Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • Opinion | Do You Have a Moral Duty to Leave Facebook? : a-t-on l’obligation morale de quitter Facebook, pour nous-mêmes et pour les autres ? C’est la question que se pose le philosophe S. Matthew Liao dans cette tribune. Plusieurs choses l’amènent à cette interrogation. À un niveau individuel, il a été démontré que Facebook est une plateforme chronophage et addictive, et les chercheurs-ses ont prouvé que Facebook peut aggraver la dépression et l’anxiété chez certain-e-s. À un niveau collectif, l’on sait aujourd’hui que Facebook a eu un rôle déterminant dans l’ébranlement des valeurs démocratiques partout dans le monde (l’utilisation de Facebook pour diffuser de la propagande antisémite ; la dissémination de discours de haine contre la minorité musulmane Rohingya ; le scandale Cambridge Analytica et l’utilisation des données personnelles de 87 millions d’utilisateurs-rices de Facebook pour influencer les élections aux États-Unis). « Avons-nous l’obligation de quitter Facebook pour le bien commun ? La réponse est un “oui” retentissant pour celles et ceux qui diffusent intentionnellement des discours de haine et des fake news sur Facebook. Pour celles et ceux d’entre nous qui ne prennent pas part à ces comportements répréhensibles, il est utile de considérer si oui ou non Facebook a franchi certaines “lignes rouges” morales. » Et pour le philosophe, ce n’est pas encore le cas, car la compagnie « n’avait pas l’intention que ces choses se produisent sur sa plateforme ». Cependant, la prudence est cruciale. Facebook a un seul but : faire des bénéfices. Et cela s’accorde rarement avec une vision altruiste et éthique. Il nous faut constamment réfléchir à notre propre responsabilité en tant qu’utilisatrices et utilisateurs. C’est indispensable. [The New York Times] [ENG]
  • De quelle couleur sont les gilets jaunes ? : comment prendre position face aux agressions racistes et homophobes ayant cours au sein de la mobilisation des « gilets jaunes » ? Est-il vraiment possible d’engager des voies de renfort alternatives et complémentaires ? « Personne ne soutient que les violences qui ont eu lieu lors des blocages sont anecdotiques et qu’il nous faut à tout prix nous y exposer et nous en satisfaire. Nous avons quantité de raisons de nous détourner de ce mouvement. Personne ne nous en voudra si nous restons chez nous à compter les points en jouant à la police des mœurs progressistes. Nous pouvons à l’inverse prendre le pari, comme beaucoup l’ont déjà fait, d’accompagner le mouvement (en son sein ou à côté) afin d’amplifier la contestation. Une chose est certaine : si nous attendons qu’un mouvement soit parfaitement homogène et réponde à toutes nos attentes pour y prendre part, nous risquons d’attendre longtemps. Car la politique prend précisément naissance « dans l’espace-qui-est-entre-les-hommes » et « se constitue comme relation ». Entre un soutien béat et une disqualification définitive se dessine la ligne de crête sur laquelle nous devons avancer », écrit Rafik Chekkat. [Etat d’Exception]
  • Emmanuel Macron’s Faux Antiracism : alors que les manœuvres politiciennes se concentrent sur le contrôle d’un échiquier à échelle humaine, des vies sont en jeu. Avec la mise en opposition des soi-disant « progressistes » et des « populistes », les discours tentent de masquer une réalité plus cynique. Interviewée par le magazine Jacobin, la députée Danièle Obono (FI) revient sur la politique migratoire d’Emmanuel Macron et sur ses vaines tentatives pour trouver la grâce électorale, en vue des Européennes. [Jacobin][ENG]
  • In Yemen, Lavish Meals for Few, Starvation for Many and a Dilemma for Reporters : la situation au Yémen est catastrophique. Là-bas, les gens meurent de faim et 70 % de la population a besoin d’une aide humanitaire. Au Yémen, rappelle l’Unicef, « au moins un enfant meurt toutes les dix minutes de maladies qui peuvent être évitées, comme la diarrhée, la malnutrition et les infections respiratoires. » Dans cet article pour le New York Times, le journaliste Declan Walsh répond directement à une question souvent posée par le public aux personnes couvrant les guerres et les situations de crises humanitaires : « Et vous, journaliste, pourquoi n’agissez-vous pas directement pour aider les populations ? » Cet article, empreint d’une grande sincérité, explore les problématiques auxquelles les journalistes font face, les questions morales et l’impossible mission d’une soi-disant objectivité journalistique lorsque l’on est confronté-e à l’absurdité et l’horreur de telles situations. Plus encore, il détaille la situation dans ce pays en crise, où les civil-e-s sont les premières victimes des conflits armés : « La société yéménite est ravagée par la guerre. Les frappes aériennes de la coalition dirigée par les Saoudiens, aidés par les bombes américaines, ont tué des milliers de civil-e-s et déplacé beaucoup d’autres. Mais pour beaucoup de Yéménites, la guerre frappe leur vie de façons plus discrètes, plus insidieuses, écrit le journaliste. Les bombes font sauter des usines, détruisent des emplois, provoquent l’effondrement de la monnaie et la hausse des prix, et forcent les familles à s’abstenir de consommer de la viande, puis des légumes. Rapidement, elles deviennent dépendantes de l’aide alimentaire internationale ou dans le pire des cas, doivent recourir à des repas faits de feuilles bouillies ». [The New York Times] [ENG]
  • Jewish Professor Finds Swastikas Spray-Painted in Office at Columbia : en 2018, la lutte contre l’antisémitisme semble plus importante que jamais. Et ce nouvel incident à New York vient une nouvelle fois le confirmer. Mercredi dernier, en rentrant dans son bureau, la professeure Elizabeth Midlarsky, 77 ans, a trouvé les murs de son lieu de travail vandalisés, sur lesquels avaient été peintes deux croix gammées et une insulte antisémite. Cette femme juive « qui a écrit sur l’Holocauste et a été la cible répétée d’injures antisémites » dans le cadre de son travail au Teachers College de l’Université de Colombia, à Manhattan, a dit se sentir choquée : « J’étais interdite pendant un moment, car je ne pouvais pas croire ce que je voyais. » « [Cette situation] survient alors que l’on enregistre une augmentation des crimes antisémites, lesquels ont déstabilisé une ville depuis longtemps au cœur de l’identité juive américaine. Il y a quelques semaines seulement, une synagogue de Brooklyn était couverte de graffitis comprenant la phrase “Mourez rats juifs” (“Die Jew Rats”). Le même jour, deux croix gammées ont été découvertes, peintes à la bombe, dans le quartier Upper West Side de Manhattan. Plusieurs jours avant ces incidents, 11 personnes ont été tuées dans une synagogue de Pittsburgh par un homme armé hurlant des insultes antisémites », rappelle Michael Gold dans son article pour le New York Times. [The New York Times] [ENG]

 

Sur l’écran et dans les oreilles de la rédac de Deuxième Page

  • Passion Podcast, l’émission à écouter cette semaine : nous te parlions déjà du livre Le racisme est un problème de Blancs dans la revue de presse de la semaine dernière. Et ça tombe bien puisque le podcast « La Poudre » consacre sa dernière émission à Reni Eddo-Lodge, l’autrice de cet ouvrage. Elle revient entre autres sur la polémique qui a entouré la traduction du titre en français, mais aussi et surtout sur l’importance du contenu de son livre,  de créer des espaces de discussions sûrs pour les personnes racisées et sur la nécessité pour les femmes blanches d’apprendre à utiliser leurs privilèges afin d’être de véritables alliées dans la lutte radicale pour le féminisme. Une écoute nécessaire, à partager à tout ton entourage.

 

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Image de une : Reni Eddo-Lodge. © Amaal Said