Les coups de cœur de Think tank by 2P

Si tu connais d’autres associations et collectifs, n’hésite pas à nous en parler en commentaire, et nous mettrons la liste à jour. 

  • Face au gouvernement et à SOS Racisme, le comité Adama préfère l’action à la récupération : Assa Traoré mène un combat courageux et nécessaire avec le comité Adama pour que la justice fasse son devoir concernant la mort de son frère. Elle a récemment refusé de rencontrer la ministre de la Justice, et elle a donné ses raisons : « Si nous devons rencontrer quelqu’un, c’est le procureur. S’ils doivent entendre quelqu’un, ce sont les gendarmes (…), et s’ils veulent rencontrer la famille Traoré, ce sera seulement après qu’il y ait des actes judiciaires. » Ça a le mérite d’être clair. Le comité Adama dénonce également l’hommage à George Floyd organisé par SOS Racisme, qu’il voit comme une simple récupération politique. [Bondy Blog]
  • J.K. Rowling Is Trying to Pass Her Transphobia Off as Feminism. Don’t Let Her : alors que ces dernières semaines, les consciences s’éveillent à la lutte antiraciste et que les actions pour protester contre les violences policières se multiplient à travers le monde, l’autrice J. K. Rowling (Harry Potter) a décidé qu’il s’agissait du meilleur moment pour vomir sa rhétorique transphobe sur Internet. Elle a d’abord fait une série de tweets, puis a carrément posté un long billet de blog sur son site. Si elle défend ses propos en brandissant l’étendard du féminisme, ils ne sont rien d’autre qu’une suite de talking points bien connus de la rhétorique transphobe. Ce discours met très clairement les personnes trans – déjà vulnérables – en danger. Malgré la volonté de Rowling de s’imposer comme une figure d’autorité sur le sujet (car elle aurait fait des « recherches »), ce qui ressort de tout cela est son ignorance crasse. Comme l’écrit Laura Bradley, « le billet de blog de madame Rowling est une tentative de présenter son point de vue comme étant par essence féministe, comme s’il s’agissait de préoccupations légitimes au sujet de la protection de l’intégrité et des droits des femmes. […] C’est ce qui [le rend] si dangereux. Même si elle déclare se soucier des personnes transgenres, son post présente la communauté et ses défenseurs-ses comme une menace directe pour les femmes cis. Il dépeint les femmes trans comme des agresseuses, comme des individues envahissant les espaces féminins, et joue exactement du même trope que les transphobes ont utilisé pendant des années pour justifier leurs abus. »  [The Daily Beast] [ENG]
  • A Wrinkle in White Supremacy : « Pour les personnages noirs, le voyage temporel n’est qu’un énième mur les empêchant d’avancer – les seuls choix qui s’offrent à eux sont un passé vengeur ou un avenir incertain. » Cate Young explore dans cet article ce qu’implique le voyage temporel dans la fiction quand on est une personne noire. Même dans l’imaginaire, il est difficile de concevoir une alternative échappant à l’idéologie du suprémacisme blanc, dont les conséquences se manifestent encore de nos jours : « Bien que les possibilités [du voyage temporel] soient passionnantes, le temps fonctionne souvent différemment pour les Noir-e-s. Passé et présent se mêlent, alors que les préjudices historiques resurgissent à chaque génération, créant un trauma cyclique s’étendant dans un avenir mystérieux. Les lignes temporelles fusionnent au cœur d’une éternité inéluctable ; l’injustice ne connaît pas de répit. » [Bitch Media] [ENG]
  • Showtime Star Abby McEnany: ‘Dykes Can Do Whatever the F— They Want’ : chez Deuxième Page, on a adoré Work in Progress, créée par Abby McEnany et Tim Mason. On y suit les aventures d’Abby (double fictif de la showrunneuse), qui se qualifie elle-même de « grosse gouine queer ». C’est à la fois brillant, drôle, difficile, absurde et génial. Dans cette interview, McEnany évoque notamment l’importance de l’histoire d’amour entre son personnage et un homme trans (joué par Theo Germaine), et son rapport intime à son identité, lequel se retrouve dans la série. « Sincèrement, il y a une femme grosse, masculine, aux cheveux grisonnants, qui a le rôle principal dans une série. C’est dingue. Pour moi, c’est cette possibilité qui est révolutionnaire, et le fait que l’intrigue amoureuse se déroule avec une personne trans. C’est la première fois que je le dis. D’autres l’ont dit, mais c’est révolutionnaire. » En France, Work in Progress est disponible sur MyCanal. [Advocate] [ENG]

 

Dans la bibliothèque et l’agenda de Deuxième Page

  • #Bibliotheque2P, le livre de la semaine : autrice et blogueuse afroféministe, Laura Nsafou aborde sur son site et dans ses ouvrages jeunesse (Comme un million de papillons noirs et Le Chemin de Jada, tous deux publiés aux éditions Cambourakis) des questions aussi variées et importantes que la représentation dans la littérature, le colorisme, les luttes pour les droits des personnes noires, l’afroféminisme, etc. Et c’est exactement ce qu’elle fait dans son nouveau roman publié en ligne. Superbement illustré par Ninn Salaün, Nos jours brûlés conte l’histoire fantastique d’Elikia qui, en 2049, n’a jamais vu le soleil et part en quête de réponses avec sa mère. On part en voyage avec ces deux personnages dans des régions d’Afrique francophone et à travers leur passé pour découvrir un tout nouvel univers futuriste. Chaque fiction a un élément de réel en elle, et Laura Nsafou arrive à concilier les deux facettes d’une même pièce à la perfection. Les genres du fantastique et de la science-fiction sont parfaits pour parler de notre société, puisqu’un monde imaginaire est idéal pour y refléter notre réalité. D’une certaine façon, ce roman fait écho aux histoires d’Octavia E. Butler, l’une des plus grandes autrices de science-fiction, également afroféministe. L’on pense notamment à sa trilogie Xenogenesis, faite de questionnements sur le genre et les origines, de colère, et surtout d’espoir. Nos jours brûlés est publié chapitre par chapitre, et chacun nous emplit d’excitation pour le prochain.

  • Le projet de la semaine : Lallab est une association que l’on suit depuis ses débuts (et les nôtres !), qui s’engage à porter la parole des femmes musulmanes dans toute leur diversité face aux discriminations qu’elles subissent. En effet, celles-ci doivent faire face au quotidien au sexisme, au racisme et à l’islamophobie dans une société française qui n’a pas su se défaire de son héritage colonial, impérialiste et structurel. Autant de charge mentale qui pèse sur leur vie profesionnelle, sociale, et bien souvent privée. Aujourd’hui, l’association souhaite lancer deux programmes de formation dans le but d’aider les femmes musulmanes à se réapproprier des outils pratiques et théoriques qui favorisent la résilience, l’affranchissement et la confiance en soi. Sous le hashtag #JeVeuxPouvoir, qu’elles ont déjà lancé il y a un an, ses membres mettent en avant la nécessité de tels programmes, réalisés par et pour des femmes musulmanes, et donc au plus près de l’expérience des personnes concernées. Lallab a lancé une cagnotte sur HelloAsso afin de financer ses deux premières formations (« Travail & Éducation » et « Santés & Sexualités »), lesquelles devraient démarrer en janvier 2021. Ces programmes se veulent « audacieux, intersectionnels, bienveillants, inclusifs, libres de jugement et accessibles ». Nous t’encourageons vivement à les soutenir !

Tu retrouveras Laura Nsafou et Lallab dans notre premier magazine papier. Procure-toi ce beau bébé de 176 pages sur Ulule !

 

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Image de une : Alors qu’aux États-Unis, les rassemblements de Black Lives Matter se multiplient, dimanche 14 juin 2020, des milliers de manifestant-e-s se sont réuni-e-s devant le Brooklyn Museum pour rappeler que la vie des personnes trans et noires comptent aussi. © Jason Rosenberg