Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • No, You Don’t Have to Stop Apologizing : le fait de s’excuser en permanence est désormais vu comme une chose à combattre, car présenté par beaucoup comme un signe de manque de confiance en soi. Pourtant, comme l’explique Deborah Tannen, professeure de linguistique, « la vraie question devrait être : “Pourquoi stigmatisons-nous le fait de s’excuser ?”. Des études montrent que les femmes s’excusent davantage que les hommes. Pour autant, s’excusent-elles vraiment trop, ou bien les hommes ne le font-ils pas assez ? Selon certain-e-s chercheurs-ses, il semblerait que les hommes aient moins tendance à croire qu’ils ont offensé qui que ce soit ». Finalement, on crée de nouvelles injonctions à destination des femmes afin de réglementer leur comportement – et souvent en prétextant lutter pour leur émancipation. Selon la professeure Tannen, dans certains contextes, et notamment dans le monde du travail, perdre l’habitude de s’excuser peut s’avérer bénéfique. Mais l’essentiel est à ses yeux de trouver un juste milieu. Pour cela, elle donne plusieurs conseils. D’une part, il est important de réfléchir à la raison de nos excuses, ainsi qu’aux comportements qu’elles provoquent chez nos interlocuteurs-rices. D’autre part, plutôt que de changer qui l’on est, il est possible d’expliquer pourquoi on s’excuse, et que cela est loin d’être un signe de faiblesse : « Tu sais, c’est vrai que je m’excuse souvent, mais je ne me rabaisse pas. Ça veut simplement dire que je reconnais les conséquences de mes actes, ou que je prends en compte ce qui t’est arrivé ». [The New York Times] [ENG]
  • Féminicides: un rassemblement à Paris pour dénoncer le 100e meurtre de 2019 : au 1er septembre 2019, en France, 100 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l’année. Face à ces chiffres, de nombreuses associations, comme Nous Toutes ou Féminicides France alertent le gouvernement et le somment de mettre davantage de moyens et de dispositifs en place pour venir en aide aux victimes de violences. Par exemple, encore trop de femmes cherchant de l’aide auprès de la police n’en reçoivent pas (refus de plainte, classement sans suite). Ce fut le cas pour Jacqueline Sauvage. Il est donc urgent de former les policiers-ères à la gestion des problèmes liés aux violences domestiques. À Paris, début septembre 2019, de nombreuses personnes se sont réunies pour protester contre ces féminicides qui ne diminuent pas, année après année, et pour rappeler que les réactions timorées du gouvernement font partie du problème. Car contrairement à une croyance trop répandue, les actions pouvant être menées par l’État sont nombreuses : création de centres d’accueil pour les femmes et leurs enfants, formation des policiers-ères, aides aux associations, responsabilisation des employeurs-ses (qui peuvent aider les victimes à sortir du silence et à les diriger vers des associations qui les mettront en sécurité), éducation, sensibilisation, etc. Pour attirer l’attention du public et du gouvernement, les manifestantes ont cité le nom de chaque victime, car il est important qu’on se souvienne des femmes derrière les chiffres. Si Emmanuel Macron a affirmé il y a près de deux ans que le féminisme serait la grande cause de son quinquennat, à ce jour, les actions et les moyens ne sont pas au rendez-vous. Il reste encore beaucoup à faire et il serait temps que l’État prenne des mesures concrètes plutôt que de faire de vagues promesses qui n’engagent à rien. Rappel : si vous êtes victime de violences domestiques, contactez le 3919, centre d’écoute et d’orientation, anonyme et gratuit. [Le Huffington Post]
  • Pionnier des bus gratuits, Dunkerque suscite l’intérêt de nombreuses villes : depuis 2018, Dunkerque a mis en place la gratuité de ses transports en commun. Et dire que c’est un succès serait un euphémisme. En moins d’un an, la fréquentation en semaine est passée de 65 à 125 %. Face à une telle réussite, on est en droit d’espérer que les autres grandes villes d’Europe s’y mettent également, afin de lutter contre le réchauffement climatique au quotidien. Cependant, il faudra faire attention à rendre nos transports en commun pratiques et efficaces, car comme le souligne Patrice Vergriete : « La gratuité est un produit d’appel. C’est ce qui provoque le choc psychologique, mais pas ce qui fidélise. Si le service n’est pas à la hauteur, les gens reprennent leurs habitudes. » [Libération]
  • Opinion | The Legacy of Toni Morrison : « Romancière, essayiste, femme et philosophe : elle était un génie d’une grâce peu commune. Ce n’est pas hyperbolique. C’est tout simplement un fait. » C’est ainsi que Roxane Gay ouvre sa tribune en hommage à l’autrice Toni Morrison, qui nous a quitté-e-s le 5 août 2019. Comme le rappelle Gay, son travail a été (et reste) essentiel pour beaucoup d’auteurs-rices noir-e-s. Constamment, Morrison a eu à cœur de leur rappeler l’importance et la légitimité de leur voix, de leurs écrits. « Je peux accepter les étiquettes, car être une écrivaine noire n’offre pas une perspective superficielle de laquelle se placer pour écrire. Au contraire, celle-ci est riche. Cette perspective ne limite pas mon imagination mais la renforce. Elle est bien plus riche que celle d’un écrivain-e blanc-he, car j’en sais davantage et j’ai traversé plus de choses », avait expliqué Toni Morisson lors d’un entretien au New Yorker. Néanmoins, pour Roxane Gay, il est essentiel de ne pas déifier l’écrivaine. L’on ne doit pas oublier que l’œuvre incroyable qu’elle a produite est le fruit d’un immense travail et d’un combat permanent contre les discriminations. Finalement, « la meilleure façon de rendre hommage à l’héritage de Toni Morrison est de se souvenir de la femme étonnante, brillante et très humaine qu’elle était. C’est son humanité qui l’a rendue si extraordinaire. » [The New York Times] [ENG]
  • Les illustrations d’Élodie Michelet aka Élod : le hashtag #VisibleWomen fait son grand retour sur Twitter, c’est donc l’occasion de découvrir des tas d’artistes de talent. Cette semaine, on va faire un tour du côté des sublimes et douces illustrations d’Élod, une illustratrice basée à Angoulême. De quoi se ressourcer dans des tons pastel pour bien accompagner nos journées. Tu peux retrouver ses créations originales et pleines de poésie sur son site officiel et la suivre sur Twitter et Instagram.

© Megaelod

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Sur l’écran et dans l’agenda de Deuxième Page

  • Le projet de la semaine : tu connais Les Ourses à plumes ? C’est un merveilleux webzine féministe, engagé et intersectionnel, qui traite d’actualité autant que de culture. À l’automne 2018, l’équipe a décidé de tenter l’aventure du magazine papier. Et il n’est pas trop tard pour participer à la campagne de financement participatif de leur deuxième numéro, « Ces luttes qui nous inspirent ». Au programme ? Des portraits de personnes puissantes, d’artistes engagé-e-s, mais aussi des articles de fond sur le travail du sexe ou encore sur les luttes menées par les femmes de chambre à Paris pour l’amélioration de leurs conditions de travail. C’est un numéro tourné vers l’avenir, qui puise sa force parmi celles et ceux qui ont lutté avant nous, pour nous : Stonewall et les suffragettes ont ainsi la part belle. La liste des thèmes est longue et fait rêver, mais pour qu’on puisse les savourer, encore faut-il que Les Ourses à plumes obtiennent les fonds nécessaires au financement du magazine. Alors, c’est par ici !

  • RévâsSéries, la vie de la rédac depuis son canapé :  chaque génération et chaque pays a droit à sa série sur les ados. Il y a eu Skins (2007) en Angleterre, Skam (2015) en Norvège et désormais, il y a Euphoria (2019) aux Etats-Unis. Créée par Sam Levinson (Assasination Nation), la nouvelle production de HBO a déjà atteint le statut de série culte après une saison seulement. L’histoire raconte une certaine réalité de l’adolescence étasunienne d’aujourd’hui, sans généralisation ni préjugés. On suit principalement le personnage de Rue, brillamment interprétée par Zendaya, une adolescente diagnostiquée bipolaire et torturée par la drogue, qui sort de cure de désintox. Là où Euphoria trouve sa force, c’est dans sa manière à la fois si réaliste et honnête – voire brutale par instants – d’explorer les relations interpersonnelles de ces adolescent-e-s contemporain-e-s, et ce que celles-ci impliquent. À travers les nombreux personnages, tous liés à Rue de près ou de loin (et tous interprétés par des acteurs-rices plus incroyables les un-e-s que les autres), sont exposés des thèmes universels : drogue, sexualités, rapport au corps, genre, amour, relations toxiques, relations familiales, maladies mentales, etc. Tout cela les touche chacun-e à leur façon et, évidemment, en tant qu’individu-e-s vivant dans le climat socio-économique étasunien actuel. Aussi belle à voir que difficile à regarder, Euphoria est une expérience sensorielle à part entière. On est sans cesse surpris-e par les idées formidables de mise en scène, la justesse de l’écriture et du traitement des sujets abordés, et surtout par ses protagonistes bouleversant-e-s.

Euphoria, créée par Sam Levinson, 2019. © HBO

 

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