La journée internationale de lutte des femmes pour l’égalité des droits semble en 2017 plus nécessaire que jamais. Alors que les nationalismes montent partout dans le monde, que Donald Trump annihile les progrès sociaux à coup de décrets aux États-Unis, et que le résultat de notre élection présidentielle semble encore très incertain, il faut lutter. Encore et toujours.

 

Depuis la création de Deuxième Page, notre équipe s’applique à faire entendre les voix de celles qui font le monde d’aujourd’hui et de demain. Nous avons eu la chance de rencontrer des femmes merveilleuses, qui nous ont beaucoup appris. Chacune a sa vision du monde, porte son combat la tête haute sans jamais plier devant les difficultés. Elles ont toutes cela en commun, malgré leurs nombreuses différences.

Souvent, ces rencontres singulières sont parties d’un coup de cœur pour une œuvre ou simplement un discours, mais surtout pour l’importance que ces femmes accordent à la culture au sein même de leur lutte. Deuxième Page est un magazine culturel féministe intersectionnel, mouvement militant dont nous nous sommes toujours réclamé-e-s. Notre équipe est à l’image de nos sociétés, diverse et inclusive. Notre plate-forme est un lieu où chacun-e peut s’exprimer librement, un espace d’épanouissement personnel et collectif. Cette semaine, dans ce même esprit, la rédaction te propose de (re)découvrir certaines de ses interviews, des voix qu’il ne faut jamais arrêter d’entendre.

Aujourd’hui, le 8 mars 2017, est la 40e édition de la journée internationale de lutte des femmes pour l’égalité des droits. Chaque année, on se confronte aux mêmes absurdités, aux mêmes récupérations, à la fois politiques et publicitaires, nous confirmant que notre combat féministe, celui de l’égalité pour toutes et tous, est encore loin d’être gagné. Qui sait d’ailleurs si l’on pourra un jour parler de victoire ? Le chemin nous semble long, très long.

Pour autant, on ne désespère pas. Et toi qui luttes au quotidien comme nous, ne désespère pas non plus. Chaque geste compte, chaque démarche a son importance. Il nous paraît capital de rappeler quelques chiffres qui sont trop souvent ignorés :

Avec ces chiffres en tête, rappelons qu’en 2017, des gens dans notre beau pays remettent en cause le droit à l’avortement (nos politiques y compris), prônent une politique xénophobe, et que, d’une manière générale, nos droits sont en danger, comme l’a signalé Amnesty International dans son rapport annuel publié en février 2017. Et en tant qu’Européennes, pas de quoi se reposer. En effet, le 1er mars dernier, au Parlement européen, on a pu entendre un élu polonais dire cela : « C’est normal que les femmes soient moins bien payées que les hommes parce qu’elles sont moins intelligentes. » Alors, avec nos petits bras et nos petits cerveaux et nos tout petits salaires, on s’efforce de ne jamais nous endormir, ne jamais nous habituer. On se révolte, tout le temps. On se bat, tous les jours. On éduque, on explique, on dénonce, on interpelle. On fait progresser le monde. 

Ce 8 mars est une piqûre de rappel pour tou-te-s celles et ceux qui s’habituent. Qui laissent ce souci aux autres, parce qu’au quotidien, elles et ils ne se sentent pas vraiment concerné-e-s. Mais dire quelque chose uniquement le 8 mars, c’est un peu comme protester mollement contre certain-e-s de nos politiques, et ne rien faire pour lutter contre, pour dénoncer et changer les choses.

Bien que l’on se lasse de le répéter sans arrêt, la lutte pour les droits des femmes, le féminisme, est celle de toutes et tous. Le patriarcat a des conséquences désastreuses, pour les femmes en grande majorité, mais aussi pour les hommes. Ceux-ci se doivent d’être des alliés. Non pas de faux alliés, qui offrent des fleurs en disant qu’ils adorent « la fâme » et se mettent du rouge à lèvres une fois l’an en signe de solidarité, mais des alliés sachant quand ils doivent se taire, présents, qui s’interrogent sur la masculinité et prennent conscience de leurs privilèges. Des alliés qui, au quotidien, ne perpétuent pas les stéréotypes de genre, luttent contre le sexisme ordinaire, les stigmatisations, déconstruisent peu à peu ce que notre société leur inculque depuis tant de temps et, surtout, qui écoutent vraiment les féministes, se renseignent et s’éduquent.

Alors, pour parer un peu à la morosité ambiante, nous sommes allé-e-s dégoter quelques projets cool entrepris par des femmes. Et c’est à partager sans compter :

  • Les Expertes : un annuaire gratuit recensant toutes les expertes en France. À l’occasion de ce 8 mars, le groupe Egaé, Radio France et France Télévisions lancent un nouveau site des Expertes, qui s’étend aux femmes francophones.
  • La newsletter de ma chatte : Clu envahit régulièrement ta boîte mail pour te parler de masturbation féminine et de flux menstruels.
  • La Poudre avec Lauren Bastide : un podcast avec un nouvel épisode un jeudi sur deux, où l’on discute de ce que signifie être une femme au XXIe siècle.
  • MusicHerstory : un projet qui explore la représentation des femmes dans l’underground musical, créé par Alice Cornelus et Nastasia Hadjadji.
  • W(e)Talk : un beau projet pour promouvoir l’empowerment, en mettant en valeur la « pluralité de rôles modèles féminins via une démarche participative et inclusive ».
  • Génération XX : un podcast qui va à la rencontre des femmes entrepreneures.
  • Femmes de Science : un jeu de cartes lancé par Anouk Charles sur Indiegogo, que l’on peut se procurer ici.
  • Femmes noires et Travail : un workshop dédié « aux femmes afro-descendantes et aux violences qu’elles rencontrent dans leur espace de travail ».
  • Les Glorieuses : une newsletter pleine de nouvelles féministes.
  • App-Elles : une initiative de N’Diaye Diariata, qui a lancé la « première application mobile destinée aux filles et aux femmes victimes de tout type de violences ».
  • Connaissance de causes : des analyses de la campagne présidentielle sous l’angle du genre, du féminisme et des sexualités.

Et si tu as la possibilité de quitter ton travail aujourd’hui, n’oublie pas qu’un appel à la grève des femmes à travers le monde a été lancé par diverses associations. On te souhaite force et courage pour ce 8 mars, et on te laisse avec nos beaux portraits de femmes, sélectionnés par l’équipe !

La rédaction

 

Florence Porcel, les mystères de l’Univers à portée de clic

Impossible pour nous de ne pas aller à la rencontre de Florence Porcel, comédienne et auteure passionnée de sciences. Elle nous a invité-e-s dans son monde, entre rires, légèreté et apesanteur. 

 

Rokhaya Diallo, une voix contre le racisme

Rokhaya Diallo nous parle de son combat contre le racisme, de son rapport à l’identité, mais également de mode, de beauté et de sa participation au festival Massilia Afropéa.

 

Rachel Bloom, folie douce et princesses désenchantées

Rachel Bloom est comédienne, chanteuse, auteure, actrice, doubleuse et parolière. S’il lui arrive parfois de maltraiter quelque peu les princesses Disney dans ses vidéos YouTube, elle est surtout adepte de la parodie, un genre qui lui permet de faire rire, tout en dénonçant de bien tristes réalités. 

 

Anita Traoré, une parole libérée contre l’excision

Anita Traoré porte un combat dur mais nécessaire : la lutte contre l’excision. Elle-même victime de cet acte qui laisse voir le poids des traditions et leurs conséquences, elle a décidé de briser le silence qui entoure une ignoble réalité, celle de millions de filles et de femmes. Nous avons pu discuter avec elle de sa lutte et de ses campagnes de sensibilisation auprès du grand public, mais aussi de l’importance du dialogue pour faire avancer les choses. Un exemple de résilience, de force et de courage.

 

Deborah Willis, professeure et porte-parole d’une culture afro-américaine révisée

Deborah Willis est une touche-à-tout : de la littérature à la photographie, en passant par l’enseignement, l’Américaine de 68 ans a mis ses talents au service de la culture afro-américaine. Cette artiste engagée – contre le racisme, l’exclusion et toutes les formes d’inégalités – redonne la parole aux échos lointains d’un passé toujours présent.

 

Anaïs Bourdet, graphiste et créatrice de Paye Ta Shnek

Dans le cadre du W(e)Talk Event 2016, qui s’est déroulé le 21 mai dernier à la Bellevilloise, à Paris, nous avons rencontré la créatrice du Tumblr Paye Ta Shnek. Une interview haute en couleur.

 

Patricia Willocq, la photographie au service de la tolérance

Plus qu’un art, la photographie est un précieux outil pour nous ouvrir les yeux sur des problématiques sociales actuelles. Une perception que partage la photographe belgo-congolaise Patricia Willocq. Avec son reportage Blanc Ébène, elle a réussi à sensibiliser la communauté internationale sur la difficile intégration des personnes atteintes d’albinisme en Afrique, tout en ravivant les mille et une couleurs de la tolérance.

 

Cynthia-Laure Etom, présidente et fondatrice de Women in Film France

Porter l’égalité sur tous les écrans, telle est la mission que s’est donnée Cynthia-Laure Etom, présidente de Women in Film France. Diplômée en communication-marketing et travailleuse acharnée, cette courageuse entrepreneuse et cinéphile invétérée se bagarre tous les jours pour briser le plafond de pixels, et rendre ainsi les femmes plus visibles sur tous les écrans. 

 

Penda Diouf, auteure de théâtre sans peur et sans reproche

Rencontre avec l’artiste Penda Diouf à l’occasion de son passage au festival Massilia Afropéa. Une femme de théâtre, créatrice et auteure engagée, qui n’a pas fini de faire entendre sa voix.

 

Ellen Chilemba, combattante pour les droits des femmes au Malawi

À seulement 21 ans, Ellen Chilemba a tout d’une femme de tête. Ambitieuse, déterminée et charismatique, elle a créé la fondation Tiwale, qui signifie en chichewa – sa langue maternelle – « Brillons », et dont l’objectif est d’accompagner les femmes malawites dans l’entreprenariat, via des micro-crédits, des ateliers et des formations. Un projet économique, social et solidaire qui lui permet de tenter d’endiguer les inégalités entre hommes et femmes, tout en élevant la voix de celles que l’on étouffe, tantôt par les liens du mariage, tantôt par les obligations du foyer. Mais toujours loin des bancs de l’école… 

 

Anissa Lalahoum, dépasser le langage par l’art abstrait

Anissa Lalahoum est une artiste autodidacte. Elle s’est acharnée pour apprendre à peindre par elle-même et trouver son style. Ses tableaux sont un joyeux mélange de colorations, travaillées avec des écritures arabes calligraphiées, incrustées. Deuxième Page a été à la rencontre de cette peintre atypique, qui nous parle de son parcours et de sa vision du monde.

 

Iris Brey, la révolution féministe des séries est en marche

Quelle influence ont eu des séries comme Sex and the City, Girls, Orange is the New Black, Masters of Sex ou encore Murder sur la représentation des sexualités féminines dans la culture ? C’est ce qu’Iris Brey a tenté de comprendre dans son essai Sex and the Series : Sexualités féminines, une révolution télévisuelle. Elle y retrace les conquêtes de ces œuvres de fiction, toutes bien décidées à contrer la censure et les tabous, à montrer la société telle qu’elle est, sans fard et sans complexe.