuces, telles que la connexion à Twitter via un réseau privé virtuel (VPN) ou le signalement des comptes peu fiables ». [Buzzfeed] [ENG]
  • Pourquoi supprimer l’Observatoire national de la pauvreté ? : depuis vingt ans, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) publie des études sur la pauvreté, ses causes et son évolution dans notre société. C’est un outil indispensable « d’analyse et de compréhension des mécanismes économique et sociologique qui sont à l’origine du développement de la pauvreté. » Dans cette tribune, des économistes, scientifiques, chercheurs-ses et acteurs-rices du monde associatif s’interrogent sur les raisons qui poussent le gouvernement à vouloir supprimer l’Onpes et sur les conséquences d’une telle décision. « L’objectif recherché est-il de “casser le thermomètre” pour ne plus voir le malade ? » Aujourd’hui, on voudrait en effet « détourner le regard de la persistance de la pauvreté ». Avec comme effet de « se priver des moyens de mieux connaître, et donc de mieux combattre, ce qui constitue un véritable fléau social et mine le fondement de notre société ». [Libération]
  • Une enquête singulière : lundi 4 novembre 2019, à l’occasion d’une émission spéciale sur Mediapart, l’actrice Adèle Haenel s’est exprimée pour la première fois depuis la publication de l’enquête de Marine Turchi. Elle y confie à la journaliste avoir été victime d’attouchements et de harcèlement sexuel par le réalisateur Christophe Ruggia, quand elle avait entre 12 et 15 ans. Outre l’enquête, qu’il importe de lire entièrement, le témoignage d’Adèle Haenel est d’une incroyable force. Il est aussi nécessaire et salutaire, alors qu’en France, l’omerta règne dans le milieu du cinéma français, et que le mouvement #MeToo n’a pas eu les mêmes répercussions qu’outre-Atlantique. « Je dois le fait de pouvoir parler à celles qui ont parlé avant dans le cadre de #MeToo. C’est une responsabilité pour moi. Aujourd’hui, je ne suis pas dans la même précarité que la plupart des gens à qui ça arrive. Je voulais leur parler à eux. Leur dire qu’ils ne sont pas seuls », expliquait-elle. Parmi les nombreux sujets abordés, l’échec du système judiciaire est revenu plusieurs fois : « Un viol sur 10 qui aboutit à une condamnation en justice, ça veut dire quoi des neuf autres ? Ça veut dire quoi de toutes ces vies ? Il y a tellement de femmes qu’on envoie se faire broyer. » Aujourd’hui, il n’y a plus qu’à espérer que pour une fois, et à l’avenir, on prendra la peine d’écouter les victimes, leur parole, et que le courage d’Adèle Haenel marquera un tournant plus que nécessaire dans la lutte contre les violences faites aux femmes. « Les monstres, ça n’existe pas. C’est notre société. C’est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. » [Médiapart]

 

Dans l’agenda et dans les oreilles de Deuxième Page

  • L’event de la semaine : on peut parfois se sentir seul-e face à la gynécologie et aux menstruations. La deuxième édition du festival Sang Rancune, organisé par Cyclique, débarque le 16 novembre 2019 à la Grande Surface (Paris) pour nous permettre de discuter ensemble de ces sujets qui nous touchent de près. Au programme : des conférences sur les règles (comment en parler aux jeunes ?), sur le lien entre corps et capitalisme, mais aussi sur l’endométriose et les problématiques de prise en charge liées au sexisme. Tu pourras te faire tatouer par Wicked Clarence et Violent Passion Tattoo si tu le souhaites, et également assister à des performances, des ateliers et des projections (et découvrir le documentaire d’Angèle Marrey, 28 jours, par exemple). Toutes les prises de parole seront interprétées en langue des signes, et le lieu est entièrement accessible aux personnes en situation de handicap. Alors, tu attends quoi pour prendre ta place ?

 

  • Passion podcasts, l’émission à écouter cette semaine : de retour depuis le 17 septembre 2019 pour une deuxième saison, le podcast Kiffe ta race, produit par Binge Audio et animé par Grace Ly et Rokhaya Diallo, se donne pour objectif de briser des tabous encore trop présents autour des questions raciales, et réussit son pari avec brio. Chaque épisode accueille un-e nouvel-le invité-e et revient sur différents événements ayant récemment fait débat ou marqué l’actualité politique, sociale ou culturelle. Le podcast aborde divers sujets de société tels que l’identité sexuelle, la pression sociale, les relations interpersonnelles (interrogeant l’impact des préjugés raciaux sur celles-ci), la religion, l’identité ou encore l’appropriation culturelle. Avec humour et intelligence, les deux animatrices partagent régulièrement leur propre expérience de femmes racisées, qu’elles enrichissent d’exemples en diffusant de nombreux extraits d’émissions, de discours, de films ou encore de spectacles humoristiques engagés qu’elles commentent. Un podcast qui fait réfléchir, qui aide à mieux comprendre ce que subissent les groupes et communautés opprimés, et qui nous permet surtout de nous départir de certains préjugés qui persistent encore et toujours dans notre inconscient. Kiffe ta race est disponible gratuitement sur SoundCloud et YouTube, avec un nouvel épisode un mardi sur deux.

 

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Image de une : © Laurent Emmanuel/AFP