Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Women’s Media Is a Scam : « Peut-être devrions-nous dire que le problème s’incarne dans l’industrie tout entière. Les médias s’adressant aux femmes fonctionnent depuis toujours grâce à l’argent de la publicité, après tout. Il n’existe pas un seul magazine féminin mainstream qui ne dépende pas de l’argent provenant des industries de la mode et de la cosmétique. Que l’on parle de Vogue ou de Cosmopolitan. Tous ces magazines compromettent leur liberté éditoriale pour préserver leur relation avec leurs publicitaires. Vogue ne peut pas faire un article critiquant une marque qui a des publicités dans ses pages. C’est un secret de Polichinelle dans le milieu du journalisme, mais celui-ci est si vieux que les gens ne s’en soucient pratiquement pas. […] La différence entre l’escroquerie actuelle des médias destinés aux femmes et celle qui la précédait est que la publicité est désormais cachée dans le “native content” et que le clickbait honteux est mieux déguisé. Au lieu de les retrouver dans une case à côté d’un article trash sur des célébrités, les offres publicitaires lucratives se cachent de nos jours dans du contenu qui imite le journalisme éthique et féministe. […] La consommation éthique des médias féminins n’existe pas dans une industrie où le féminisme est devenu un produit, et où l’engagement auprès des marques se fait en échange d’argent. La marque “féministe” rend les médias plus stupides et les consommateurs-rices moins cyniques qu’auparavant. » [The New Republic] [ENG]
  • Trevor Noah versus France: the World Cup joke controversy, explained : pour celles et ceux qui ont suivi la polémique autour du segment du Daily Show sur la finale de la Coupe du monde de football, Vox revient sur la querelle qui a opposé le présentateur de l’émission, Trevor Noah, et l’ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud. Un désaccord qui aide à comprendre plus largement les discussions et débats actuels, aux États-Unis comme en France. Une lecture intéressante pour mieux appréhender le clivage historique entre la tradition de l’universalisme français et celle du multiculturalisme américain. [Vox] [ENG]
  • GLOW’s Radical Message About Problematic Art : en montrant les coulisses d’un spectacle de catch perpétuant des stéréotypes souvent offensants (racistes et sexistes), Glow parvient à aborder un paradoxe connu de tou-te-s : comment est-il possible en tant que spectateur-rice d’aimer des œuvres culturelles très problématiques ? [Vulture] [ENG]
  • Killing Eve Season 2: Phoebe Waller Bridge on Women’s Love of Finale : Phoebe Waller-Bridge, la créatrice de Killing Eve, parle de la relation étrange entre Villanelle et Eve, et de son évolution au cours de la saison 1. Un lien qu’elle-même a du mal à définir (ce qui la rend encore plus fascinante). [IndieWire] [ENG]
  • Les mammifères deviennent nocturnes pour éviter de croiser des humains : « Les scientifiques se sont basés sur les données recueillies lors de 76 études précédentes, menées sur 62 espèces de mammifères évoluant sur six continents. Ils ont ensuite comparé les comportements des animaux soumis à une proximité humaine et ceux ne l’étant pas. Les résultats obtenus sont identiques quel que soit le continent, l’habitat ou l’espèce : lorsqu’ils ne peuvent se soustraire à la présence humaine qu’avec difficulté, les animaux choisissent de ne sortir que quand les hommes sont couchés. Ainsi, les activités nocturnes augmentent d’un facteur 1,36 lorsqu’ils vivent à côté des humains. » [Sciencesetavenir.fr]

 

Sur l’écran de la rédac de Deuxième Page

  • La vidéo de la semaine : lors du dernier épisode de Last Week Tonight with John Oliver, le présentateur a abordé le sujet du harcèlement sexuel au travail. Une émission qui mérite d’être regardée en intégralité si tu es anglophone. À l’occasion de son segment principal, John Oliver a réalisé une interview avec la professeure Anita Hill qui, au début des années 1990, a témoigné devant le Sénat américain au sujet du harcèlement sexuel qu’elle avait subi au travail de la part de son collègue, Clarence Thomas. Par son courage et sa volonté sans faille de dénoncer ce dont elle avait été victime face à des politiques aussi détestables que leurs questions, Anita Hill avait mis la lumière sur un problème permanent, lequel est de nos jours dénoncé avec force dans le sillage du mouvement #MeToo. Mais la situation a-t-elle vraiment évolué en vingt-sept ans ? Rien n’est moins sûr.

  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé : à l’heure où de nombreuses séries sont renouvelées alors même qu’elles s’essoufflent, on regrette que Sweet/Vicious ait été annulée – faute d’audience – dès la fin de sa première saison. Cette dernière était pourtant prometteuse. L’histoire prend place dans un campus américain, avec son lot de fraternités et de sororités. Sweet/Vicious s’attaque au grave problème des agressions sexuelles à l’université, lesquelles restent souvent impunies. Dans de telles situations, les victimes sont forcées de continuer à côtoyer leurs agresseurs qui, eux, poursuivent leur scolarité en toute impunité. Jules et Ophelia, deux étudiantes qui n’ont a priori pas grand-chose en commun, décident de s’unir pour agir contre ces situations insoutenables et deviennent des justicières lorsque le soleil se couche. Au fur et à mesure des épisodes, on découvre leurs histoires et tandis qu’elles se lient d’amitié, on s’attache à elles. Elles sont nous, nos sœurs, nos amies, ces inconnues croisées le temps d’une soirée. Elles luttent pour survivre et mettent les points sur les « i ». Elles vivent aussi des moments de vie ordinaires, rencontrent des garçons, mangent des milk shakes. Sweet/Vicious alterne entre sujets graves et moments de légèreté. La série sonne assez juste et dépeint en dix épisodes une palette de personnages réalistes, actuels et touchants, dans un monde où le statu quo fait loi. Ici, on parle d’amour, d’amitié, de sororité, de rencontres et d’espérance. Loin des clichés dépeints dans les histoires de super-héros dopées à l’argent, celle de Jules et Ophelia nous rappelle que nous sommes toutes les héroïnes de nos propres vies. Malgré l’arrêt brutal de la série, il y a une vraie fin. Tu ne perdras donc pas ton temps si tu décides de te lancer !

Sweet/Vicious, créée par Jennifer Kaytin Robinson, 2016-2017. © MTV

 

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Image de une :  Killing Eve, saison 1, 2018. © BBC America