Les coups de cœur de Think tank by 2P

  • David Doucet (Ligue du Lol) nommé rédac chef à TPMP : pourquoi nous sommes en colère : un nouvel exemple de l’impunité des hommes. David Doucet, membre de la « Ligue du Lol », travaille désormais pour l’émission Touche pas à mon poste, comme si rien ne s’était passé. Il y a pourtant trois mois, ses agissements étaient révélés (grâce au courage des victimes) et il était licencié des Inrocks. Et maintenant ? Le voilà travaillant à la télévision, dans une émission très populaire, avec un salaire que l’on suppose conséquent. Cela ressemble fortement à « un message, adressé à celles qui imagineraient pouvoir faire reculer les oppressions dans la sphère médiatique : ce sont toujours les mêmes qui restent aux commandes, quelles que soient leurs actions. Et comment ne pas penser à la thèse du backlash, ou “retour de bâton”, présentée par l’autrice Susan Faludi dans son essai Backlash : La guerre froide contre les femmes ? Elle y explique comment nos sociétés, et en particulier, les médias, ripostent à chaque avancée féministe. » [Glamour]
  • En France, « la transparence sur les exportations d’armes est quasi inexistante » : l’exportation d’armes par la France est un sujet dont on parle peu, mais qui mérite que l’on s’y attarde, compte tenu des enjeux importants de ce commerce. Les médias comme l’opinion publique sont peu mobilisés. Les parlementaires ne sont pas assez informé-e-s et n’ont pas leur mot à dire. En outre, l’organisme qui s’occupe de la délivrance des licences d’export d’armes ne communique pas sur ses méthodes. Il en ressort que la France en organise l’exportation sans débats et sans transparence. Cette opacité quant aux pratiques de notre gouvernement veut nous faire oublier (ou ignorer) que nous fournissons des armes à des pays en guerre, lesquelles sont utilisées contre des civil-e-s. [Le Monde]
  • Rokhaya Diallo : « Déjouer la sociologie, ce n’est pas si courant » : dans cette interview, la journaliste et autrice Rokhaya Diallo raconte son parcours de militante antiraciste. Elle insiste entre autres sur la nécessité de prendre soin de soi, sur les différences entre les histoires américaine et française et la réalité du racisme dans ces sociétés. Une lecture enrichissante qui ouvre des discussions essentielles sur le militantisme et ce qui est attendu de ses acteurs-rices. [Bondy Blog]
  • Three Cheers for Arya Stark’s Sex Scene on “Game of Thrones” : Comme d’habitude, après la diffusion d’un épisode de Game of Thrones, on a droit à des réactions en chaîne. Cette semaine, toute l’attention s’est concentrée sur un gobelet Starbuck, mais ce serait oublier qu’il n’y a pas si longtemps, l’éveil à la sexualité d’Arya (qui a 18 ans dans la série) avait porté avec lui son lot de litanies. Les réactions à la scène ont été assez variées, ce qui peut dans une certaine mesure se comprendre. C’est ce qu’explique Jessica Daniels en détail dans ce papier : « Quand vous avez vu une jeune fille grandir à la télévision, il peut être choquant de la voir soudainement* [l’autrice précise avec son astérisque que ce n’est pas si soudain, puisque la première saison a été diffusée il y a huit ans, ndlr] affirmer sa sexualité, en particulier d’une manière aussi abrupte et méthodique. Mais la scène était parfaitement conforme au personnage d’Arya, un énorme pas en avant dans sa maturité et son évolution – et, à bien des égards, un acte féministe ». Elle précise : « Arya a été l’un des personnages les plus aimés de Game of Thrones depuis ses débuts. Elle est affectueusement vénérée, vue comme la petite fille féroce qui a rejeté les normes attendues d’une “jeune fille distinguée”. Elle est celle qui est idolâtrée par ses frères aînés et s’est tracé une nouvelle voie en tant que guerrière. Mais Arya a perdu presque toute son innocence quand son père a été décapité dans la saison 1, et le reste a disparu après le Red Wedding de la saison 2, où sa mère et son frère aîné ont été massacré-e-s. Mais bien que les deux événements aient tué – ou du moins gravement mutilé – l’amour, la confiance et l’esprit enjoué d’Arya, Gendry a été présent pour elle pendant la période entre ces deux événements. » Pour Jessica Daniels, le choix d’Arya est donc logique et cohérent par rapport au développement de son personnage durant huit saisons. De plus, elle ajoute un aspect important à tout cela, et qui pour cette série en particulier est loin d’être négligeable : « Contrairement à un grand nombre d’autres scènes de sexe dans Game of Thrones, le déroulement de celle-ci repose sur toute l’agentivité de la femme, à partir de son point de vue ». [Bitch Media] [ENG]
  • Co-workers keep mixing up people of color in the office. It’s more than a mistake. : raciste, le monde du travail ? Dans cet article, des travailleurs-ses racisé-e-s racontent comment, bien souvent, leurs collègues blanc-he-s les confondent avec une autre personne racisée. Ces microagressions quotidiennes nous rappellent (si cela est nécessaire) que le racisme peut prendre différentes formes, parfois a priori « innocentes », mais à terme incroyablement violentes pour celles et ceux qui les subissent jour après jour. [The Washington Post] [ENG]

 

Dans la bibliothèque et sur l’écran de Deuxième Page

  • Passion Podcast, l’émission à écouter cette semaine : le premier épisode du podcast Im/patiente, produit par Nouvelles Écoutes, a été diffusé fin avril 2019. Imaginée et animée par Maëlle Sigonneau et Mounia El Kotni, docteure en anthropologie médicale et culturelle, l’émission nous propose d’explorer un sujet difficile : le cancer. En fil rouge, on suit le récit de Maëlle, qui apprend à l’âge de 30 ans qu’elle est atteinte d’un cancer du sein métastatique, réputé incurable. Elle décrit son parcours, les stigmates qu’inflige cette maladie et les sentiments de solitude, de désespoir ou encore d’incompréhension qui font partie de son quotidien. Im/patiente a pour objectif de déconstruire les préconceptions que l’on peut avoir sur la santé, de questionner la relation au corps médical et de mettre en lumière le processus toujours personnel mais universel de l’impact psychologique d’une maladie vécue jour après jour. Indispensable, le podcast traite avec finesse et empathie l’histoire de Maëlle pour parler de toutes les autres, « inaudibles ». Car malgré 53 000 nouveaux cas de cancers du sein chaque année, le sujet reste minimisé, incompris. Parce que nous avons besoin de ce témoignage, juste et beau, autant que de l’analyse des injonctions à la féminité que subissent les personnes souffrantes, cette écoute est importante : « Je me sentais coincée, avec pour seules options, la figure de la victime ou l’archétype de la Wonder Woman, qui gère son cancer comme un projet à ajouter à la liste de ses obligations professionnelles et familiales. Un cancer du sein, ce n’est pas un dossier à gérer, c’est une épidémie par laquelle nous, citoyennes, sommes les premières touchées, contre laquelle chacune et chacun d’entre nous devons nous battre. C’est de ce sentiment de révolte qu’est né Im/patiente », explique Maëlle.

  • L’event de la semaine : un lundi par mois, la scène ouverte « À Voix Out » prend place à La Mutinerie (Paris) et laisse le champ libre à toute femme ou personne queer désirant s’exprimer, ainsi qu’un espace de liberté, safe. Tout est possible, que l’on souhaite interpréter un sketch, un texte, un morceau ou effectuer une performance. Le maître mot ici : « bienveillance », et ce envers toute personne s’y essayant, quel que soit son niveau. Du sensible au trivial, de l’intime au public, tout y est abordable dans la limite de la charte de La Mutinerie. Dans le cas où des sujets durs et sensibles seraient abordés, La Mutinerie doit en être informée par avance afin de prévenir le public. L’importance de cette bulle non mixte d’instants suspendus à l’intensité parfois poignante est évidente. Alors, que tu souhaites immédiatement prendre le micro et expulser ce qui ne demande qu’à sortir, ou que tu préfères pour l’instant t’en tenir à une écoute tranquille, depuis les ombres de la salle, « À Voix Out » n’attend plus que toi pour venir habiter cet espace d’expression.

 

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Image de une : Game of Thrones, créée par David Benioff and D. B. Weiss, 2011-2019. © HBO