Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Le concept de blanchité n’a rien à voir avec la couleur de peau : dans cet article, Rokhaya Diallo rappelle pourquoi le racisme anti-blanc-he-s n’existe pas, et en quoi son évocation est complètement stupide. Rappel (si besoin est) : « il n’existe pas de théorie qui placerait les Blanc·hes au bas d’une hiérarchie raciale et qui se soit traduite dans des pratiques institutionnelles […]. Le racisme est un système de domination, qui ne se cantonne pas à des interactions individuelles. » La journaliste poursuit : « être blanc·he n’est pas une question de couleur objective mais d’expérience politique. C’est un héritage lié à l’ordonnancement des populations du monde selon une conception hiérarchique. » Ainsi, elle définit ici ce qu’est la blanchité, soit une « condition sociale issue d’un processus politico-historique. » Un article très intéressant pour mieux comprendre ces sujets. [Slate.fr]
  • The Women in My Family Had to Be Good With Money : « Par mon expérience, j’ai remarqué que les hommes volent rarement les rêves des femmes en leur interdisant catégoriquement des choses. Au lieu de cela, ils s’emparent de nos rêves lentement, au fil du temps, en nous exhortant à être pragmatiques, en invoquant le bon sens. » Avec ce texte puissant, Dena Landon raconte comment sa grand-mère, sa mère, puis elle-même ont toutes été victimes de violences domestiques. Elle explique la manière dont, petit à petit, elles ont été privées de leurs libertés par leur partenaire, et en quoi l’accès à l’argent a toujours eu un rôle prédominant dans ces restrictions. Son récit est important, car il met en lumière une vérité terrible : malgré les différentes générations, la violence, elle, reste la même. On le sait, les droits des femmes durement gagnés au cours des deux derniers siècles sont bien fragiles, et le climat politique actuel n’est pas là pour nous rassurer. En 2019, aucune femme n’est à l’abri des violences domestiques. Rappel : si vous en êtes victime, contactez le 3919, centre d’écoute et d’orientation anonyme et gratuit. [Narratively] [ENG]
  • Pourquoi les femmes âgées sont les victimes oubliées des violences conjugales : si lutter pour protéger les femmes des violences domestiques est un combat nécessaire encore aujourd’hui, il est important de lutter pour toutes. Les femmes âgées, en particulier celles de plus de 75 ans, sont souvent laissées de côté. Pauvreté, problèmes de santé physiques et/ou mentaux… Pour ces femmes, il est difficile d’appeler à l’aide : « Elles ont une piètre image d’elles-mêmes, elles sont isolées socialement, elles croient que le conjoint va changer, elles ressentent de la honte, elles ont peur de subir des représailles, elles ne veulent pas être stigmatisées par leur famille et leurs amis. » Face à ces problématiques spécifiques, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs d’accueil appropriés (qui prennent en compte les potentielles maladies ou handicaps liés à l’âge) et de mener des actions préventives pour sensibiliser sur le sujet. [Francetvinfo]
  • Les « sauveurs blancs » ou quand aider devient contreproductif : il n’y a pas si longtemps, une affaire a mis en lumière les répercussions dramatiques que peuvent avoir des actions soi-disant humanitaires réalisées par des personnes trop confortablement installées dans leurs privilèges. Une Américaine, fondatrice d’une ONG évangélique, s’est occupée pendant de nombreuses années d’enfants ougandais-es alors qu’elle ne disposait d’aucune connaissance médicale. Conséquence ? « Plus d’une centaine de cas de bébés morts après que celle qui se disait docteur leur a administré des soins complexes ont été recensés ». Ce problème du « white savior » (« sauveur-se blanc-he », en français) se manifeste de diverses façons : séjours dits humanitaires, communication visuelle raciste, films reposant sur des stéréotypes, adoptions de présumé-e-s orphelin-e-s par des célébrités… Or, ni ces discours ni ces actes n’apportent d’aide aux personnes concernées, de soutien ou de solutions à leurs difficultés : « Dans ce contexte, les termes “blanc” et “noir” ne renvoient pas tant à la différence de couleur de peau des personnes concernées qu‘à l‘écart de pouvoir politique ou social entre elles », explique Annemarie Bruckert. Dans cet article, elle apporte notamment des conseils aux personnes blanches pour éviter de les reproduire, même de façon involontaire. Une campagne est en cours sur Internet via le hashtag #NoWhiteSaviors pour lutter contre ces comportements. [ARTE]
  • Comment le sacrifice des femmes profite aux hommes : dans notre société patriarcale, une femme en couple hétérosexuel doit logiquement se sacrifier pour permettre à son conjoint de faire carrière. Ici, l’autrice évoque notamment tous ces « grands hommes » de l’histoire, dont la majorité n’aurait jamais atteint une telle reconnaissance professionnelle sans l’aide de leur compagne, désormais oubliée. « Un exemple classique et bien connu est celui de la “femme de l’écrivain”. Ainsi, l’épouse de l’écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, Mercedes, soutint financièrement leur famille pendant que ce dernier rédigeait son célèbre livre “Cent ans de solitude”. Lorsque le manuscrit fut rédigé, l’écrivain se rendit compte qu’il n’avait pas assez d’argent pour l’envoyer à un éditeur. Mercedes vendit alors plusieurs appareils ménagers pour permettre à son époux d’envoyer son manuscrit, et de devenir ensuite l’écrivain célèbre que l’on connaît ». Pour les femmes, le problème n’est pas seulement le sacrifice de leurs ambitions personnelles – même s’il est déjà colossal –, mais aussi, évidemment, l’invisibilisation totale de leur rôle : « Leur nom, leurs talents et leur individualité ne seront jamais reconnus ». [Egalitaria]

 

Sur les étagères et dans les oreilles de Deuxième Page

  • Passion podcasts, l’émission à écouter cette semaine : Si tu lis Deuxième Page, tu sais que l’on consacre beaucoup de temps à analyser la pop culture, sa portée et comment, qu’on le veuille ou non, le capitalisme joue un rôle essentiel au cœur nos vies. Dans cet épisode de Feminist Frequency, Anita Sarkeesian, Ebony Adams et Carolyn Petit discutent de tout cela. Elles explorent avec beaucoup de justesse la difficulté de telles problématiques, bien loin d’une certaine forme de manichéisme. Car les œuvres culturelles que l’on apprécie, qui ont une influence prédominante sur nos existences et notre vision du monde, ne sont pas que de simples produits. Ces créations ont un impact émotionnel sur nous, ce qui leur donne une valeur au-delà de leurs enjeux mercantiles. Comment aimer des œuvres élaborées pour enrichir des actionnaires, sans soutenir les pratiques détestables des grandes corporations ? Comment faire la part des choses et avoir des discussions réellement pertinentes à propos de la représentation dans la pop culture ? Comment, finalement, être des consommateurs-rices éthiques ? Des éléments de réponse sont émiettés ça et là durant l’émission, qui te donnera certainement envie d’approfondir le sujet !

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : si l’on a tou-te-s déjà entendu le nom de Frida Kahlo, peu connaissent sa vie et son œuvre. Pour rétablir cette injustice, María Hesse a créé un ouvrage qui retrace son histoire, illustrée avec douceur et beaucoup de couleurs, à l’image du travail de l’artiste peintre. On y retrouve les amours de Frida, sa relation houleuse avec les surréalistes, ses nombreux problèmes de santé, la façon dont elle les a affrontés et comment elle en est venue à peindre alors que son rêve était, originellement, d’être médecin. Dans ce livre, María Hesse mêle fantasmagories et faits réels pour raconter un beau récit qui, s’il n’est pas historiquement exact, offre une jolie fenêtre sur les aléas créatifs de cette artiste de renom. Simple et accessible, l’ensemble permet de rêver et de voyager tout en découvrant un univers magique. Un petit bijou publié aux éditions Presque Lune.

 

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Image de une : © María Hesse