Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • La Malaisie refuse de devenir « la décharge du monde » (et va retourner à l’envoyeur des centaines de tonnes de déchets en plastique) : selon le World Wildlife Fund (WWF), 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, un plastique qui finit dans les océans ou dans des décharges, souvent situées dans des pays émergents. C’est le cas de la Malaisie, où de nombreuses usines de recyclage fonctionnent sans licences d’exploitation avec des conséquences néfastes pour les riverain-e-s. C’est dans ce contexte que la ministre de l’Environnement Yeo Bee Yin a annoncé que « la Malaisie ne sera pas la décharge du monde ». Des conteneurs de déchets introduits illégalement seront retournés à l’envoyeur, c’est-à-dire à quatorze pays, dont la France. [Francetvinfo.fr]
  • Newly Discovered Photograph of Harriet Tubman Goes on Display  : de l’histoire des luttes sociales, il ne reste parfois que des noms. Et collectivement, nous oublions les personnes derrière ces noms, la complexité de leur existence. L’acquisition par la Library of Congress d’une photographie encore inconnue de la militante abolitionniste Harriet Tubman réactive notre mémoire collective en rendant hommage à cette femme admirable. Tubman a eu un parcours aussi incroyable que difficile, et sa résilience force l’admiration. À la fin du XIXe siècle, après s’être elle-même affranchie de ses maîtres, elle a aidé de nombreux-ses esclaves à s’échapper via le réseau clandestin de l’Underground Railroad. Toute sa vie, elle n’a cessé de militer, notamment pour les droits des femmes racisées, et ce jusqu’à sa mort. Si tu comprends l’anglais, voilà une petite vidéo qui devrait te donner envie d’en savoir plus sur son parcours. [The New York Times] [ENG]

  • Une étude scientifique remet en cause l’intérêt de la prison dans la prévention des violences : la prison aide-t-elle vraiment à la prévention des violences ? Si l’on en croit une étude récente menée par une équipe de l’université de Berkeley, en Californie, « l’emprisonnement augmente la violence après la libération ou, dans le meilleur des cas, n’a aucun effet ni positif ni négatif. » Il serait donc enfin temps de réfléchir à des politiques alternatives et à des actions de prévention de la violence qui auraient, selon l’étude, « un effet plus important pour des coûts économiques et sociaux inférieurs. » [Le Monde]
  • Les superhéroïnes : hyper-puissantes ou rien : surhumaine ou humaine, faut-il choisir ? : depuis une dizaine d’années, le film de super-héros représente le genre le plus rentable au box-office mondial. Longtemps dominé par des protagonistes masculins, il s’ouvre désormais peu à peu – et timidement – à des têtes d’affiche féminines (Wonder Woman, Captain Marvel). Et le genre y parvient avec succès, notamment grâce à une demande croissante de représentation plus inclusive de la part du public. Alors que les studios tentent doucement d’atteindre la parité superhéroïque (parfois forcée), il faut se poser des questions sur l’écriture et la représentation de ces nouveaux personnages. Aidé de doctorant-e-s et de professeur-e-s de l’UQAM (Université du Québec à Montréal), le journaliste Pascal Leblanc met en parallèle le climat social anxiogène tourné vers le spectacle de la catastrophe, et l’échec des récits de la superpuissance masculine. Ainsi, les super-héroïnes auraient la responsabilité et la mission d’orienter le monde vers une alternative plus positive et optimiste, gageant que les personnages féminins seraient naturellement tournés vers le bien. La doctorante en études littéraires et scénariste Fanie Demeule ajoute qu’« il y a une difficulté d’accepter qu’un personnage féminin ait envie de prendre le pouvoir pour soi et non seulement pour améliorer le sort de l’humanité. S’il n’y a pas cette justification, ça devient automatiquement une folle ou un monstre. » L’injonction à la sollicitude et à l’empouvoirement serait donc une donnée par défaut de ces superproductions, lesquelles visent un public certes friand de changements, mais peu enclin à pardonner les choix discutables et les erreurs des héroïnes. [La Presse]
  • « Il faut rappeler que la transidentité n’est pas une pathologie » : fin mai 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté une nouvelle version de la classification internationale des maladies, laquelle entrera en vigueur au 1er janvier 2021. Cette mise à jour ne mentionne plus la transidentité comme une pathologie mentale. La dépsychiatrisation était une demande de longue date par les associations LGBTQ+, et celle-ci est enfin actée par l’OMS. Ce changement a été salué par beaucoup comme une avancée importante et symbolique. En 2019, alors que les mouvements conservateurs prennent de l’ampleur à travers le monde et que la transphobie reste encore très présente dans nos sociétés, la lutte est loin d’être terminée. [Libération]

 

Dans la bibliothèque et sur l’écran de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : dans son livre Les femmes et le pouvoir : Un manifeste (aux Éditions Perrin), l’autrice Mary Beard met à profit son érudition sur l’antiquité gréco-romaine pour analyser certains mécanismes qui sont toujours à l’œuvre dans nos sociétés occidentales. Le parcours universitaire de la professeure à Cambridge permet d’apporter un point de vue historique très intéressant sur les questions autour des femmes et du pouvoir. Des récits tels L’Odyssée de Homère, celui de Méduse ou encore Les Métamorphoses d’Ovide aux évènements historiques comme le règne d’Elizabeth Ire ou plus récemment le parcours d’Hillary Clinton, cet ouvrage évoque en particulier les manières dont les femmes sont trop souvent réduites au silence dans les hautes sphères. Pire encore, celles qui osent s’exprimer sont généralement discréditées, voire diabolisées. Un livre à la fois court, accessible et riche en réflexions, dont l’approche sort de l’ordinaire. En plus d’être intéressant d’un point de vue féministe, il permet aussi d’enrichir (ou de rafraîchir) sa culture historique !

  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé : en ce mois des Fiertés, on se laisse tenter par la minisérie Les Chroniques de San Francisco sur Netflix, créée par Lauren Morelli et adaptée du cycle de romans d’Armistead Maupin. Les 10 épisodes se déroulent dans la légendaire ville de Californie, plus précisément sur Barbary Lane. Une grande maison abrite sept locataires issu-e-s de la communauté LGBTQ+, réuni-e-s autour de la propriétaire des lieux, Anna Madrigal (Olympia Dukakis), une femme trans*. Alors que cette dernière célèbre ses 90 ans, une ancienne résidente, Mary Ann (Laura Linney), en pleine crise de la quarantaine, revient après plus de 20 ans d’absence. Mais les retrouvailles sont troublées par la confrontation avec sa fille adoptive Shawna (Ellen Page), ainsi que par l’étrange et soudaine décision d’Anna de vendre la maison. Mary Ann flaire une intrigue et décide de mener l’enquête… Si la série n’est pas parfaite, elle se regarde avec plaisir tant les récits queer y sont riches et bien écrits. Ces derniers représentent la pluralité des communautés LGBTQ+. On a ainsi des personnages trans*, lesbiens, gays, racisés, queer, représentant la multiplicité des expériences et des regards. Le tout est servi par une histoire qui revisite autant le passé de nos luttes que les joies, peines et questionnements quotidiens de nos vies, aussi imparfaites que réelles.

Les Chroniques de San Francisco, minisérie créée par Lauren Morelli, 2019. © Netflix

 

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Image de une :  Captain Marvel, réalisé par Anna Boden et Ryan Fleck, 2019. © The Walt Disney Company France


* L’astérisque derrière le mot « trans » permet de rendre visible la multiplicité des identités transgenres. Il y a en effet de nombreuses façons d’être trans*, d’exister au monde. Cette utilisation de l’astérisque nous a été suggérée par la photographe Neige Sanchez en interview, et nous avons décidé de l’utiliser sur le webzine. Encore peu employée en France, elle tend à inclure toutes les identités transgenres et non binaires.